«Hikikomoris» La solitude, un véritable fléau en Corée du Sud

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28.10.2024 - 12:46

(ETX Daily Up) – Des millions de Coréens se plaignent de ne pas avoir autant d’interactions sociales qu’ils le souhaiteraient. Une situation désastreuse pour leur santé mentale, mais aussi physique. Pour enrayer ce phénomène, la municipalité de Séoul voit les choses en grand.

Beaucoup de Séouliens se sentent seuls, au grand dam des autorités locales.
Beaucoup de Séouliens se sentent seuls, au grand dam des autorités locales.
mapo / Getty Images

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Le gouvernement métropolitain de Séoul a annoncé son intention de mobiliser un budget de 451,3 milliards de wons, soit environ 300 millions d’euros, sur les cinq prochaines années pour aider ses habitants à se sentir moins seuls, d’après le Korea Herald. Car, dans la capitale coréenne, beaucoup se sentent seuls tout le temps, ou presque. Les jeunes semblent particulièrement touchés par ce phénomène: ils seraient 130.000 à vivre reclus chez eux, au détriment de leur vie sociale, d’après le Korea JoongAng Daily. Ce qui fait d’eux des «hikikomoris». Ces jeunes ressentent fréquemment des sentiments de tristesse, voire de désespoir, ce qui inquiète les autorités locales.

Pour cause, la solitude augmente sensiblement le risque de mort prématurée. L’Organisation mondiale de la santé estime que passer trop de temps tout seul serait aussi néfaste que fumer 15 cigarettes par jour. «La solitude et l'isolement ne sont pas seulement des défis individuels, mais des problèmes de société auxquels nous devons tous nous attaquer», a déclaré Oh Se-hoon, le maire de Séoul, lors d’une récente conférence de presse.

À cette occasion, Oh Se-hoon a présenté un plan d’action que ses conseillers et lui ont baptisé «Séoul sans solitude». Il s’articule notamment autour de «Smart 24», une plateforme qui propose de l’aide et des conseils aux habitants de Séoul en situation d’isolement social. À partir d’avril 2025, ces derniers pourront appeler une ligne d’écoute gratuite et confidentielle, ouverte 24 heures sur 24, s’ils en ressentent le besoin, ou faire des séances de téléconsultation avec des personnes ayant réussi à vaincre leur solitude.

Un mal-être qui contribue au déclin démographique

Le gouvernement métropolitain de Séoul veut également favoriser les rencontres en créant des centres communautaires où les personnes se sentant seules pourront se restaurer et s’entretenir avec des conseillers. Quatre établissements de ce type devraient ouvrir leurs portes en 2025, selon le Korea Herald. Pour encourager les Séouliens à être plus sociables, la municipalité prévoit de créer un système de récompenses pour celles et ceux qui s’impliquent dans des événements tels que les festivals. Avec, à la clé, des tickets gratuits pour des attractions touristiques comme le Skyway ou le parc botanique de Séoul.

Nos sociétés produisant de la solitude, la capitale coréenne s’efforcera de repérer les personnes à risque. Elle envisage de s’appuyer sur les données des plateformes de livraison de repas à domicile pour mesurer le degré d’isolement de leurs clients. Des réductions pour manger au restaurant pourront être offertes aux Séouliens qui se font livrer la plupart de leurs repas pour les encourager à sortir de chez eux, d’après le quotidien coréen.

Toutes ces initiatives attestent d’ô combien le gouvernement métropolitain de Séoul s’alarme du mal-être de ses concitoyens. Car, en parallèle de cette épidémie de solitude, beaucoup de Sud-Coréens abandonnent l’idée de fonder une famille. On dit qu’ils appartiennent à la génération dite «sampo», celle qui font une croix sur les relations amoureuses, le mariage et la parentalité à cause des pressions sociales et des difficultés économiques. Or, dans un pays où l’on compte moins d’un enfant par femme, ces renoncements font craindre le pire. Si la tendance actuelle se poursuit, la population sud-coréenne sera divisée par deux d’ici la fin du siècle. D’où l’importance de rompre l’isolement des Séouliens.