Procès Dunand Lausanne: le tribunal condamne le «corbeau»

ll, ats

28.10.2021 - 11:58

Le Tribunal de police de Lausanne a condamné jeudi Fabien Dunand à des jours-amende fermes. Il l'a reconnu coupable de menaces alarmant la population et de calomnie, à l'égard notamment de l'ancienne conseillère d'Etat Jacqueline de Quattro.

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L'ancien journaliste Fabien Dunand arrive au verdict dans son proces pour calomnie ce jeudi 28 octobre 2021 au Tribunal de Montbenon a Lausanne. (KEYSTONE/Laurent Gillieron)
L'ancien journaliste Fabien Dunand arrive au verdict dans son proces pour calomnie ce jeudi 28 octobre 2021 au Tribunal de Montbenon a Lausanne. (KEYSTONE/Laurent Gillieron)
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L'ancien rédacteur en chef de 24 heures, reconverti dans la communication, écope de 150 jours-amende à 60 francs. Soit la peine requise par le procureur général, mais sans le sursis. Il est sanctionné pour avoir accusé le groupe de construction Orllati d'avoir pollué la nappe phréatique à Bioley-Orjulaz (VD) et pour avoir prétendu que les autorités cantonales avaient fermé les yeux.

Sanction aggravée

En supprimant le sursis, le tribunal a aggravé la sanction infligée par voie d'ordonnance et contre laquelle le prévenu avait fait opposition. «Ce n'est pas le jugement que j'étais en droit d'attendre. C'est à désespérer de la justice, en tout cas de cette justice-là», a réagi Fabien Dunand, qui n'a pas encore décidé s'il fera recours.

Pour la Cour, les conditions à l'octroi du sursis n'étaient pas réunies. Fabien Dunand est resté «irréductible à toute compréhension du caractère illicite de ses actes», y compris à l'audience. Il a fait preuve d'un «comportement répété, revendiqué, assumé», a estimé le président du tribunal, Pierre Bruttin.

Le magistrat reproche en substance à l'ancien journaliste d'avoir basé ses accusations sur des analyses partielles, effectuées dans un puits éloigné des habitations et sans faire de vérification. Fin 2016 et début 2017, Fabien Dunand a envoyé des courriers anonymes aux médias et à des élus avec «un ton véhément et catégorique», propre à alarmer la population.

Volonté de nuire

En tant qu'ancien journaliste d'investigation, il était pourtant «parfaitement à même d'agir différemment», a relevé Pierre Bruttin. «Il a agi par volonté de nuire uniquement».

La calomnie est également retenue. Critiquer le comportement d'une personnalité politique est une chose. Dire qu'elle passe son temps à mentir en est une autre, a ajouté le président, en référence aux «accusations répétées» contre le groupe Orllati et Jacqueline de Quattro, qu'il a voulu faire passer pour «une politicienne véreuse».

Son comportement est «déplorable, indigne de la part d'un ancien journaliste de haut niveau, un homme intelligent», a ajouté le président, en précisant toutefois que les faits les plus anciens étaient prescrits.

Harcèlement et insulte

Lundi, en ouverture d'audience, l'ancienne conseillère d'Etat, qui était à l'époque à la tête de la Direction générale de l'environnement, avait expliqué qu'elle s'était sentie harcelée, insultée. Elle demandait que le prévenu cesse de lui «empoisonner l'existence».



Mme de Quattro n'a pas assisté à la lecture du jugement. Son avocat, Me François Roux, a expliqué qu'elle était «satisfaite du résultat, après ce qu'elle a enduré durant quatre ans et demi».

Journée noire

Fabien Dunand, pour sa part, soutient qu'il a agi comme un lanceur d'alerte. «C'est une journée noire pour la justice vaudoise qui donne un message inquiétant adressé à nos responsables politiques dont on attend des exigences de transparence», a relevé son avocat, Me Elie Elkaim, qui avait plaidé l'acquittement. Un recours est possible dans les dix jours.

Fabien Dunand est aussi condamné à supporter les frais de la cause. Il devra s'acquitter de plus de 15'000 de frais d'honoraires à Mme de Quattro et de plus de 12'000 francs pour le groupe Orllati.