ArgovieIls assassinent leur fille handicapée de 3 ans pour «l'aider»
hael, ats
9.9.2024 - 19:26
Des parents accusés d'avoir tué leur fillette gravement handicapée âgée de trois ans comparaissent depuis lundi matin devant le tribunal de district de Bremgarten (AG). Le Ministère public requiert 18 ans de prison pour assassinat contre le père et la mère. Le jugement devrait être prononcé vendredi.
09.09.2024, 19:26
09.09.2024, 20:17
ATS
Selon l'acte d'accusation, les parents ont assassiné leur fillette en mai 2020 à Hägglingen (AG). La grand-mère est également jugée pour complicité d'assassinat. Le Ministère public requiert contre elle cinq ans de prison. Il demande aussi l'expulsion pendant 15 ans des trois prévenus, de nationalité allemande.
Selon la procureure, les parents étaient totalement dépassés par la situation. Ils auraient toutefois refusé catégoriquement des offres d'aide, sauf de la part de la grand-mère, âgée de 52 ans.
Tentative en 2019
Selon l'acte d'accusation, les parents auraient déjà tenté de tuer leur fille avec une surdose de somnifère en octobre 2019. Selon un rapport médical, la fillette souffrait d'une grave atteinte au cerveau et avait besoin de soins 24 heures sur 24.
Les faits jugés par le tribunal de district de Bremgarten remontent au 7 mai 2020. A 07h20, la centrale d'appel d'urgence a reçu un message d'une personne signalant que sa fille de trois ans était inanimée dans son lit. Arrivés sur place, les secours n'ont pu que constater le décès de la fillette.
Présence d'ecstasy dans le sang
Le Ministère public a ordonné une autopsie. Selon l'acte d'accusation, les médecins légistes ont constaté la présence d'ecstasy dans le sang de la fillette. La cause du décès serait un «manque d'oxygène provoqué».
Pour la procureure, le père âgé de 34 ans et la mère âgée de 32 ans ont tué leur fille en lui administrant une forte dose d'ecstasy le soir du 6 mai 2020. Alors que la fillette était encore en vie, la mère l'aurait prise sur ses genoux et le père lui aurait mis la main sur le nez et la bouche pour bloquer les voies respiratoires jusqu'à ce qu'elle soit morte.
«Je n'ai pas tué ma fille, je l'ai aidée», a déclaré la mère lors de l'audience lundi matin. Elle ne voulait pas se débarrasser de sa fille, a-t-elle affirmé. Si cela avait été le cas, elle aurait pu «simplement la confier à une institution», a-t-elle expliqué.
Heureuse avec son enfant
La mère a déclaré qu'elle était heureuse avec son enfant et qu'elle l'aimait. Les trois années passées avec la fillette ont été belles. Elle dit aussi avoir remarqué à quel point son enfant souffrait. La fillette avait de plus en plus souvent des crampes et elle avait mal constamment. Elle pouvait à peine avaler et ne pouvait pas dormir. La prévenue a affirmé qu'elle ne se sentait pas dépassée par la situation.
Quelques mois avant le meurtre, une sonde gastrique aurait dû être posée sur l'enfant, ce qui aurait amélioré son alimentation et son état de santé, selon les médecins. Mais la mère a annulé le rendez-vous.
Le fait de vouloir aider la fillette en la tuant était considéré pour la mère et le père comme une solution, même si cela les rendait tristes. «Nous voulions lui épargner la souffrance», a déclaré la mère. La fillette ne devait «rien ressentir, mais simplement s'endormir».
«Je le referais»
La prévenue savait que leur acte serait poursuivi pénalement. C'est «normal d'être ici aujourd'hui», a-t-elle déclaré dans la salle du tribunal. Si c'était à refaire, «je le referais», a-t-elle ajouté.
Durant l'audience de l'après-midi, le père a déclaré qu'il ne se sent «ni sans scrupules, ni meurtrier». Lui aussi a remarqué à quel point leur fille souffrait. «Cela faisait mal de la voir souffrir». Face à la souffrance de la fillette, le père et la mère voulaient que leur fille puisse s'endormir sans peur ni douleur.
«La meilleure chose pour notre fille»
Ce qui est arrivé, «c'était la meilleure chose pour notre fille et le pire pour nous», a encore déclaré le père. Lui aussi, le referait, a-t-il affirmé.
La grand-mère a reconnu lors de son interrogatoire que sa fille lui avait dit qu'elle voulait «délivrer» la fillette si son état continuait à se dégrader. Elle lui aurait également dit au printemps 2020 que le père s'était procuré de l'ecstasy. Aujourd'hui encore, elle dit ne pas savoir comment elle aurait dû réagir, mais prévenir la police lui semblait impossible, car l'enfant et les parents auraient été séparés.