Syrie Des femmes et des enfants de 57 pays dans les camps de détention

ATS

8.2.2021 - 22:47

Image d'illustration 
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Source: KEYSTONE/EPA/YAHYA NEMAH

Des dizaines de milliers de femmes et d'enfants originaires de 57 pays vivent dans des camps de détention sordides dans le nord-est de la Syrie, a déclaré lundi une experte des Nations unies. Elle a appelé ces Etats à immédiatement les rapatrier.

Il s'agit des camps d'Al-Hol et de Roj administrés par les forces kurdes qui hébergent «plus de 64'000 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants», a expliqué Fionnuala Ni Aolain par liaison vidéo devant la presse à Genève.

«Ces enfants et ces femmes vivent dans ce qu'on peut seulement décrire comme des conditions horribles de sous-êtres humains. Et nous faisons part de nos préoccupations selon lesquelles le seuil des tortures, des traitements inhumains et dégradants d'après le droit international a pu être atteint dans ces camps», a poursuivi la rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection des droits de l'homme dans la lutte contre le terrorisme.

«La plupart» de ces personnes «sont extrêmement vulnérables. La situation de beaucoup d'entre elles est préoccupante concernant (le respect) de nombreux droits humains, ce qui requiert de ces Etats d'agir de manière appropriée», a-t-elle martelé, avant de dire qu'on pouvait comparer les conditions de détention y régnant à celles en vigueur dans le camp américain de Guantanamo à Cuba.

La Suisse concernée

Mme Ni Aolain a souligné que son appel avait reçu le soutien d'une dizaine d'autres experts indépendants des Nations unies. Elle a révélé qu'elle avait transmis ses exigences dans des courriers détaillés à chacun des pays concernés, parmi lesquels la Suisse, la Belgique, la France, l'Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni le Canada, la Chine, l'Australie, l'Inde, le Pakistan, la Russie et la Turquie.

«C'est la première fois que ces 57 Etats sont nommés ensemble», a assuré l'Irlandaise, ajoutant que «ce n'est pas un club dont vous aimeriez faire partie». En juin 2020, a-t-elle dit, plus de 80% des personnes vivant dans le camp d'Al Hol étaient des femmes et des enfants. 48% étaient des Irakiens et 37% des Syriens. Les étrangers présents sont des familles de jihadistes du groupe Etat islamique.

Les Irakiens et les Syriens ont quant à eux majoritairement fui les combats entre l'EI et les forces kurdes. «Ce n'est pas un camp de réfugiés. C'est un camp dans lequel les personnes sont détenues sans procédure juridique, sans aucun choix, dans des conditions inhumaines», a conclu Ni Aolain.

Trois décapitations

Au moins 14 personnes ont été tuées depuis début 2021, dont trois par décapitation, dans le camp d'Al-Hol, a pour sa part affirmé à l'AFP Cheikhmous Ahmed, un responsable au sein de l'Administration semi-autonome kurde chargé des déplacés, accusant «les cellules de l'EI dans le camp».

La plupart des pays, notamment européens, ayant des ressortissants dans ces camps rechignent à les reprendre. Certains, dont la France, ont rapatrié un nombre limité d'enfants orphelins de jihadistes.

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