Genève Riche famille accusée de traite d'êtres humains : procès ajourné

tb, ats

15.1.2024 - 12:11

Le procès de quatre membres de la famille Hinduja, accusée de traite d'êtres humains, a été ajourné lundi matin par le Tribunal correctionnel de Genève en raison de l'absence de deux avocats et de deux prévenus. L'audience reprendra mercredi avec les questions préjudicielles.

Deux membres de la famille Hinduja, soit la belle-fille et le fils de Prakash Hinduja (au centre avec la capuche et avec la casquette), arrivent au Palais de justice à Genève.
Deux membres de la famille Hinduja, soit la belle-fille et le fils de Prakash Hinduja (au centre avec la capuche et avec la casquette), arrivent au Palais de justice à Genève.
ATS

Keystone-SDA, tb, ats

Tous les absents ont présenté des certificats médicaux. Les prévenus recevront un mandat de comparution pour le jeudi 25 janvier, a indiqué la présidente du Tribunal correctionnel. Le procès sur le fond de l'affaire devrait donc débuter à ce moment.

Cette famille de milliardaires, à la tête d'un conglomérat industriel indien, est accusée de traite d'êtres humains et d'usure par métier. Selon le Ministère public, ils ont exploité pendant des années des employés de maison dans leur villa à Cologny (GE). Ces personnes recrutées en Inde provenaient de milieux très pauvres.

Lundi matin, les trois plaignants étaient présents, entourés de leurs avocats. Les parents Hinduja, soit Prakash Hinduja (78 ans) et son épouse (75 ans) étaient absents. Leur état de santé ne leur permet pas de voyager, selon leurs avocats qui s'appuient sur des certificats médicaux réalisés à Dubaï où se trouve le couple.

Défense obligatoire

Deux avocats de la défense, Me Romain Jordan et Me Nicolas Jeandin, manquaient aussi à l'appel pour des raisons de santé. Le premier procureur, Yves Bertossa, a dénoncé une «manoeuvre dilatoire supplémentaire». Mais pour l'avocate du fils Hinduja, Yaël Hayat, «les médecins ont parlé, il y a juste à s'incliner». «Il n'y a ni manoeuvre, ni abus, ni dérobade, mais la stricte réalité», selon Me Hayat.

Dans cette affaire, «la défense est obligatoire», a ajouté l'avocate. Le Tribunal correctionnel a suivi le même raisonnement en repoussant à mercredi l'audience des questions préjudicielles, qui devraient être très nombreuses. Les avocats devraient être remis à ce moment.

«Guérilla procédurale»

Ces premières passes d'armes publiques entre les avocats de la défense, ceux des plaignants et le Ministère public ont donné le ton de ce procès très attendu. «C'est le procès aux riches», a lancé Robert Assaël, qui défend l'épouse. Les prévenus contestent les charges retenues contre eux. Leurs avocats, qui ont déposé de nombreux recours au cours de la procédure, plaideront l'acquittement.

«Ils méprisent la loi, la justice et les victimes, mais personne n'est au-dessus des lois », a fustigé le premier procureur, qui a rappelé que le couple avait déjà été condamné pour avoir employé du personnel non déclaré. Ce «mépris total de la justice» a aussi été relevé par Lorella Bertani, avocate d'une plaignante.

«C'est une insulte envers les plaignants», s'est emportée Eve Dolon, avocate d'une plaignante. De son côté, Olivier Peter, qui représente également un plaignant, a déclaré ne même pas être surpris par «cette guérilla procédurale». «La famille Hinduja ne veut pas de ce procès et fera tout jusqu'à la prescription», a-t-il ajouté.

Salaire de misère

Selon l'acte d'accusation, la famille aurait fait venir en Suisse des employés pour travailler dans sa propriété de Cologny «dans le but d'exploiter leur force de travail». Ces personnes auraient été logées dans des conditions précaires au sous-sol de la villa où elles vivaient totalement isolées.

Le Ministère public affirme qu'elles devaient travailler tous les jours, des aurores jusqu'à tard le soir ou dans la nuit, sans jour de congé, sans compensation des heures supplémentaires, avec des vacances imposées et non payées. Le tout pour un salaire de misère versé en roupies indiennes.