Guerre Hamas - IsraëlBlinken en Israël pour appeler à épargner les civils
ATS
3.11.2023 - 09:19
Israël a mené vendredi de nouvelles frappes contre le Hamas dans la bande de Gaza où il poursuit ses opérations terrestres. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est à Tel-Aviv qui doit appeler à des «mesures concrètes» pour épargner les civils.
03.11.2023, 09:19
03.11.2023, 09:37
ATS
Le secrétaire d'Etat américain, arrivé vendredi matin en Israël, débute sa deuxième tournée au Proche-Orient depuis le début de la guerre, le 7 octobre, déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien contre Israël et qui suscite des craintes d'un embrasement régional.
Israël, qui a promis «d'anéantir» le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, avait annoncé jeudi soir, après quasiment une semaine de combats au sol, être parvenu à encercler la ville de Gaza, où des quartiers entiers sont transformés en champs de ruines, pour y détruire les «centres» du mouvement islamiste.
Au Liban, le puissant chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit prononcer un discours vendredi pour la première fois depuis le début de la guerre et indiquer si sa formation, alliée du Hamas et soutenue par l'Iran, entrera de plain-pied dans le conflit, qui a déjà fait des milliers de morts.
En Israël, «nous allons parler de mesures concrètes qui peuvent et doivent être prises pour minimiser les dommages causés aux hommes, aux femmes et aux enfants de Gaza», avait déclaré M. Blinken avant de quitter Washington. Depuis près de quatre semaines, les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, assiégée, vivent sous les bombardements menés par Israël, dans une situation humanitaire catastrophique.
Selon le Hamas, plus de 9000 personnes, dont 3760 enfants, ont été tuées dans les frappes israéliennes sur la bande de Gaza. En Israël, au moins 1400 personnes ont été tuées selon les autorités depuis le début de la guerre, en majorité des civils massacrés le jour de l'attaque du Hamas, d'une violence et d'une ampleur inédite depuis la création d'Israël en 1948. Plus de 240 personnes ont été prises en otage.
«Nous sommes au coeur de la campagne (militaire), nos succès sont impressionnants», s'est félicité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi lors d'une visite d'une base militaire près de Tel-Aviv. Il a toutefois reconnu que l'opération était «difficile» et qu'Israël enregistrait des «pertes douloureuses». L'armée a fait état de 332 soldats tués depuis le 7 octobre.
Plusieurs bombardements ont frappé la bande de Gaza tôt vendredi, selon un journaliste de l'AFP. Des vidéos postées par le Hamas montrent des combattants du groupe islamiste surgissant de tunnels pour attaquer les chars israéliens, dont la progression est rendue difficile par les destructions.
Pour la branche armée du Hamas, «Gaza constituera une malédiction pour Israël». Les Israéliens doivent s'attendre au «retour de davantage de (leurs) soldats dans des sacs noirs», a averti jeudi le porte-parole des brigades al-Qassam.
L'armée israélienne a indiqué avoir mené de nouvelles frappes à Gaza au cours de la nuit de jeudi à vendredi et y avoir combattu «un certain nombre d'unités terroristes» qui ont fait usage de «missiles antichars» et d'engins explosifs artisanaux.
Depuis la mi-octobre, l'armée israélienne appelle la population à fuir le nord de la bande de Gaza, notamment la ville de Gaza, très densément peuplée, où les bombardements ont rasé des quartiers entiers et où se concentre l'essentiel des opérations militaires. Dans la ville de Gaza, des habitants sont venus chercher refuge près de l'hôpital Al-Qods.
Renvoi des travailleurs gazaouis
Jeudi, selon l'ONU, 60 Palestiniens blessés ainsi que quelque 400 étrangers ont pu quitter Gaza vers l'Egypte via le poste-frontière de Rafah, seule fenêtre sur le monde pour le petit territoire. Plus de 400 personnes avaient été évacuées mercredi. L'Egypte a affirmé se préparer à accueillir jusqu'à «7000» étrangers.
Israël a par ailleurs annoncé dans la nuit renvoyer à Gaza tous les travailleurs gazaouis qui se trouvaient sur son sol au moment de l'attaque du Hamas, soit jusqu'à 4000 personnes selon des médias israéliens.
La visite de M. Blinken, qui doit ensuite se rendre en Jordanie, intervient à un moment où les craintes d'un embrasement sont au plus haut. Le président américain Joe Biden s'était dit mercredi favorable à une «pause» dans la guerre, même si Washington ne soutient pas les appels à un cessez-le-feu.
Israël a annoncé avoir mené une «vaste frappe» jeudi dans le sud du Liban sur des cibles du Hezbollah, allié du Hamas, en riposte à des tirs qui ont visé son territoire. Elle a fait quatre morts dans les rangs du Hezbollah, selon la formation chiite libanaise. Le discours de son chef Hassan Nasrallah, prévu à 14h00 suisses lors d'une cérémonie pour honorer les «martyrs» du mouvement, est attendu avec appréhension au Liban mais aussi dans la région.
A la frontière israélo-libanaise, les accrochages armés quotidiens ont fait 70 morts dans le sud du Liban depuis le 7 octobre, selon un décompte de l'AFP, dont 52 combattants du Hezbollah et au moins sept civils. Huit soldats et un civil ont été tués du côté israélien, selon les autorités.
La guerre a aussi exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où quelque 130 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne. De nouvelles manifestations sont prévues en Cisjordanie en marge de la prière du vendredi.
Depuis le 9 octobre, le «siège complet» imposé par Israël à la bande de Gaza prive la population de livraisons d'eau, de nourriture et d'électricité. Le territoire était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007. Plus de 370 camions d'aide humanitaire sont arrivés depuis le 21 octobre selon l'ONU, qui réclame une aide plus massive.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé jeudi que 14 hôpitaux sur un total de 36 et deux centres spécialisés n'étaient plus opérationnels, en raison de la guerre et du manque de carburant.
Selon le Hamas, des frappes israéliennes, mardi et mercredi, sur le camp de réfugiés de Jabaliya (nord), le plus grand de la bande de Gaza, ont fait 195 morts et 120 disparus. Jeudi, l'ONU a annoncé que des frappes meurtrières avaient visé quatre de ses écoles dans le nord et le centre de la bande de Gaza, dont une dans le camp de Jabaliya.
Par ailleurs, des experts de l'ONU, dont la rapporteure spéciale sur la situation des droits humains dans les Territoires palestiniens occupés, ont estimé jeudi que le peuple palestinien courait «un grave risque de génocide».