Autriche Autriche: Alexander Schallenberg devrait remplacer Kurz

ATS

10.10.2021 - 16:28

L'Autriche attendait dimanche la nomination de son nouveau chancelier, au lendemain de la démission de Sebastian Kurz, soupçonné d'être impliqué dans une affaire de corruption. Il s'agira probablement du ministre des Affaires étrangères Alexander Schallenberg.

Alexander Schallenberg a rencontré dimanche le président autrichien Alexander Van der Bellen.
Alexander Schallenberg a rencontré dimanche le président autrichien Alexander Van der Bellen.
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Keystone-SDA

Ce diplomate de 52 ans, dont le nom avait été proposé dès samedi par Sebastian Kurz pour lui succéder, a rencontré dimanche le président autrichien Alexander Van der Bellen.

Avant cet entretien, M. Schallenberg a évoqué «un moment et une tâche particulièrement difficiles, compliqués pour nous tous», se félicitant de ce que son parti faisait preuve «d'un incroyable degré de responsabilité envers ce pays».

Le chef de la diplomatie s'était auparavant entretenu avec le vice-chancelier Werner Kogler. Celui-ci, chef des Verts qui gouvernent en coalition avec les conservateurs, avait fait savoir dès samedi soir qu'il soutiendrait la nomination de M. Schallenberg à la chancellerie, afin de maintenir au pouvoir la coalition conservateurs-Verts.

M. Kogler s'est félicité d'un entretien «franc» avec M. Schallenberg. «Surtout, je suis heureux qu'il existe une possibilité d'ouvrir un nouveau chapitre dans le travail du gouvernement de coalition», a-t-il ajouté.

Deuxième tempête

Sebastian Kurz, qui était devenu fin 2017 le plus jeune dirigeant élu de la planète, a été emporté par le scandale pour la deuxième fois, après une précédente tempête politique en 2019 qu'il avait spectaculairement réussi à surmonter.

«Il serait irresponsable de glisser vers des mois de chaos ou d'impasse», a déclaré samedi Sebastian Kurz, âgé de 35 ans, devant la presse à Vienne, expliquant se retirer pour «la stabilité» du pays tout en réfutant de «fausses accusations».

«Je veux céder la place pour éviter le chaos», a-t-il ajouté, disant avoir proposé le nom d'Alexander Schallenberg pour lui succéder.

Sous pression

Depuis l'annonce mercredi par le parquet de l'ouverture d'une enquête à son encontre pour corruption, Sebastian Kurz était sous pression pour se retirer. Il avait jusqu'alors refusé, dénonçant des allégations «fabriquées». Mais il a finalement préféré prendre les devants alors qu'il était sous la menace mardi d'une nouvelle destitution par le Parlement.

Peu après l'annonce de M. Kurz, M. Kogler avait salué «une décision appropriée», espérant désormais «poursuivre le travail gouvernemental» avec M. Schallenberg.

L'opposition s'est en revanche montrée moins enthousiaste, déplorant la poursuite du «système Kurz». «On peut résumer, depuis une heure M. Kurz n'est plus chancelier, mais chancelier fantôme», a réagi la cheffe de l'opposition sociale-démocrate Pamela Rendi-Wagner.

Utilisation de fonds gouvernementaux?

M. Kurz est soupçonné d'avoir utilisé par le passé des fonds gouvernementaux pour s'assurer une couverture médiatique favorable.

Selon le parquet, entre 2016 et 2018, des articles élogieux et des études d'opinion «partiellement manipulées» auraient été publiés en échange de l'achat d'espaces publicitaires par le ministère des Finances, géré à cette époque par les conservateurs.

M. Kurz et neuf autres suspects, ainsi que trois organisations, sont visés par une enquête pour diverses infractions liées à cette affaire. Des perquisitions ont eu lieu mercredi, notamment au siège de l'ÖVP et à la chancellerie.

Le dossier des procureurs se base sur une série de messages téléphoniques. En attendant l'issue de l'enquête, M. Kurz reste à la tête du parti conservateur et siégera au Parlement.

Entré au gouvernement en tant que secrétaire d'Etat il y a dix ans puis devenu ministre des Affaires étrangères, Sebastian Kurz a une première fois accédé à la chancellerie en décembre 2017.

Associé au parti d'extrême droite FPÖ, il a vu son gouvernement balayé en mai 2019 par un scandale de corruption, connu sous le nom d'Ibizagate.

Il est ensuite revenu au pouvoir en janvier 2020, cette fois aux côtés des Verts, une coalition qui avait déjà été mise à mal plusieurs fois en raison d'autres affaires et de différences de points de vue sur la question des réfugiés.