Justice Tariq Ramadan confronté à l'une de ses premières accusatrices

ATS

18.11.2020

L'islamologue Tariq Ramadan et son avocat Me François Canonica (g) arrivent au tribunal de Genève, le 10 novembre 2020
L'islamologue Tariq Ramadan et son avocat Me François Canonica (g) arrivent au tribunal de Genève, le 10 novembre 2020
Keystone / archives

L'islamologue suisse Tariq Ramadan a été confronté mardi au tribunal judiciaire de Paris par vidéo-conférence à l'une de ses premières accusatrices. Celle-ci dénonce plusieurs viols en 2013 et 2014 pour lesquels l'islamologue a été mis en examen fin octobre.

La confrontation entre M. Ramadan, désormais mis en examen pour des viols sur cinq femmes, et son accusatrice, qui s'exprimait de Douai «pour des raisons liées au contexte sanitaire», selon son avocat Me Eric Morain, a duré environ neuf heures.

C'est la première fois que l'islamologue, 58 ans, qui s'estime victime de la vengeance d'anciennes maîtresses, est confronté à cette ancienne escort-girl de 47 ans qui avait porté plainte contre lui en mars 2018.

«Nous estimons que la plaignante n'a pas pu répondre au fait qu'elle ait initié, consenti et entretenu cette relation sans jamais faire état pendant toute cette période du moindre fait de contrainte ou de violence», ont réagi à l'issue de l'interrogatoire trois des avocats de M. Ramadan, Mes Nabila Asmane, Ouadie Elhamamouchi et Philippe Ohayon.

«Elle a été interrogée aussi sur ses liens au moment du dépôt de plainte avec (le paparazzo) Jean-Claude Elfassi qui a été récemment entendu dans ce dossier», ont-ils poursuivi. «Nous posons cette question: s'agit-il simplement d'une femme éprise et qui se venge en portant plainte ou est-ce qu'il y avait un intérêt financier à porter plainte?», ont-ils ajouté.

«Tariq Ramadan a pu remettre en cause à plusieurs reprises des déclarations de son accusatrice», s'est félicitée Me Elise Arfi, une autre avocate de l'intellectuel.

Tournant majeur

L'escort-girl, partie civile lors du procès pour proxénétisme du Carlton, où comparut l'ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, accuse M. Ramadan de l'avoir violée à neuf reprises en France, à Londres et à Bruxelles de 2013 à 2014.

A l'appui de son récit, elle avait présenté une robe tachée du sperme de l'islamologue. Ce récit avait contraint l'intellectuel, qui niait jusqu'alors toute relation extraconjugale, à admettre qu'il avait eu des relations adultères avec elle et d'anciennes maîtresses, un tournant majeur dans ce dossier.

Cette confrontation «est une ultime étape importante qui est désormais derrière nous. Ma cliente n'a pas plié face à l'armada des avocats de M. Ramadan et elle a pu apporter, sans contradiction aucune, des réponses précises et circonstanciées», a réagi Me Morain.

Audience à Genève

La semaine dernière, M. Ramadan s'est aussi rendu à Genève pour y être entendu par un procureur genevois sur des viols en Suisse en 2008 dont l'accuse une femme surnommée «Brigitte».

Le contrôle judiciaire de l'islamologue, qui lui interdisait de voyager hors de France, a été modifié en octobre pour lui permettre de répondre aux convocations du procureur de Genève.

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