France Reprise des traitements pour Vincent Lambert

ATS

20.5.2019 - 23:31

La cour d'appel de Paris, saisie par les parents du tétraplégique en état végétatif Vincent Lambert, a ordonné lundi soir la reprise des traitements visant à le maintenir en vie. Et ce jusqu'à ce qu'un comité de l'ONU se prononce sur le fond de son dossier.

La cour «ordonne à l'Etat français (...) de prendre toutes mesures aux fins de faire respecter les mesures provisoires demandées par le Comité international des droits des personnes handicapées le 3 mai 2019 tendant au maintien de l'alimentation et l'hydratation» de Vincent Lambert, selon la décision consultée par l'AFP.

Le CDPH, comité de l'ONU, avait demandé à la France de surseoir à l'arrêt des traitements dans l'attente d'un examen du dossier sur le fond. Vendredi, en première instance, le tribunal de Paris s'était déclaré incompétent pour faire appliquer cette demande. La cour d'appel a elle jugé qu'«indépendamment du caractère obligatoire ou contraignant de la mesure de suspension demandée par le Comité, l'Etat français s'est engagé à respecter ce pacte international».

Sa mère Viviane Lambert, opposée à l'arrêt des soins, a déclaré: «On était en train d'éliminer Vincent ! C'est une très grande victoire ! Ils vont le réalimenter et lui redonner à boire. Pour une fois, je suis fière de la justice».

«Sadisme pur»

Dans la manifestation parisienne qui a réuni plusieurs centaines de personnes réclamant «la vie pour Vincent», une énorme clameur a retenti lorsque l'un des avocats de ses parents, Me Jérôme Triomphe, a annoncé leur victoire à la foule. «On a gagné! Vincent doit vivre, Vincent vivra!«, a-t-il crié.

«C'est une extraordinaire victoire», a salué un autre avocat des parents, Me Jean Paillot. «Ce n'est qu'une décision provisoire mais une décision symbolique et forte.» Les traitements doivent reprendre pendant une durée de six mois. De quoi permettre au comité de l'ONU d'étudier le dossier du patient. Les deux avocats se rendront dès mardi matin à Reims pour s'assurer que les soins seront effectivement repris, a-t-il ajouté.

Le neveu de Vincent Lambert, François, favorable à l'arrêt des traitements de son oncle, a lui dénoncé la reprise de ces traitements. «Pour une fois , j'y croyais... C'est vraiment du sadisme pur de la part du système médico-judiciaire. On nous refait le coup tout le temps. Il y a une jouissance de la part de ceux qui font tous ces recours» juridiques, a-t-il réagi lundi soir.

Famille déchirée

Après des années de procédures, des médecins français ont stoppé lundi les soins qui maintenaient en vie Vincent Lambert, paraplégique en état végétatif depuis un accident de la route en 2008. Depuis, la famille se déchire tandis que partisans «pro-vie» et opposants à l'acharnement thérapeutique se sont invités dans le débat.

Rachel, la femme de Vincent Lambert, un neveu et cinq frères et soeurs dénoncent depuis des années un acharnement thérapeutique et affirment qu'il aurait préféré mourir plutôt que de vivre dans cet état. Vincent Lambert n'avait pas laissé de directives anticipées, mais sa femme est sa tutrice légale.

Très discrète depuis le début, Rachel Lambert est sortie du silence lundi. «Chacun peut avoir son opinion et ses propres convictions, mais qu'on nous laisse en paix, dans l'intimité et la dignité», a-t-elle déclaré sur la radio RTL. «Le seul combat que j'ai voulu mener, c'est celui de sa liberté individuelle», a-t-elle dit.

En revanche, les parents de Vincent Lambert, catholiques traditionalistes, se battent contre l'arrêt des soins, en multipliant les recours contre ce qu'ils ont qualifié de «folie».

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