«C'est un échec» «Panique» chez les démocrates après le débat «désastreux» de Biden

ATS

28.6.2024 - 15:17

Joe Biden, extrêmement fragilisé, repart en campagne vendredi après un débat complètement raté face à Donald Trump. Sa prestation confuse et anémique pose, jusque parmi ses partisans, la question du maintien de sa candidature à un second mandat.

Biden et Trump s'affrontent lors d'un débat présidentiel enflammé

Biden et Trump s'affrontent lors d'un débat présidentiel enflammé

Joe Biden et Donald Trump ont échangé des propos enflammés en s'attaquant mutuellement à leur bilan et à leur attitude, lors d'un débat aux enjeux énormes, chacun cherchant à faire basculer la course serrée à la Maison-Blanche.

28.06.2024

Il n'y a qu'à lire l'éditorial implacable de Thomas Friedman, qui se décrit lui-même comme un «ami» du président américain, vendredi dans le New York Times.

«Joe Biden, un homme bien, un bon président, n'est pas en position de briguer une réélection», écrit l'éditorialiste, qui dit avoir «pleuré» en voyant le démocrate de 81 ans, par moments hagard, buter sur les mots et bafouiller pendant 90 minutes devant les caméras de CNN.

La philanthrope Maria Shriver, nièce du président assassiné «JFK» et alliée de Joe Biden, a écrit sur le réseau social X avoir le «coeur brisé» face à cette prestation calamiteuse.

«Il avait une chose à faire (lors du débat), et c'était de rassurer l'Amérique qu'il était capable d'être président à son âge. C'est un échec», a asséné une ancienne sénatrice démocrate, Claire McCaskill, sur la chaîne MSNBC, que regarde souvent le principal intéressé.

La tentative de l'équipe de campagne de justifier le passage à vide par un «rhume», en attirant plutôt l'attention sur les «mensonges» débités à la chaîne par Donald Trump, est tombée à plat.

«Panique»

Les médias américains font état d'une réelle «panique» chez les démocrates, à quatre mois de l'élection et à six semaines environ de la convention censée investir le président américain.

Laquelle devrait être l'occasion de se demander «qui est le mieux placé pour empêcher Trump de revenir au pouvoir», juge même un responsable allemand chargé de la coopération bilatérale avec les États-Unis, Michael Link, interviewé par le quotidien Tagesspiegel.

Pour l'heure toutefois, aucun poids lourd du Parti démocrate ne s'est fait publiquement l'écho de ce sentiment.

Officiellement, la ligne reste de soutenir le candidat octogénaire, qui sera à 12h30 locales (18h30 en Suise) en campagne en Caroline du Nord, un Etat du sud-est que son équipe espère pouvoir arracher à son rival républicain de 78 ans en novembre.

Dans la foulée, il ira lever des fonds à New York puis dans les Hamptons, une très chic zone de villégiature non loin.

Donald Trump sera lui vendredi à Chesapeake, dans l'Etat de Virginie (est).

Le milliardaire, si prompt à moquer «Sleepy Joe», n'a même pas eu besoin d'insister après le débat sur la contre-performance de son adversaire.

Il a surtout publié sur son réseau Truth Social une vidéo le montrant faire de jolis coups au golf: l'ancien promoteur immobilier n'a guère apprécié que Joe Biden moque ses performances sur le green pendant le débat.

Convention

La vice-présidente Kamala Harris elle-même a reconnu que Joe Biden avait fait un début «laborieux» mais estimé qu'il avait fini «en force» face à un opposant qui a multiplié les affirmations mensongères ou outrancières sans jamais perdre ni son calme, ni son aplomb.

La démocrate de 59 ans, envoyée au front jeudi soir pour limiter la casse, fera campagne vendredi dans le Nevada (ouest).

Son nom figure évidemment sur la liste de celles et ceux qui pourraient remplacer Joe Biden dans la course à la Maison Blanche, aux côtés notamment de quelques gouverneurs démocrates en vue, comme Gavin Newsom en Californie ou Gretchen Whitmer dans le Michigan.

Si Joe Biden jetait l'éponge, les démocrates se retrouveraient en août à Chicago pour ce que l'on appelle une convention «ouverte», lors de laquelle les voix de délégués récoltées par le président américain lors de la primaire seraient remises en jeu.

Un scénario inédit depuis 1968. Le parti avait alors dû trouver un remplaçant au président Lyndon B. Johnson après que ce dernier eut renoncé à se présenter, en pleine guerre du Vietnam.

Le vice-président sortant Hubert Humphrey avait été désigné, et s'était incliné lors de l'élection face au républicain Richard Nixon.