Neuf manifestants ont été tués et des centaines blessés en 24 heures en Irak. Des milliers de personnes réclamant services et emplois ont défilé de nouveau mercredi face à des forces antiémeutes qui tirent à balles réelles malgré des appels au calme.
Le gouvernement d'Adel Abdel Mahdi mis en place il y a quasiment un an semble avoir fait le choix de la fermeté face à son premier test populaire, sans toutefois que cela ne décourage les manifestants qui affluent toujours en soirée vers les points de ralliement à Bagdad et dans plusieurs villes du Sud.
Huit manifestants et un officier ont été tués par balles mardi et mercredi à Bagdad et dans la ville de Nassiriya (sud), selon des responsables qui n'ont pas précisé l'origine des tirs. En divers quartiers de la capitale, des manifestants ont brûlé des pneus, coupant des axes routiers importants, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les manifestants cherchent à converger vers l'emblématique place Tahrir dans le centre de Bagdad, point de rendez-vous traditionnel des manifestants, séparé de l'ultrasensible Zone verte par le pont al-Joumhouriya bouclé par les forces de l'ordre.
Rouverte à la circulation en juin après des années d'interdiction, la Zone verte, où siègent les plus hautes institutions irakiennes et l'ambassade américaine, a été de nouveau fermée mercredi soir pour éviter un déferlement de protestataires dans le secteur. En 2016, des manifestants avaient forcé l'entrée de la Zone verte à l'appel de l'influent leader chiite Moqtada Sadr. Ce dernier a appelé ses partisans à des «sit-in pacifiques» et à une «grève générale» jeudi, faisant craindre une explosion du nombre de manifestants.
Revendications variées
Mercredi, les forces antiémeutes ont tiré de nouveau à balles réelles à Bagdad, ainsi qu'à Najaf et à Nassiriya, pour disperser les milliers de manifestants aux revendications variées: de la lutte contre la corruption à celle contre le chômage en passant par la récente mise à l'écart d'un général populaire. Elles ont également molesté des journalistes et arrêté un reporter à Bagdad, selon des correspondants sur place.
Selon des sources médicales, une soixantaine de personnes, en majorité des manifestants, ont été blessées à Bagdad, dont une dizaine par balles. En 24 heures, environ 300 blessés ont été officiellement recensés.
Les manifestations contre le pouvoir ne sont pas rares en Irak mais depuis l'arrivée du gouvernement d'Abdel Mahdi le 25 octobre 2018, aucune d'apparence spontanée n'avait connu une telle ampleur.
Le Premier ministre irakien a réuni mercredi le Conseil national de la sécurité, un conseil des ministres restreint activé en temps de crise. Et craignant une escalade, des appels à la retenue se sont multipliés. L'ONU a aussi exhorté «à la retenue».
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