Maintenance et entretien Les vélos électriques demandent-ils plus de soin?

Peter Löschinger, dpa/uri

21.11.2019

Les vélos dotés d’un moteur électrique sont en plein boom. Néanmoins, les vélos électriques ne se démarquent pas uniquement en matière d’entretien. Des règles différentes s’appliquent également aux coûts de maintenance et aux pièces de rechange par rapport aux bicyclettes classiques.

Vous avez un vélo? Vous n’avez plus roulé depuis longtemps? Peu importe. En quelques gestes et avec quelques pièces de rechange, le vieux vélo au fond de la cave peut à coup sûr être remis sur roues. Pour les vélos électriques, les choses peuvent être complètement différentes au bout de quelques années.

Que se passe-t-il si la batterie est HS et n’est plus disponible? Et quel soin demandent les vélos équipés d’un moteur électrique, dont les ventes sont en augmentation depuis plusieurs années?



Un mauvais entretien se paie plus vite

L’entretien et les réparations de base sont les mêmes que pour un vélo normal. «Lubrifier la chaîne aussi souvent que possible, faire attention aux freins ou encore à la pression de gonflage», explique David Kossmann du pressedienst-fahrrad (pd-f), une société allemande. Il conseille cependant de faire preuve d’un peu plus d’attention. Par exemple, en raison de la force motrice plus élevée, des pièces telles que les chaînes ou les pignons peuvent s’user plus rapidement en cas de négligence.

Un mauvais entretien se paie donc plus tôt avec un vélo électrique. Selon le modèle, la catégorie ou le moteur, il est plus lourd qu’un vélo conventionnel. «En moyenne, on peut s’attendre à huit à douze kilos supplémentaires», explique David Kossmann. Cela se remarque particulièrement à travers les pneus, qui s’usent un peu plus rapidement, ceci étant également dû au fait qu’ils doivent supporter plus souvent une vitesse plus élevée.

La pression de gonflage doit être correcte

Une pression de gonflage correcte et un contrôle méticuleux de cette dernière sont donc d’autant plus importants. De nombreux pneus conçus pour des charges plus élevées sont montés en usine en tant qu’équipements d’origine sur les roues. Ces pneus sont souvent désignés dans le commerce comme étant «adaptés aux vélos électriques» ou «E-Bike ready». Pour effectuer un remplacement, il convient d’y prêter attention.

Pour l’entretien, Tamara Winograd, du fabricant de composants pour vélos électriques Bosch, préconise de retirer le gros des saletés entre le plateau et le roulement. «Dans l’idéal, il convient de nettoyer son vélo électrique après chaque virée, afin que la saleté ne s’incruste pas. De ce fait, aussi souvent que possible et nécessaire.» Le nettoyeur haute pression est ici à proscrire.

En général, il est recommandé aux cyclistes d’emmener leur vélo en atelier une fois par an pour le faire contrôler. Cette règle s’applique également aux vélos électriques, mais représente un minimum. Par exemple, David Kossmann conseille aux pendulaires qui utilisent leur vélo toute l’année de le faire contrôler deux fois – au printemps et à l’automne.

Des capteurs sensibles

Vous voulez rouler, mais le moteur ne vous assiste plus – que faire? Dans la plupart des cas, ce n’est pas le moteur en soi qui est cassé. «[Les moteurs] sont plutôt robustes et conçus pour une longue durée de fonctionnement», explique David Kossmann. Parfois, l’écran affiche un code d’erreur.

Très souvent, il y a juste un élément déréglé ou tordu, tel qu’un capteur sur la roue arrière qui mesure la vitesse. Par conséquent, il est possible tout d’abord de se mettre soi-même à la recherche du problème et de consulter Internet si un code d’erreur inconnu vient à apparaître.

Des moteurs qui demandent peu d’entretien

«En principe, les moteurs électriques demandent relativement peu d’entretien et résistent à l’usure», indique David Eisenberger, de ZIV (Zweirad-Industrie-Verband). Les problèmes simples les plus courants peuvent généralement être résolus par les revendeurs spécialisés, qui sont également formés sur les systèmes correspondants.

Pour les défauts majeurs, le moteur doit être retourné. Par exemple, le fabricant Bosch indique qu’il remplace l’unité concernée dans le cadre de la garantie – sauf si le défaut est dû à une utilisation appropriée.

Ne pas toucher à l’unité de propulsion

En revanche, David Eisenberger présume que l’acquisition d’un moteur de rechange en dehors des cas couverts par la garantie n’a pas de sens économiquement parlant pour les modèles bon marché. «Selon le modèle, cela peut coûter entre 800 et 1000 euros (entre 880 et 1100 francs), installation comprise.»

Les experts déconseillent d’effectuer des réparations soi-même. «L’unité de propulsion et les autres composants ne doivent en aucun cas être ouverts, prévient Tamara Winograd, de Bosch. En cas d’ouverture des composants, les garanties expirent.»

Les vieux moteurs à moyeu peuvent surchauffer

Sur les vélos électriques plus anciens et pour les moteurs à moyeu en particulier, le système peut parfois surchauffer – en particulier lors d’une montée prolongée, si l’on pédale peu tout en laissant le moteur faire tout le travail.

