«Barbarie sans limite»Le double assassin de Payerne condamné à la prison à vie
gsi, ats
23.8.2021 - 17:50
Keystone-SDA, gsi, ats
23.08.2021, 17:50
23.08.2021, 20:00
ATS
Un quinquagénaire portugais a été condamné à la prison à vie lundi à Renens (VD). Il a été reconnu coupable du double assassinat de sa femme et de son fils aîné, criblés de balles dans leur appartement de Payerne en avril 2018.
«Crime atroce», «circonstances effroyables», «barbarie sans limite»: la Cour criminelle de la Broye et du Nord vaudois a jugé avec une grande sévérité ce maçon de 53 ans, qui s'était acharné sur ses victimes en leur tirant dessus à 30 reprises.
Outre la «violence inouïe» d'un tel carnage, le tribunal a estimé que le condamné avait agi «avec l'extrême froideur de l'assassin» et s'était livré à «une exécution pure et simple» de sa femme et de son fils.
Les juges, qui siégeaient pour l'occasion à Renens, ont notamment souligné que cet amateur d'armes avait visé avec méthode, rechargé son pistolet au cours de la fusillade et qu'il s'était déplacé dans l'immeuble pour rattraper et achever son fils.
Son crime était par ailleurs prémédité: avant de se rendre chez son épouse, dont il vivait séparé, il était passé à son domicile pour chercher un pistolet et deux chargeurs.
Pour les juges, cet homme a abattu son épouse pour lui faire «payer» d'avoir quitté le domicile conjugal, elle qui avait déjà enduré plusieurs années de violences physiques et orales. Il a aussi voulu se venger de son fils aîné, qui avait pris le parti de sa mère.
Dépeint comme un mari violent, jaloux et possessif, le maçon n'a, par ailleurs, exprimé «aucun remords». Quant à sa responsabilité pénale, elle a été qualifiée de «pleine et entière» par les experts psychiatriques. «Il n'y a guère d'éléments à sa décharge», a poursuivi le président du tribunal Donovan Tesaury.
Le magistrat a certes relevé que la Cour avait tenu compte de certaines «failles» chez l'accusé, «des carences intellectuelles» et un profil psychologique tourmenté après une enfance chaotique, mais que cela n'avait pas pesé au moment du jugement.
«Il a décidé en toute conscience. A plusieurs moments, il aurait pu revenir en arrière, mais il a choisi d'aller au bout», a remarqué le juge. Et d'ajouter qu'un seul des deux assassinats aurait suffi pour le condamner à la prison à vie.
Probable appel
Comprenant mal le français, le condamné s'est fait traduire le verdict en portugais. Il a marmonné une phrase inaudible lorsqu'il a compris qu'il écopait de la perpétuité, avant de se tourner dans le public où se trouvaient ses deux soeurs, qui étaient venues témoigner en sa faveur la semaine dernière.
Son avocat Patrick Michod a expliqué qu'il ferait «a priori» appel de ce jugement «extrêmement sévère.» Il a regretté que ses explications n'aient pas été retenues, notamment sur l'incapacité de son client à maîtriser la violence en lui, héritée d'une enfance très difficile.
De son côté, la procureur Elodie Pasquier a dit sa «satisfaction» d'avoir été suivie sur toute la ligne par le tribunal.
Outre l'assassinat, le crime le plus grave retenu par le Code pénal, le Portugais a été reconnu coupable de lésions corporelles simples qualifiées, de menaces qualifiées et d'infraction à la loi fédérale sur les armes. Il a également été sanctionné d'une expulsion du territoire suisse, au terme de sa peine, pour la durée maximale de 15 ans.
Pour mémoire, en Suisse, la prison à vie ne signifie pas forcément que le condamné va terminer sa vie derrière les barreaux. Une libération conditionnelle peut théoriquement être demandée après 15 ans.