Etats-Unis Combattue par Coca et Pepsi, la taxe sodas essuie un gros revers

ATS

2.11.2017 - 12:03

New York

La lutte contre l'obésité et les maladies cardiovasculaires aux Etats-Unis vient de connaître un sérieux revers. Une collectivité locale près de Chicago a en effet décidé d'annuler une taxe sur les boissons sucrées.

Le 11 octobre, le comté de Cook, qui comprend la ville de Chicago dans le nord des Etats-Unis, a annulé une taxe soda en place seulement depuis deux mois. Cela a porté un rude coup à cet outil préconisé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour combattre l'obésité et les maladies cardiovasculaires. Elles affectent de façon disproportionnée les milieux défavorisés aux Etats-Unis, en particulier les Noirs et les Hispaniques.

"C'est un revers qui va clairement inciter certains comtés qui examinaient ou envisageaient des taxes sodas à y réfléchir à deux ou trois fois", accuse Jim O'Hara de l'ONG Center for Science in the Public Interest.

"C'est un pas en arrière dans le combat pour encourager les populations à réduire leur consommation de boissons sucrées", renchérit l'American Heart association. "Nous allons continuer à nous battre", affirme toutefois sa présidente Nancy Brown.

Soutenue par l'ancien maire de New York Michael Bloomberg, qui a dépensé des millions de dollars en spots publicitaires, cette association fondée par des cardiologues a mis toutes ses forces dans le maintien de cette taxe. Elle est consciente que l'issue de la bataille aura des répercussions au-delà de cette seule région.

Continuer à expliquer

Les ventes de sodas sont tombées en 2016 aux Etats-Unis à leur plus bas niveau en 30 ans. Les géants du secteur, Coca-Cola et PepsiCo, accusent une baisse de leurs ventes, le chiffre d'affaires du premier ayant même plongé de 16% au deuxième trimestre. Pourtant, environ 20% des filles américaines sont obèses et plus de 23% des garçons le sont, selon une récente étude de l'OMS.

De nombreuses villes comme Boulder dans le Colorado, San Francisco, Oakland, Albany, Berkeley (Californie) et Seattle (Etat de Washington) ont adopté une taxe soda.

Jim O'Hara préconise de "continuer à expliquer clairement à quel usage sont destinés les fonds levés par la taxe".

Riposte sur deux fronts

Après avoir été prise de court par le succès des pro-taxes, l'industrie des boissons gazeuses s'est mobilisée. Elle a lancé la riposte sur deux fronts.

D'un côté, elle finance à coup de millions de dollars des associations de commerçants locaux, notamment les supérettes, opposées à la taxe. De l'autre, elle apporte des contributions financières aux campagnes des élus.

Résultat, après la Virginie occidentale et le Michigan, la ville de Santa Fe au Nouveau Mexique a refusé d'adopter la taxe sur les sodas. "Les gens commencent à réaliser que cette taxe est une mauvaise idée, car elle va à l'encontre des intérêts des classes ouvrières", défend William Dermody, porte-parole de l'American Beverage Association, qui comprend notamment Coca-Cola et Pepsico.

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ATS