FranceCes trois scénarios possibles pour Macron afin de former enfin un gouvernement
AFP
28.8.2024
Aucun des scénarios sur la table en France pour former un gouvernement ne s'impose, 51 jours après la dissolution de l'Assemblée nationale par le président Macron, dans un pays profondément divisé.
AFP
28.08.2024, 20:36
28.08.2024, 21:17
Marc Schaller
Trois hypothèses sont sur la table, alors que le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal continue de gérer les affaires courantes et que le pays se doit de présenter un budget au 1er octobre.
L'Assemblée nationale issue des législatives de début juillet est fracturée en trois grands blocs, l'alliance des gauches du Nouveau front populaire (NFP, 193 députés), les macronistes (centre, 166) et l'extrême droite du Rassemblement national (RN, 142). Pour une introuvable majorité de 289 sièges.
Tour d'horizons des (im)possibles, entre un gouvernement de gauche récusé par l'Elysée, un gouvernement allant de la droite aux sociaux-démocrates auquel ni droite ni socialistes ne veulent participer, et un gouvernement «technique», qui ne survivrait que grâce à l'hypothétique bienveillance de l'extrême droite.
Exit l'hypothèse NFP
Après plus de quinze jours de douloureuses tractations, les partis du NFP (gauche radicale, socialistes, communistes et écologistes) s'étaient accordés le 23 juillet pour porter à Matignon la haute fonctionnaire Lucie Castets.
Depuis, cette femme de 37 ans inconnue du grand public n'a pas tenté d'élargir son assise, que ce soit vers le centre ou l'aile gauche de la macronie.
Par ailleurs, le NFP a échoué à faire élire son candidat à la présidence de l'Assemblée, battu par la macroniste sortante Yaël Braun-Pivet.
Du centre à l'extrême droite en passant par la droite, tous les autres partis ont indiqué qu'ils censureraient un gouvernement NFP, dont ils jugent le programme, très à gauche, «dangereux».
Raison évoquée par le président Emmanuel Macron pour tirer lundi le rideau sur l'hypothèse Castets, malgré les protestations des leaders de la gauche.
La fiction d'une large coalition
Depuis les législatives, le camp présidentiel plaide pour un gouvernement de coalition à l'allemande allant de la droite aux sociaux-démocrates, avec un potentiel de 301 députés.
Mais à droite comme à gauche, nul ne veut être associé de trop près à une macronie défaite par trois fois dans les urnes et très impopulaire dans la rue.
La Droite républicaine propose une forme de soutien sans participation à un gouvernement. Mais il refuse de «s'engager à un vote du budget ni à un soutien ou une participation au gouvernement», a constaté lundi le chef de l'Etat.
A gauche, le soutien à un tel gouvernement reste très minoritaire, même si certains responsables socialistes veulent reprendre les discussions avec les macronistes.
Mercredi, l'ex-président socialiste élu député François Hollande a indiqué ne pas croire à l'alliance avec le centre, «inévitablement vouée à une impasse». Mais cela «ne doit pas empêcher les socialistes de soutenir tout ce qui peut faire avancer le pays».
Un gouvernement technique à la merci du RN
Dernière option : un gouvernement sans majorité à l'Assemblée, mais avec la bienveillance de l'extrême droite, de la droite traditionnelle, voire d'une partie de la gauche.
Un député macroniste juge ainsi «très crédible» un Premier ministre «qui a une expérience du Parlement, (...) de centre droit ou de centre gauche et à qui l'Assemblée laisserait sa chance. Il vivrait avec l'"épée de Damoclès» d'une censure du RN, mais «sinon on ne fait rien», défend-il, en regardant aussi vers le centre-gauche.
«Est-ce que tous les députés du centre-gauche censurent par définition un gouvernement qui peut s'engager à reprendre certaines de leurs idées ?», interroge-t-il.
Des responsables politiques contestent la position d'arbitre ainsi dévolue au RN, battu au second tour des législatives en raison du front républicain dressé par la gauche et les macronistes, mais disposant du groupe le plus nombreux.
«Le bloc macroniste instrumentalise à tour de rôle les uns les autres, quand ça les arrange», commente le député RN Thomas Ménagé. «Tout le monde a l'impression de se faire voler l'élection. Le sentiment d'écœurement des Français est très important», dit-il à l'AFP.