Eglise catholique La maison brûle, avertit l'Eglise zurichoise

ATS

4.4.2019 - 12:15

L'Eglise zurichoise appelle le pape François à prendre des mesures «décisives» pour lutter contre les abus sexuels.
L'Eglise zurichoise appelle le pape François à prendre des mesures «décisives» pour lutter contre les abus sexuels.
Source: KEYSTONE/AP/ALESSANDRA TARANTINO

«L'Eglise catholique est en flammes»: l'Eglise catholique zurichoise a adressé jeudi une lettre ouverte au pape François et exige des mesures «décisives» pour lutter contre les abus sexuels. La missive a notamment été publiée dans la NZZ et le Tages-Anzeiger.

Dans le canton de Zurich, de nombreuses personnes ont déjà tourné le dos à l'Eglise, s'inquiètent les auteurs de la lettre. «Elles sont déconcertées, indignées et amères», écrivent-ils. Les jeunes ne sont pas les seuls à être «horrifiés». Des personnes plus âgées, membres de longue date de l'Eglise zurichoise, le sont également.

«L'ampleur des abus sexuels, par exemple à l'encontre de mineurs et de religieuses, dépasse l'entendement», poursuit le pamphlet, en référence aux scandales récents qui ont secoué l'Eglise. «Tout comme les victimes et leurs proches, nous sommes sidérés et exigeons des mesures décisives de prévention et de lutte dans le monde entier.»

Des actes plutôt que des mots

«Vos mots clairs sont importants. Mais ils ne sont pas suffisants», est-il encore écrit à l'adresse du souverain pontife argentin. La situation de l'Eglise est jugée «dramatique», comparable à celle d'avant la réforme il y a 500 ans. «A cette époque, la direction de l'Eglise n'a pas été capable d'introduire des réformes.»

Pour surmonter de manière durable la crise actuelle, les Zurichois estiment que les abus sexuels dans l'Eglise ne doivent pas être réduits à des comportements individuels. Ils prennent racine dans les structures mêmes de l'Eglise. «L'hérésie du cléricalisme», c'est-à-dire la préséance des prêtres sur le peuple, est mise en cause. Mais aussi la manière dont est traitée la sexualité.

Approche «réaliste» de la sexualité

«Pendant des siècles, l'Eglise a refoulé et diabolisé la sexualité humaine, au lieu de la cultiver. Une sexualité refoulée et immature est le terreau sur lequel les abus se développent.» La lettre appelle par conséquent à une approche «réaliste» de la sexualité.

L'Eglise zurichoise plaide également pour la séparation des pouvoirs dans l'institution religieuse et pour le partage des responsabilités. «Le pouvoir doit être limité, partagé et contrôlé.» L'instauration de processus de décision conjoints entre le clergé et les laïcs est «urgente». Des tribunaux indépendants et l'accès des femmes aux fonctions dirigeantes font aussi partie des revendications.

Scandales à répétition

Déjà minée par de nombreuses affaires d'abus dissimulés, la crédibilité de l'Eglise catholique a été sévèrement entachée en 2018 par de nouveaux scandales de grande ampleur, au Chili, aux Etats-Unis ou encore en Allemagne.

La liste s'est encore allongée au début de cette année. En mars dernier, l'Eglise colombienne a par exemple admis plus d'une centaine de cas d'abus sexuels commis par des prêtres dans le pays.

Lors d'un sommet inédit de quatre jours consacré à ce sujet en février au Vatican, le pape a déclaré qu'aucun abus ne devait jamais plus être couvert. Le manque de résultats concrets a toutefois été décrié.

Le souverain pontife a aussi été critiqué pour avoir récemment refusé la démission du cardinal français Philippe Barbarin, condamné le 7 mars à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les abus sexuels d'un prêtre de son diocèse.

Directives renforcées en Suisse

En Suisse, la Conférences des évêques suisses (CES) a introduit le 1er mars de nouvelles directives pour lutter contre les abus sexuels. Tout soupçon devra être obligatoirement dénoncé et un extrait spécial du casier judiciaire sera demandé lors d'engagements ecclésiaux.

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