Justice Les militants pro-climat blanchis à Renens

ATS

13.1.2020 - 18:53

Les activistes climatiques ont remporté une victoire retentissante devant la justice vaudoise. Les douze militants jugés à Renens pour une action dans les locaux de Credit Suisse ont été acquittés lundi.

Le président du tribunal et juge unique Philippe Colelough a retenu «l'état de nécessité licite» dans lequel ont agi les militants. Au vu d'une urgence climatique «indéniable», il a estimé que les jeunes activistes avaient mené une opération «nécessaire et proportionnée.»

Selon lui, cette action – une partie de tennis sauvage chez Credit Suisse à Lausanne en novembre 2018 pour dénoncer les investissements de la banque dans les énergies fossiles – était justifiée. Elle était «le seul moyen efficace pour faire réagir la banque» et «la seule façon d'obtenir le retentissement nécessaire» auprès du public et des médias, a expliqué le président.

«Le temps politique est lent et n'est plus compatible avec l'urgence climatique», a-t-il encore affirmé. La lecture de son jugement a été accueillie par une explosion de joie dans la salle d'audience cantonale de Renens, où une centaine de personnes s'était massée.

«Ce jugement montre que notre action a un sens. Il doit être entendu dans le monde entier», a commenté l'une des activistes acquittées à la sortie du tribunal.

«C'est un signal très fort donné à cette génération. Leur avenir prévaut aux intérêts financiers d'une banque», a ajouté Irène Wettstein, l'une des avocates des militants.

Credit Suisse «prend acte»

Inattendu, le verdict a suscité beaucoup d'émotion chez les militants, leurs avocats et les personnes venues les soutenir à Renens. Certains ont même fondu en larmes. «On n'osait pas en rêver», a reconnu Raphaël Mahaim, un autre membre du collectif de treize avocats à s'être engagé bénévolement auprès des activistes.

Face au réchauffement climatique, «le mode d'action doit changer. On ne peut plus être passif et se contenter de regarder», a poursuivi Me Mahaim, également député chez les Verts au Grand Conseil vaudois.

Interrogé par Keystone-ATS, un porte-parole de Credit Suisse a déclaré que la banque «prenait note du verdict et analysera la décision.» Charles Munoz, lui aussi avocat des activistes, a toutefois relevé qu'il «voyait mal» la banque faire appel.

Une première

Les douze membres de Lausanne Action Climat avaient été condamnés le printemps dernier, par ordonnance pénale, à une peine de 30 jours-amende à 30 francs avec sursis pendant deux ans et à des amendes allant de 400 à 600 francs. C'est en faisant opposition qu'ils avaient ouvert la voie à un procès.

La décision rendue lundi par la justice vaudoise fera date. Il s'agissait en effet du premier procès d'ampleur en Suisse depuis le début de la mobilisation pour le climat. Plusieurs autres procès doivent se dérouler ces prochains mois pour de telles actions de désobéissance civile.

En conclusion à la lecture de son jugement, le président a tenu à mettre en garde contre «les perspectives pas souhaitables» qui pourraient découler de son verdict. Il a souligné que l'état de nécessité licite ne pouvait pas s'appliquer à toutes les situations. Il a aussi rappelé que les militants jugés à Renens n'avaient pas fait preuve de violence, ni dégradé le moindre matériel lors de leur action au Credit Suisse.

Echo international

A noter finalement que le procès de Renens a eu un écho international suite à l'opération menée en parallèle par les militants sur les réseaux sociaux. Ils y ont interpellé Roger Federer – l'ambassadeur de Credit Suisse -, qui leur a répondu samedi en disant son «respect» et son «admiration» pour la mobilisation des jeunes pour le climat.

Une autre campagne a fait le buzz lundi sur Twitter, demandant à nouveau à l'icône du tennis mondial d'agir concrètement auprès de Credit Suisse. Une pétition en ligne a aussi été diffusée avec, là aussi, le titre «Roger wake up now» (Roger réveille-toi maintenant).

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