Littérature «Lire, c'est aussi un acte de résistance»

ATS

31.3.2019 - 03:28

L'écrivain et journaliste italien Roberto Saviano poursuit dans un deuxième roman «Baiser féroce» son immersion dans l'univers glaçant des «baby-gangs» napolitains, des enfants et ados qui ont tenu le trafic de drogue et brassé des millions il y a quelques années (archives).
L'écrivain et journaliste italien Roberto Saviano poursuit dans un deuxième roman «Baiser féroce» son immersion dans l'univers glaçant des «baby-gangs» napolitains, des enfants et ados qui ont tenu le trafic de drogue et brassé des millions il y a quelques années (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/ADAM BERRY

«Résister, continuer»: c'est le credo de l'écrivain italien anti-mafia Roberto Saviano qui doit vivre sous protection policière depuis son livre «Gomorra». Et «lire, c'est aussi un acte de résistance»! Il s'exprimait au festival Quais du polar à Lyon.

«Le simple fait d'être ici, c'est un acte de résistance», a-t-il ajouté face au public du festival qui l'a applaudi samedi avec ferveur, debout, dans un théâtre plein à craquer à Lyon (centre-est de la France) pour ce rendez-vous incontournable de la planète polar.

«Il faut résister, continuer !«, a insisté Roberto Saviano, dont le deuxième roman, «Baiser féroce», paraîtra le 4 avril chez l'éditeur Gallimard. Il s'agit de la suite de son succès «Piranhas», dont l'adaptation par Claudio Giovannesi a reçu le prix du meilleur scénario en février à la Berlinale. Saviano en était co-scénariste.

L'écrivain et journaliste poursuit dans «Baiser féroce» son immersion dans l'univers glaçant des «baby-gangs» napolitains, des enfants et ados qui ont tenu le trafic de drogue et brassé des millions il y a quelques années.

«Une cible»

«Une première dans l'histoire criminelle mondiale», assure-t-il. «Un phénomène incroyable mais vrai. J'ai recueilli les preuves, les noms donnés par la police», précise Saviano, dont les propos en italien étaient traduits par une interprète.

Décontracté, en jean, veste et chemise gris clair, il raconte avec de grands gestes: «Je n'ai décrit qu'une partie de leurs crimes. Et ça les a vexés». «'Nous, on tuait tous les jours et tu n'en racontes que la moitié !'«, lui ont reproché les «bébés gangsters» rencontrés en prison. «Tuer, tout rafler et mourir jeune, c'était ça leur horizon», relève-t-il.

Saviano est aussi devenu la bête noire du pouvoir italien actuel.

«Dès la sortie de 'Gomorra', j'ai reçu des insultes, des menaces. On me disait 'tu donnes une mauvaise image de Naples, de l'Italie, tu pervertis la jeunesse'. Mais dans l'Italie de Matteo Salvini, «on me traite de plus en plus de traître à la patrie. Cela fait de moi une cible».

«Ministre de la mauvaise foi»

Le ministre italien de l'Intérieur a menacé de lui retirer la protection policière dont il bénéficie depuis 2006 et les menaces de mort d'un clan de la Camorra, la mafia napolitaine, après la sortie de «Gomorra».

Celui qui est aussi le patron de la Ligue (extrême droite) poursuit par ailleurs Saviano en diffamation pour l'avoir appelé «ministre de la mauvaise vie» («ministre de la Mala Vita») dans une tribune au journal La Repubblica.

Le 15e festival Quais du polar, qui se tient jusqu'à dimanche à Lyon, accueille 140 auteurs parmi lesquels des monstres sacrés tels Michael Connelly, Elizabeth George ou Arturo Pérez-Reverte et, côté français, Michel Bussi ou Maxime Chattam.

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