ClimatClimat: le monde étudie les solutions pour éviter d'aller à la catastrophe
ATS
21.3.2022 - 14:08
Au moment où la guerre en Ukraine met en lumière des économies accros aux hydrocarbures, 195 pays se penchent dès lundi sur les scénarios pouvant permettre de limiter le réchauffement de la planète. Et éviter d'aller «les yeux fermés vers la catastrophe climatique».
Keystone-SDA
21.03.2022, 14:08
21.03.2022, 15:18
ATS
Après plus d'un siècle et demi de développement consacrant les énergies fossiles, la planète a gagné environ +1,1°C en moyenne par rapport à l'ère pré-industrielle, multipliant déjà canicules, sécheresses, tempêtes ou inondations dévastatrices.
La mise en garde lancée lundi par le secrétaire général des Nations unies juste avant l'ouverture de deux semaines de négociations des experts climat de l'ONU (Giec) est plus saisissante que jamais.
«Les yeux fermés vers la catastrophe»
«Nous marchons les yeux fermés vers la catastrophe climatique». «Si nous continuons comme ça, nous pouvons dire adieu à l'objectif de 1,5°C. Celui de 2°C pourrait aussi être hors d'atteinte», a déclaré Antonio Guterres, en référence aux objectifs de l'accord de Paris.
La dépendance des économies mondiales aux énergies fossiles est «une folie», a-t-il insisté, dans un message vidéo lors d'une conférence organisée par The Economist.
Nouveau rapport du Giec
Les représentants des Etats ont commencé l'examen du nouveau rapport du Giec sur les solutions pour réduire les émissions, préparé par 278 chercheurs de 65 pays, et qui doit être publié le 4 avril à l'issue de deux semaines d'âpres discussions uniquement en ligne, et à huis clos.
Dans le premier volet de son rapport publié en août 2021, le Giec pointait du doigt l'accélération du réchauffement, prédisant que le seuil de +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle pourrait être atteint déjà autour de 2030.
Le deuxième, fin février, dressait un tableau plus que sombre des impacts passés, présents et futurs sur la population et les écosystèmes, soulignant que retarder l'action réduisait les chances d'un «avenir vivable».
Chemins possibles
Le troisième opus va se pencher sur les chemins possibles pour freiner le réchauffement, en déclinant les possibilités par grands secteurs (énergie, transport, industrie, agriculture...) sans oublier les questions d'acceptabilité sociale et la place des technologies comme le captage et le stockage du carbone.
«On parle de transformation de grande ampleur de tous les grands systèmes: énergétiques, de transports, d'infrastructures, de bâtiments, agricole et alimentaire», a expliqué l'économiste du climat Céline Guivarch, une des auteurs du rapport.
Des transformations majeures qu'il faut «enclencher dès maintenant» si on veut pouvoir atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050, a-t-elle ajouté.
Nouveau délai, pas une option
«Un nouveau délai dans l'action mondiale n'est pas une option», a insisté lundi lors de l'ouverture de la session le patron du Giec Hoesung Lee.
Ces questions qui touchent à l'organisation même de nos modes de vie, de consommation et de production risquent d'entraîner de vives discussions au cours de ces deux semaines où les 195 Etats vont passer au crible ligne par ligne, mot par mot, le «résumé pour les décideurs», condensé des milliers de pages du rapport scientifique.
Dans un contexte rendu encore plus sensible par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
+2,7° attendus actuellement
«C'est un rapport crucial publié à un moment crucial où les Etats, les entreprises et les investisseurs recalibrent leurs plans pour accélérer la sortie rapide des énergies fossiles et la transition vers des systèmes alimentaires durables et plus résilients», commente Kaisa Kosonen, de Greenpeace.
Alors que selon l'ONU, les engagements actuels des États, s'ils étaient respectés, mèneraient vers un réchauffement «catastrophique» de +2,7°C, les signataires de l'accord de Paris sont appelés à renforcer leurs ambitions d'ici la conférence sur le climat COP27, en Egypte en novembre.
La guerre pourrait faire dérailler l'action
Mais après une COP26 qui s'est terminée sur un «optimisme naïf», pour Antonio Guterres, la guerre en Ukraine pourrait à l'inverse faire dérailler encore plus l'action en faveur du climat. Avec des politiques de remplacement des hydrocarbures russes qui risquent de «créer une dépendance à long terme aux fossiles, et rendre impossible de limiter le réchauffement à +1,5°».
«Les années 2020 doivent être celles de l'action», a plaidé la patronne de l'ONU-Climat Patricia Espinosa. «Si les dirigeants mondiaux, publics et privés, ne font pas de progrès pour mettre en place des plans climat clairs dans les deux prochaines années, les plans (de neutralité carbone) pour 2050 pourraient être hors sujet».