Proche-OrientEmissaire américain en Israël, qui poursuit ses frappes
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14.12.2023 - 04:58
Israël reçoit jeudi un haut responsable américain, qui devrait répéter la demande des Etats-Unis à mieux protéger les civils, premières victimes des bombardements dans la bande de Gaza. Ce qui n'empêche pas Tsahal de poursuivre ses frappes, qu'elle dit plus ciblées.
Après plus de deux mois de guerre, consécutive à une attaque du Hamas en Israël, qui a fait 1200 morts, quelque 18'600 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza (archives).
ATS
Keystone-SDA, bas
14.12.2023, 04:58
14.12.2023, 16:16
ATS
L'armée israélienne (IDF) doit trouver un moyen de réduire l'intensité des frappes, a suggéré Jake Sullivan, le conseiller américain à la sécurité nationale, attendu en fin de journée à Jérusalem, où il restera vendredi pour des entretiens avec le premier ministre Netanyahu notamment.
Le conseiller de la Maison Blanche va évoquer le besoin de mener des frappes «plus précises afin de réduire les pertes civiles», selon John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
Semblant faire écho à cette demande, l'armée israélienne a indiqué avoir mené jeudi des «interventions ciblées» sur plusieurs sites aux alentours de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
Le secrétaire d'Etat à la défense Lloyd Austin est également attendu sous peu en Israël tandis que la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, doit se rendre au Liban samedi et en Israël dimanche.
En attendant, le nombre des victimes palestiniennes approche désormais 18.800, à 70% des femmes, des enfants et adolescents, d'après le ministère de la Santé de l'administration du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.
Il a déploré la mort de 67 personnes durant la nuit de mercredi à jeudi à travers le petit territoire palestinien surpeuplé.
Israël a promis de «détruire» le Hamas après une attaque sans précédent menée le 7 octobre par des commandos du mouvement islamiste infiltrés de Gaza dans le sud d'Israël, qui a fait environ 1200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. Quelque 240 personnes ont aussi été enlevées et emmenées à Gaza par le Hamas et d'autres groupes alliés.
Après la récente résolution non contraignante massivement adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU pour appeler à un cessez-le-feu à Gaza, le ballet diplomatique s'intensifie.
Fervents soutiens des Israéliens, les Etats-Unis ont exprimé ces derniers jours leur impatience, le président Joe Biden évoquant des «bombardements aveugles» et une possible «érosion» du soutien occidental à Israël.
«Jusqu'au bout»
De violents affrontements au sol ont été observés pendant la nuit autour de Deir al-Balah (centre), à l'est de Bani Suhaila, ou autour du camp de Khan Younès par des journalistes de l'AFP.
D'après Keren Hajioff, porte-parole de l'armée, les troupes ont trouvé «de vastes dépôts d'armes et des tunnels dans de multiples écoles».
Israël soutient que le Hamas utilise des infrastructures civiles pour mener des attaques contre son territoire, ce que le mouvement islamiste dément.
L'armée a également déploré la mort d'un soldat dans le sud de la bande de Gaza, portant à 116 le bilan des combattants israéliens morts dans le territoire palestinien.
Des sirènes ont de nouveau retenti jeudi pour alerter sur la menace de roquettes lancées par le Hamas vers le sud d'Israël.
Les dirigeants israéliens, dont le premier ministre Benjamin Netanyahu, ont répété mercredi que leur pays poursuivrait «jusqu'au bout» sa guerre pour anéantir le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne, le Royaume-Uni, entre autres.
Mais le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a qualifié d'"illusion» tout plan d'après-guerre qui imaginerait Gaza sans son organisation et les autres «mouvements de résistance».
Dans un discours depuis le Qatar où il est basé, M. Haniyeh s'est toutefois dit ouvert à des discussions sur «une voie politique qui assurera le droit des Palestiniens à un Etat indépendant avec Jérusalem pour capitale».
Une éventualité que l'ambassadrice israélienne au Royaume-Uni, Tzipi Hotovely, a rejetée avec force jeudi lors d'une interview sur la chaîne britannique Sky News.
«Où est la zone de sécurité?»
Dans la bande de Gaza, les civils sont acculés dans des zones toujours plus petites, cherchant désespérément à échapper aux frappes.
Un habitant de Khan Younès, dans le sud de la petite langue de terre bordée par la mer, inspecte les dégâts causés par une frappe israélienne.
«Un avion a frappé le bâtiment sans avertissement et il a été complètement détruit. Environ quatre personnes sont encore coincées sous les décombres», déclare à l'AFP l'homme de 70 ans.
A l'extrême sud de la bande de Gaza, à Rafah, transformé en vaste camp de centaines de tentes de fortune, un homme de 53 ans se recueille avec d'autres proches sur les dépouilles de victimes. «La frontière avec l'Egypte n'est qu'à 300 mètres. Ils nous ont dit de venir du nord au sud et nous voilà à l'extrême sud. Où est la zone de sécurité?», interpelle-t-il.
Environ 85% des 2,4 millions d'habitants du petit territoire ont été déplacés, beaucoup plusieurs fois depuis le début de l'offensive israélienne.
L'ONU ne cesse de répéter que l'aide est insuffisante et que la surpopulation dans les camps où se réfugient des dizaines de milliers de déplacés entraîne des maladies, en plus de la faim et du manque de soins.
Cogat, l'organisme du ministère israélien de la Défense chargé des affaires civiles palestiniennes, assure toutefois sur X (ex-Twitter) que l'armée a permis des «pauses à des fins humanitaires pour permettre aux civils de reconstituer leurs stocks tels que de la nourriture et l'eau».
La violence s'est par ailleurs intensifiée en Cisjordanie occupée, avec environ 270 Palestiniens tués par les tirs israéliens et les attaques des colons depuis le 7 octobre, selon des responsables palestiniens. L'Autorité palestinienne a évoqué jeudi dix nouveaux morts lors d'un raid israélien.
«Choquées»
En Israël, l'angoisse continue pour les familles des 135 otages toujours retenus captifs à Gaza par le Hamas et d'autres groupes.
Leurs familles se sont dites «choquées» de l'annonce du directeur du Mossad de refuser de mener de nouvelles négociations pour les libérer et ont demandé des explications aux autorités.