Sous pression Biden, sous pression, défend les évacuations laborieuses

ATS

20.8.2021 - 22:23

Joe Biden a affirmé vendredi que l'opération massive d'évacuations à l'aéroport de Kaboul était «l'une des plus difficiles de l'histoire», dont il ne pouvait garantir «l'issue finale». Des milliers de civils américains et afghans tentent de fuir le pays après le retour au pouvoir des talibans.

Joe Biden a toutefois de nouveau défendu sa décision de retrait, expliquant que l'Afghanistan ne menaçait plus «l'intérêt national» des Etats-Unis.
Joe Biden a toutefois de nouveau défendu sa décision de retrait, expliquant que l'Afghanistan ne menaçait plus «l'intérêt national» des Etats-Unis.
KEYSTONE/AP Photo/Manuel Balce Ceneta

Les opérations américaines d'évacuation de milliers de civils de Kaboul ont repris vendredi après plusieurs heures d'interruption en raison de la saturation de certaines bases américaines dans la région, notamment au Qatar, a indiqué un haut responsable du Pentagone.

«Les vols ont repris et les vols militaires américains à destination du Qatar et d'autres lieux décollent, et d'autres vols décollent à destination de Kaboul à l'heure où je vous parle», a déclaré à la presse le général Hank Taylor, de l'état-major américain. Il a précisé que certains vols seraient dirigés vers l'Allemagne, où les Etats-Unis disposent de nombreuses bases militaires.

Pont aérien

Ce pont aérien est «l'un des plus importants et difficiles de l'histoire» et les Etats-Unis sont le «seul pays capable» de l'organiser, a affirmé M. Biden lors d'un discours à la Maison Blanche, en annonçant que 13.000 personnes avaient été évacuées par l'armée américaine depuis le début des opérations le 14 août.

«Je ne peux pas promettre ce qu'en sera l'issue finale» ni qu'il n'y aura pas «de risques de pertes» en vies humaines, a pourtant déclaré le président, assurant que les alliés de Washington ne remettaient pas en cause la «crédibilité» américaine de mener à bien cette opération, malgré les récentes scènes de chaos à l'aéroport.

Des soldats américains sont sortis de l'aéroport de Kaboul pour récupérer 169 personnes à proximité, a indiqué vendredi le Pentagone.

Les évacués sont en majorité des citoyens américains que les talibans laissent entrer. Mais de nombreux Afghans, notamment ceux ayant travaillé pour les Etats-Unis et détenteurs d'un visa d'immigration spéciale (SIV) pour eux et leurs proches, ne peuvent pas accéder à l'enceinte sécurisée par plus de 5.000 militaires américains.

Ces civils craignent des représailles des talibans, qui ont pourtant promis l'amnistie à ceux ayant collaboré avec les forces étrangères. D'autres, militants des droits humains, journalistes ou activistes politiques, sont considérés comme «vulnérables» car eux aussi la cibles des islamistes.

«Ils sont presque aussi importants» que les citoyens américains, a assuré M. Biden en indiquant que les Etats-Unis étaient «en contact permanent» avec les talibans pour «assurer que les civils aient un accès sûr à l'aéroport».

Le gouvernement américain est sous le feu des critiques pour son manque de préparation face à l'afflux des candidats à l'exil qui a provoqué depuis dimanche des scènes de chaos dans et autour de l'aéroport international.

Lundi, le président américain avait fait une première courte intervention télévisée, défendant «fermement» sa décision de retirer d'ici le 31 août les troupes américaines d'Afghanistan, où elles combattent depuis vingt ans.

Deux jours plus tard, dans un entretien à la chaîne ABC, Joe Biden a expliqué que le retrait américain aurait invariablement provoqué une forme de «chaos» dans le pays.

Les images de civils paniqués se pressant devant les grilles d'entrée ou tentant de s'accrocher aux avions qui allaient décoller ont choqué l'opinion américaine, pourtant largement favorable au retrait des troupes jusqu'à cette semaine, alors que l'administration Biden promettait des évacuations fluides et organisées.

Plus d'"intérêt national»

Joe Biden a promis que «tous les Américains qui veulent rentrer à la maison rentreront à la maison», sans vouloir confirmer que l'armée resterait à Kaboul après la date-butoir du 31 août.

«Abandonner des Américains à la mort est un manquement au devoir impardonnable, qui restera comme une infamie», a assuré vendredi dans un communiqué l'ex-président républicain Donald Trump, demandant une nouvelle fois la «démission» de son successeur.

C'est pourtant lui qui avait décidé au départ d'un retrait avec un calendrier encore plus serré.

Dans le camp démocrate, des voix ont aussi regretté que le gouvernement n'ait pas anticipé les conséquences de ce retrait et l'effondrement du régime afghan en une dizaine de jours seulement.

Joe Biden a toutefois de nouveau défendu sa décision de retrait, expliquant que l'Afghanistan ne menaçait plus «l'intérêt national» des Etats-Unis. «Nous sommes allés en Afghanistan avec l'objectif express de se débarrasser d'Al-Qaïda et d'avoir Oussama ben Laden, nous l'avons fait», a-t-il rappelé.

Mais depuis, «la menace terroriste s'est métastasée, il y a des dangers bien plus importants» du groupe Etat islamique et d'Al-Qaïda et ses affiliés ailleurs qu'en Afghanistan, a-t-il dit.

Environ 5.700 personnes ont été évacuées par l'armée américaine en 24 heures, a indiqué la Maison Blanche après l'allocution présidentielle.

Au total, environ 18.000 personnes ont quitté le pays grâce aux avions américains depuis la fin juillet.

Les Etats-Unis prévoient d'évacuer en tout plus de 30.000 Américains et civils afghans via leurs bases au Koweït et au Qatar.