Faits divers Une fausse alerte à la bombe pour ne pas voir ses parents

AFP

29.5.2019 - 08:38

L'auteur d'une fausse alerte à la bombe sur un vol EasyJet Lyon-Rennes en janvier, un étudiant rennais de 23 ans qui ne voulait pas que ses parents viennent le voir, condamné à Rennes à neuf mois de prison avec sursis
L'auteur d'une fausse alerte à la bombe sur un vol EasyJet Lyon-Rennes en janvier, un étudiant rennais de 23 ans qui ne voulait pas que ses parents viennent le voir, condamné à Rennes à neuf mois de prison avec sursis
Source: AFP/Archives

L'auteur d'une fausse alerte à la bombe sur un vol EasyJet Lyon-Rennes en janvier, un étudiant rennais de 23 ans qui ne voulait pas que ses parents viennent le voir, a été condamné mardi à Rennes à neuf mois de prison avec sursis.

Cheveux mi-longs, jean noir et baskets: devant le tribunal correctionnel, il a reconnu les faits, disant avoir voulu empêcher -par tous les moyens- ses parents d'effectuer le déplacement.

Poursuivi pour «communication de fausses nouvelles compromettant la sécurité d'un aéronef en vol», le jeune homme avait créé la pagaille le 18 janvier aux aéroports de Rennes-Dinard et de Lyon-Saint-Exupéry.

«Écoutez-moi attentivement, l'avion Easyjet en provenance de Lyon vers Rennes ne décollera pas, sinon il explosera»: le vol EasyJet, parti de Lyon pour Rennes avec 150 passagers, avait dû faire demi-tour après un appel anonyme faisant état de la présence d'une bombe à bord de l'appareil.

Une douzaine de vols avaient été retardés et un avion de la Lufthansa, empêché d'atterrir à Lyon, avait été dérouté vers Genève.

Un logiciel pour modifier la voix

L'étudiant avait utilisé un logiciel pour modifier sa voix. Géolocalisé par l'intermédiaire de son smartphone, il avait été interpellé à l'arrivée de ses parents qui avaient finalement atteint Rennes à bord d'un autre avion.

«Je pensais que l'appel reçu par une standardiste ne ferait pas grand chose», a déclaré le prévenu à la barre.

La visite de ses parents? «Impensable», selon lui. «Je passais ma journée quand je n'avais pas cours à fumer des joints. C'était deux jours parfaits où je n'avais pas d'obligation», a expliqué d'une voix calme et posée le jeune homme, titulaire d'un Diplôme d'études universitaires générales (Deug) de Droit et inconnu de la justice.

«J'avais essayé de les dissuader», a-t-il ajouté. Connue de ses parents, son addiction au cannabis – jusqu'à dix joints par jour – «était leur ennemi n°1. Cela aurait créé un événement familial» (un psychodrame, ndlr), a dit l'étudiant qui voulait aussi cacher le désordre de son logement.

Condamné avec sursis

Le tribunal a condamné le jeune homme à neuf mois d'emprisonnement assorti d'un sursis avec mise à l'épreuve de deux ans, obligation de soins et de formation.

Le tribunal a requalifié les faits et déclaré le prévenu coupable de «délit de communication ou divulgation de fausses informations dans le but de faire croire qu'une destruction ou une dégradation a été commise».

«Le plus préoccupant en un sens, c'est l'angoisse chez tous ces gens. Si c'est un canular pour (le prévenu), pour tous les autres ce n'est pas du tout un canular, ce sont des propos qu'on ne peut tenir dans une société où le terrorisme existe», a déclaré le représentant du parquet.

«Le but est atteint, le but étant de faire peur. On croit vraiment à cela», a plaidé Me Sophie Claise, avocate des parties civiles.

Le prévenu devra verser 1.900 euros à la société aéroportuaire Rennes-Dinard et 1.350 euros à l'aéroport de Lyon, parties civiles, pour leur préjudice matériel.

Aucun préjudice n'a été reconnu à la société EasyJet, partie civile également, en l'absence de justificatifs.

Il dit vouloir arrêter le cannabis

«C'est un jeune homme qui n'a pas réfléchi au geste qu'il commettait et aux conséquences», a dit son avocat Me Bertrand Maillard. Mais «il y avait beaucoup d'éléments (pour) permettre au tribunal de rendre une décision mesurée», a souligné son conseil.

A son procès, le jeune homme a dit vouloir arrêter le cannabis pour reprendre ses études de droit et devenir avocat. Il s'est aussi excusé auprès des parties civiles.

Ses parents, avec lesquels il affirme avoir renoué le dialogue, n'étaient pas présents.

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