CoronavirusPas de feu vert pour l'hydroxychloroquine
ATS
23.10.2020 - 16:38
Pas question d'autoriser largement l'hydroxychloroquine en France contre le Covid-19: l'Agence du médicament (ANSM) a refusé au Pr Didier Raoult une utilisation plus étendue de cette molécule, qui n'a toujours pas fait la preuve de son efficacité.
«A ce jour, les données disponibles, très hétérogènes et inégales, ne permettent pas de présager d'un bénéfice de l'hydroxychloroquine, seule ou en association, pour le traitement ou la prévention de la maladie Covid-19», indique l'ANSM dans un point d'information mis en ligne sur son site internet vendredi.
«Dans ce contexte, et au regard des données de sécurité disponibles faisant apparaître des risques majorés, notamment cardio-vasculaires, il ne peut être présumé d'un rapport bénéfice/risque favorable de l'hydroxychloroquine, quel que soit son contexte d'utilisation», ajoute l'agence.
L'hydroxychloroquine est commercialisée en France par le laboratoire Sanofi sous le nom de Plaquenil, mais pour d'autres maladies comme des rhumatismes ou certains lupus.
«Deux poids, deux mesures»
Sur Twitter, Didier Raoult a dénoncé «deux poids deux mesures». Il a accusé l'ANSM de favoriser l'antiviral remdesivir (Gilead) au détriment de l'hydroxychloroquine.
Le Veklury, marque commerciale du remdesivir, a reçu début juillet une autorisation conditionnelle de mise sur le marché européen pour les formes graves de Covid-19 et il bénéficie en France d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) de cohorte.
Les études publiées montrent qu'il pourrait réduire la durée d'hospitalisation des patients, mais qu'il a peu ou pas d'effet sur la mortalité.
«Consensus scientifique»
L'Agence nationale de la sécurité du médicament publie également une lettre de huit pages envoyée au microbiologiste marseillais, en réponse à sa demande. Elle y retrace l'historique des utilisations et des essais dans le monde de ce médicament que le Pr Raoult défend bec et ongles pour traiter le Covid-19.
«Lorsque l'on fait un point de situation des études publiées (...) depuis le rapport du Haut conseil de la santé publique (HCSP) du 23 juillet, il n'est pas identifié de données de nature à remettre en question les conclusions de ce rapport, non en faveur de l'utilisation de l'hydroxychloroquine seule ou en association avec l'azithromycine (un antibiotique, NDLR), en traitement ou en prévention», écrit le gendarme du médicament.
L'ANSM évoque aussi «les recommandations thérapeutiques internationales traduisant un consensus scientifique» allant dans le même sens.