Birmanie Des décennies de junte militaire aux commandes 

ATS

1.2.2021 - 07:42

La Birmanie, dont la cheffe de facto du pays, Aung San Suu Kyi, a été arrêtée lundi suite à un coup d'Etat, a eu trois présidents civils après l'indépendance de 1948. Elle a aussi connu des décennies de junte militaire avant un retour à un président civil en 2016.

Ce n'est qu'en 2016 qu'un Parlement dominé par le parti d'Aung San Suu Kyi entre en fonction, qui va former le premier gouvernement issu d'élections libres après des décennies de régime militaire (archives).
Ce n'est qu'en 2016 qu'un Parlement dominé par le parti d'Aung San Suu Kyi entre en fonction, qui va former le premier gouvernement issu d'élections libres après des décennies de régime militaire (archives).
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- 4 janvier 1948: La Birmanie, colonie des Indes britanniques depuis 1885, obtient son indépendance. Aung San, héros national et père d'Aung San Suu Kyi, a été assassiné quelques mois plus tôt. Un premier président birman est élu, Sao Shwe Thaik, de l'importante ethnie Shan, suivi de Ba U en 1952 et de Mahn Win Maung, de l'ethnie karen en 1957.

- 1962: Après des années de luttes intestines entre factions politiques, le général Ne Win prend le pouvoir par un coup d'Etat. Il cumule les fonctions de président, premier ministre et président du parti unique, défendant la «voie birmane vers le socialisme».

- 1981: Ne Win nomme à sa place à la présidence San Yu. Se succèdent à ce poste en 1988 Sein Lwin, puis Maung Maung, assurant l'intérim quelques semaines, avant que le général Saw Maung n'y accède.

- 1988: Face à une gestion économique désastreuse et aux répressions politiques, une révolte menée par les étudiants éclate. L'armée réprime dans le sang les manifestations, faisant 3000 morts. Aung San Suu Kyi, qui vit à l'époque en Angleterre, arrive au chevet de sa mère malade, s'engage auprès des protestataires et crée un nouveau parti: la ligue nationale pour la démocratie (NLD).

- 1989: Aung San Suu Kyi est placée en résidence surveillée. Elle y passera 15 années au total.

- 1990: La NLD remporte une victoire écrasante aux élections. Mais le résultat est ignoré par les militaires. Nouvelle vague de répression, emprisonnement ou exil des opposants.

- 1991: Aung San Suu Kyi lauréate du prix Nobel de la paix. Elle ne pourra le recevoir qu'en 2012.

- 1992: Le général Saw Maung est démis de ses fonctions de président par un coup d'Etat du général Than Shwe, qui devient le nouveau chef de la junte.

- 2005: Les militaires déménagent la capitale de Rangoun à Naypyidaw, une cité administrative fantôme sortie de terre dans le plus grand secret.

- 2008: Le cyclone Nargis fait plus de 130'000 morts, mais la junte refuse l'aide internationale.

- 2010: Les généraux organisent des élections, boycottées par la LND et de nombreux autres partis. Moins d'une semaine après les élections, Suu Kyi est libérée après avoir passé 15 des 20 dernières années en résidence surveillée.

- 2011: Contre toute attente, la junte décide son auto-dissolution et met en place un régime semi-civil. L'ancien général Thein Sein devient président.

- avril 2012: Lors d'élections partielles, la NLD remporte 43 sièges sur 45 et fait son entrée au Parlement. Suu Kyi est élue députée. Les Etats-Unis et l'Europe lèvent de nombreuses sanctions et les investisseurs étrangers affluent vers le pays.

- novembre 2012: Barack Obama devient le premier président américain à se rendre en Birmanie. Il rencontre Aung San Suu Kyi à sa résidence.

- novembre 2015: La Birmanie organise ses premières élections générales libres depuis 1990.

- 1er février 2016 : Entrée en fonction d'un Parlement dominé par le parti d'Aung San Suu Kyi, qui va former le premier gouvernement issu d'élections libres après des décennies de régime militaire.

- 20 mars 2016: Htin Kyaw succède au président Thein Sein et devient le premier président civil depuis 1962.

- 4 avr 2016 : Aung San Suu Kyi, de facto chef du nouveau gouvernement en Birmanie, renonce finalement à deux ministères, mais sera porte-parole du président.

- 25 août 2017 : la rébellion rohingya lance une trentaine d'attaques contre des postes de police dans l'Etat Rakhine (ouest). Au moins douze policiers sont tués.

- 11 septembre 2017: Le cap des 300'000 musulmans rohingyas réfugiés depuis le 25 août au Bangladesh pour fuir les violences en Birmanie a été franchi, estime l'ONU, dénonçant un «exemple classique de nettoyage ethnique».

- 27 août 2018 : des enquêteurs de l'ONU demandent que la justice internationale poursuive le chef de l'armée birmane Min Aung Hlaing et cinq autres officiers de haut rang pour «génocide», «crimes contre l'humanité» et «crimes de guerre».

- 3 septembre 2018 : Deux reporters de Reuters accusés d'"atteinte au secret d'Etat» pour avoir enquêté sur un massacre de musulmans rohingyas par l'armée en Birmanie sont condamnés à sept ans de prison. Ils sont libérés le 7 mai 2019 à l'issue de mois de pression internationale.

- 11 novembre 2019 : La Gambie, mandatée par les 57 États membres de l'Organisation de la coopération islamique, entame une action contre la Birmanie pour «actes de génocide» devant la CIJ, la plus haute juridiction de l'ONU.

- 8 novembre 2020 : Le parti au pouvoir d'Aung San Suu Kyi remporte une large victoire aux élections législatives.

- 26 janvier 2021 : L'armée birmane dénonce des irrégularités lors des législatives n'excluant pas la possibilité d'un coup d'État si le gouvernement ne lui permettait pas de procéder à des vérifications.

- 28 janvier 2021 : Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, suit les récents développements en Birmanie «avec une vive inquiétude» et «exhorte tous les acteurs à s'abstenir de toute forme d'incitation ou de provocation».

- 1er février 2021 : Aung San Suu Kyi, chef de facto du gouvernement birman, a été «arrêtée» par les forces armées birmanes, d'après son parti qui fait état d'un «coup d'Etat».

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