Otage du Hamas libérée À 85 ans, elle a «vécu l'enfer», mais tend la main à son ravisseur

tafi/Agenturen/ATS/Trad

24.10.2023

Une otage libérée par le Hamas raconte son calvaire : elle a été battue à coups de bâton et a du mal à respirer. Lors de sa libération, elle a néanmoins donné un signe de réconciliation.

Yocheved Lifschitz, 85 ans, a été libérée par le Hamas après deux semaines de détention.
Yocheved Lifschitz, 85 ans, a été libérée par le Hamas après deux semaines de détention.
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«J'ai vécu l'enfer», a déclaré Yocheved Lifschitz, 85 ans, mardi à Tel Aviv. Elle est l'une des deux otages libérées lundi par le Hamas. Elle a été libérée lundi soir, en compagnie de Nourit Kuper, 79 ans, également originaire du kibboutz Nir Oz, adjacent à la bande de Gaza.

Les terroristes auraient fait des ravages dans leur kibboutz, tuant et enlevant des gens, sans faire de distinction entre les jeunes et les vieux.

Deux hommes les auraient ensuite enlevées sur une moto. L'un d'eux l'a frappée à plusieurs reprises sur les côtes pendant le trajet vers la bande de Gaza, ce qui lui a causé des contusions et lui a occasionné des difficultés à respirer.

Une «toile d'araignée» de tunnels

La femme de 85 ans a raconté comment elle a été capturée par le Hamas, qui l'a emmenée dans la bande de Gaza à travers une «toile d'araignée» de tunnels.

En captivité, elle aurait d'abord été enfermée dans un grand hall avec environ 25 autres otages. Plus tard, elle aurait partagé une pièce avec environ quatre autres otages.

Yocheved Lifschitz a été enlevée avec son mari. La famille ne sait pas ce qu'il en est du sort de ce dernier, a déclaré aux journalistes une de ses filles vivant à Londres. Mais il est blessé.

Sa mère «a l'air d'aller bien», a déclaré sa fille à la BBC mardi. «Elle semble très attentive et désireuse de donner des informations aux familles des autres otages qu'elle a côtoyés», a-t-elle ajouté.

«Salam»

Malgré son expérience traumatisante, Yocheved Lifschitz a serré la main de l'un de ses ravisseurs lors de sa remise à la Croix-Rouge et lui a dit «Salam» : le mot arabe pour la paix.

A sa libération lundi, «elle avait toujours le sourire et c'était bouleversant», raconte son petit-fils, Dekel Lifshitz, à l'AFP.

Elle a raconté qu'en captivité, elle avait été bien soignée. «Ils nous ont bien traités». Tous les deux ou trois jours, un médecin venait les voir. Un homme aurait même eu la surprise de recevoir des antibiotiques et des médicaments.

D'après les dires de la vieille femme, les otages auraient partagé la nourriture des membres du Hamas. Ces derniers auraient en outre fait beaucoup d'efforts pour maintenir l'endroit propre.

Attaque «préparée de longue date»

Selon elle, l'attaque avait été préparée de longue date. «Ils semblaient prêts, ils avaient tout ce dont des hommes et des femmes ont besoin, même du shampooing.»

Quelque 220 otages israéliens, étrangers ou binationaux ont été enlevés par des commandos du Hamas lors d'une attaque sanglante qui a fait plus de 1400 morts, en majorité des civils, menée sur le sol israélien le 7 octobre.

Outre Mmes Lifshitz et Kuper, deux Américaines, ont été libérées depuis le 7 octobre. Le Hamas assure que certains captifs ont été tués dans les frappes qu'Israël mène sans relâche sur Gaza.

Le ministère de la Santé du Hamas a indiqué dans son dernier bilan mardi que 5791 personnes avaient été tuées dans la bande de Gaza depuis le début de la campagne de bombardements israélienne, dont 2360 enfants.

«Le gouvernement nous a abandonnés»

Yocheved Lifschitz témoigne: «Nous ne voulions pas parler politique avec eux, nous étions leurs otages, nous n'avons pas répondu. Mais ils ont parlé de toutes sortes de choses. Ils étaient très aimables avec nous», a-t-elle dit.

Au cours des semaines ayant précédé l'attaque, des habitants de Gaza s'étaient rapprochés de la barrière frontalière, avaient «envoyé des ballons incendiaires pour mettre le feu à nos champs» et «l'armée, d'une façon ou d'une autre, n'a pas pris ça au sérieux», a déploré Yocheved Lifschitz.

Cela «nous a fait beaucoup de mal», a-t-elle estimé. «Le gouvernement nous a abandonnés.»

La tactique du Hamas empruntée au conflit Russie-Ukraine?

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