Environnement Le Brésil veut «freiner la déforestation»

ATS

5.8.2020 - 19:48

Les incendies ont plus que triplé en juillet au Pantanal, plus grande zone humide de la planète et sanctuaire de biodiversité (image d'illustration).
Les incendies ont plus que triplé en juillet au Pantanal, plus grande zone humide de la planète et sanctuaire de biodiversité (image d'illustration).
Source: KEYSTONE/EPA/HANDOUT

Le Brésil va s'efforcer de «freiner le rythme de la déforestation» au second semestre, a déclaré le ministre de l'Environnement Ricardo Salles. Actuellement, l'Amazonie et le Pantanal connaissent un nombre record d'incendies.

«La première étape, dès cette année, c'est de mettre fin à l'augmentation de la déforestation au second semestre. Et à partir de l'an prochain, réduire la déforestation, faire baisser les chiffres», a déclaré M. Salles dans un entretien avec l'AFP.

«L'engagement du Brésil (lors de l'Accord de Paris sur le climat, en 2015) est de réduire à zéro la déforestation illégale d'ici 2030. On n'atteint pas cet objectif du jour au lendemain, il faut un projet consistant», a-t-il ajouté.

Déforestation record

Les données satellitaires de l'Institut national de recherches spatiales (INPE) montrent une déforestation record en Amazonie lors du premier semestre, 25% supérieure à celle des six premiers mois de 2019.

Conséquence directe de la déforestation, des agriculteurs brûlant les terres déboisées pour y faire paître des troupeaux, les incendies dans la forêt amazonienne ont augmenté de 28% en juillet par rapport à la même période de l'année dernière.

Plus au sud, au Pantanal, plus grande zone humide de la planète et sanctuaire de biodiversité, la situation est encore plus critique, les incendies ayant plus que triplé en juillet.

Critiques

En 2019, le gouvernement du président Jair Bolsonaro avait déjà été très critiqué par la communauté internationale en raison de la recrudescence de feux de forêt. Comme M. Bolsonaro, Ricardo Salles, avocat de formation de 45 ans, s'était montré défiant face aux critiques.

En avril, lors d'une réunion ministérielle, il a proposé de profiter de «l'opportunité du fait que la presse soit focalisée sur le coronavirus» pour «passer des réformes et assouplir les règles» liées à la protection de l'Amazonie.

Mais le gouvernement a changé de ton récemment, notamment après que des fonds d'investissements internationaux pesant 4000 milliards de dollars ont menacé de couper les ponts si le pays ne parvenait pas à réduire la déforestation.

«Adopte un parc»

Ces dernières semaines, M. Salles a été éclipsé par le vice-président Hamilton Mourao, qui a pris la tête du Conseil de l'Amazonie, chargé de coordonner les opérations de préservation, notamment avec le déploiement de militaires.

M. Mourao a lancé récemment un appel aux investissements dans des programmes comme «Floresta Mais» («Plus de forêt») ou «Adote um Parque» («Adopte un parc»). Ce dernier propose à des investisseurs privés de financer les opérations de préservation de 100 parcs nationaux, dont la surface totale représente 15% de l'Amazonie brésilienne.

«Voici la réponse du gouvernement brésilien: nous avons mis en place des instruments pour que vous, les fonds d'investissements, puissiez nous aider à préserver l'Amazonie», a expliqué M. Salles.

Le ministre a réitéré ses critiques envers les pays riches réticents vis-à-vis des crédits carbone – qui pourraient constituer un marché juteux pour le Brésil – malgré les engagements pris lors de l'Accord de Paris.

«C'est incohérent de dire 'préservez la forêt, mais nous ne voulons pas vous donner d'argent parce que nous ne voulons pas acheter de crédit carbone brésilien'«, a-t-il affirmé.

Sous-effectifs

M. Salles a assuré par ailleurs que le gouvernement avait «fortement renforcé sa vigilance» contre la déforestation illégale. Il a rejeté les accusations des écologistes qui lui reprochent d'avoir «démantelé le système de protection environnementale».

Il reconnaît toutefois que les organismes publics de protection comme l'Ibama et l'ICBbio travaillent en sous-effectif. Mais selon lui, ce problème date «d'une dizaine d'années»: dès le début du gouvernement Bolsonaro, en janvier 2019, ils fonctionnaient déjà avec «50% du personnel» prévu, en raison de départs non remplacés.

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