«Parfois, la dissipation de la chaleur ne suffit pas et le moteur s’arrête», explique David Kossmann, qui n’exclut pas complètement ce problème pour les vélos électriques modernes, en particulier les vélos de transport lourds. Par conséquent, il est nécessaire de toujours respecter le poids total autorisé.

La durée de vie d’un moteur ne peut pas être définie de manière générale; cela dépend toujours de la réalité de chaque utilisation. «Les vélos électriques ne sont un sujet important que depuis cinq ou sept ans; les conclusions à ce sujet sont relatives et étroites», indique David Kossmann.

La batterie doit être rechargée de préférence à température ambiante

La batterie nécessite également l’attention de l’utilisateur. «Les batteries supportent généralement assez bien les températures locales en été», précise David Kossmann. En hiver, la donne change: «Il ne faut jamais recharger la batterie à des températures négatives, c’est la pire chose que l’on puisse faire à une batterie», prévient-il.

Idéalement, il ne faut recharger la batterie que lorsqu’elle a atteint la température ambiante – tout en respectant les instructions du fabricant. Avant toute chose, pour recharger une batterie – qui contient presque toujours du lithium hautement réactif et inflammable – sans surveillance, il convient de vérifier qu’aucun élément facilement inflammable, comme des vêtements ou des déchets de papier, ne se trouve à proximité.

Au fil du temps, la batterie perd de son rendement

La batterie est une pièce d’usure: il convient de le savoir avant l’achat et de s’y adapter. «La plupart des fabricants garantissent leurs batteries pour une durée de 500 à 1000 cycles de recharge», déclare David Kossmann. Ce que cela signifie en pratique dépend entre autres de l’utilisation de chaque batterie.

Par exemple, si la batterie doit être rechargée tous les quatre jours, la durée de vie sera théoriquement de 4000 jours, soit plus de dix ans, calcule David Eisenberger. «Mais même au bout de cette période, la batterie n’est pas complètement à plat, mais généralement, elle est encore à 70% de sa capacité. Elle conviendra parfaitement en tant que batterie de rechange.»

Une batterie de rechange coûte une certaine somme

Ceux qui avalent les kilomètres, tels que les pendulaires, doivent brancher plus souvent leur vélo électrique. De ce fait, la batterie conserve ses performances optimales moins longtemps. D’après les experts, le coût d’une batterie de rechange du fabricant d’origine est compris entre 300 et 900 francs environ, selon le modèle. David Kossmann déconseille les batteries d’autres fabricants et mentionne le risque d’incendie pouvant découler d’une batterie défectueuse ou «mal assemblée».

La possible remise en état de batteries est vue d’un mauvais œil voire explicitement déconseillée par les experts. L’unité motrice, la batterie, les éléments et le système de gestion de la batterie sont des systèmes fermés qui sont coordonnés, explique par exemple David Eisenberger. «Une intervention externe peut se révéler dangereuse dans les cas extrêmes.»

La durée de vie dépend du réapprovisionnement en pièces de rechange

«Les coûts de maintenance d’un vélo électrique sont assurément plus élevés que ceux d’un vélo conventionnel, précise David Eisenberger. La question des pièces de rechange en pour la batterie et le moteur doit se poser dès l’achat.»

Pour jouer la carte de la sécurité, David Kossmann conseille d’acquérir un vélo électrique équipé d’un moteur d’un grand fabricant tel que Bosch, Brose, Panasonic ou Yamaha. «Avec un vélo électrique sur Internet acheté 1000 euros (environ 1100 francs) et doté d’un moteur chinois, je ne sais pas si j’aurai des pièces de rechange ou une batterie appropriée dans quatre voire dix ans.»

Des systèmes incompatibles

Bosch veille en principe à disposer de pièces de rechange pendant au moins six ans à compter de la dernière livraison des composants d’un système à un fabricant de vélos électriques. «Pour le client, le délai ne commence pas à l’achat du vélo électrique, mais il peut compter beaucoup plus longtemps sur un bon stock de pièces de rechange», assure Tamara Winograd, porte-parole de la société.

Cependant, presque chaque fabricant dispose de son propre système de recharge de batterie – et ils ne sont pas compatibles les uns avec les autres, affirme David Kossmann. Parfois, ils peuvent même être différents pour un même fabricant, en fonction de la génération, ce qui montre à quel point cela peut être problématique si un fabricant ne propose plus de pièces de rechange.

Un vélo électrique peut-il être converti en vélo conventionnel?

Peut-il être retransformé en vélo conventionnel en dernier recours, si des pièces cruciales sont devenues introuvables? «Ce n’est plus possible avec un moteur central. Cet élément central, avec la manivelle, est pratiquement le moteur lui-même. Le cadre a été conçu autour de cela», explique David Kossmann.

Pour les modèles équipés d’un moteur à moyeu à la roue avant ou arrière, ce n’est en principe pas un problème, poursuit-il. Il faut alors remplacer la roue correspondante équipée du module de propulsion par une roue normale et retirer les pièces associées telles que les commutateurs, les écrans, les capteurs ou le faisceau de câbles. Mais il est alors temps de reprendre complètement le contrôle des pédales – mais ça, vous le savez déjà avec la vieille bécane au fond de la cave.

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