Justice Prison à vie pour l'assassin des Verrières

ATS

17.6.2020 - 18:00

Le double homicide avait eu lieu le 5 août 2017 dans cette maison des Verrières (archives).
Le double homicide avait eu lieu le 5 août 2017 dans cette maison des Verrières (archives).
Source: KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

L'auteur du double homicide des Verrières (NE) a été condamné mercredi pour assassinat à la prison à vie par la Cour pénale neuchâteloise. Le prévenu avait écopé en mars 2019 d'une peine de 20 ans de prison en première instance devant le Tribunal criminel de Boudry.

Dans la nuit du 4 au 5 août 2017, l'accusé s'est rendu au domicile de son ex-compagne, armé d'un pistolet chargé. Il s'est caché dans l'appartement, puis s'est approché à faible distance des victimes et a tiré – sans dire un mot – dans la tête du nouvel ami de son ex-compagne, puis sur cette dernière.

Claire volonté de tuer

Le quinquagénaire s'y est pris à deux fois pour tuer son ancienne compagne. La Cour pénale a trouvé «choquant que le prévenu dise que s'il avait tiré une deuxième fois, c'était pour abréger les souffrances de son ex-compagne». Il voulait simplement l'achever.

«On est dans le cadre d'un féminicide élargi», a déclaré le juge Pierre Cornu. «Le prévenu avait une claire volonté de tuer. Il a agi avec sang-froid et pour un mobile égoïste. L'exécution a été froide et méthodique».

Selon la Cour, l'accusé n'a laissé aucune chance à ses victimes. «Il a fait preuve d'absence particulière de scrupules», a précisé le juge Pierre Cornu.

Principe d'aggravation

Le Ministère public réclamait aussi la prison à vie. «Quand il y a pluralité d'assassinats, une peine à vie devrait être rendue. Si le principe d'aggravation n'est pas appliqué, c'est comme si la deuxième vie enlevée n'avait pas compté», a expliqué Marc Rémy, contestant la hauteur de la fixation de la peine de la première instance.

Pour le procureur, la culpabilité de l'accusé «est extrêmement lourde. Il a agi par haine, par vengeance, par jalousie pour sauver son honneur». Selon lui, on peut parler de «crime de propriétaire» car il considérait que la victime lui appartenait et ne voulait pas en être dépossédé.

Défense: 14 ans de prison

La défense estimait au contraire que la qualification d'assassinat n'était pas remplie et réclamait une peine de 14 ans de prison. «Le mobile et la façon de faire du prévenu n'étaient pas odieux. Il a agi sans détermination et préméditation particulières», ont déclaré les avocats de la défense.«On lui reproche son calme mais c'est de la sidération qui est intervenue quand les effets de l'alcool se sont estompés et qu'il a commencé à réaliser ce qu'il avait fait», ont-ils ajouté.

Le quinquagénaire n'a pas agi par égoïsme pur, mais en proie à des émotions violentes, selon la défense. Quand l'accusé a compris la séparation officielle avec sa compagne, «il a craqué et sa vie s'est écroulée».

L'accusé, en pleurs, a déclaré qu'il regrettait «ce geste impardonnable. Il n'y a pas un jour auquel je n'y pense pas. Je donnerais tout pour revenir en arrière et faire changer le cours des choses».

L'audience de mercredi s'est tenue à huis clos partiel. Les journalistes présents ont dû s'engager, l'un après l'autre, à respecter une injonction demandant de ne pas dévoiler certains éléments de contexte familial. Une des parties civiles et la défense voulaient le huis clos total.

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