Le compte Facebook du président des Etats-Unis suspendu pour une durée indéterminée, d'au moins deux semaines: la mesure aurait semblé radicale il y a peu, mais après les violences commises par des émeutiers pro-Trump au Capitole mercredi, elle ne suffit pas à apaiser les critiques.
Des partisans de Donald Trump ont envahi le Capitole, à Washington, le 6 janvier 2021
Un employé du Congrès les mains en l'air pendant qu'une équipe de la police du Capitole sécurise des bureaux du Congrès envahis par des partisans de Donald Trump le 6 janvier à Washington
Des sympathisants de Donald Trump se rassemblent sur le National Mall à Washington le 6 janvier 2021
Facebook bloque Trump: trop peu, trop tard, pour les critiques - Gallery
Des partisans de Donald Trump ont envahi le Capitole, à Washington, le 6 janvier 2021
Un employé du Congrès les mains en l'air pendant qu'une équipe de la police du Capitole sécurise des bureaux du Congrès envahis par des partisans de Donald Trump le 6 janvier à Washington
Des sympathisants de Donald Trump se rassemblent sur le National Mall à Washington le 6 janvier 2021
Le compte Facebook du président des Etats-Unis suspendu pour une durée indéterminée, d'au moins deux semaines: la mesure aurait semblé radicale il y a peu, mais après les violences commises par des émeutiers pro-Trump au Capitole mercredi, elle ne suffit pas à apaiser les critiques.
Les comptes Facebook et Instagram de Donald Trump, déjà suspendus mercredi soir, ont été bloqués jeudi.
«Nous pensons que permettre au président de continuer à utiliser nos services pendant cette période pose des risques trop grands», a expliqué Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, sur son profil.
«Par conséquent, nous prolongeons le blocage de ses comptes Facebook et Instagram pour une durée indéterminée et pendant au moins les deux prochaines semaines jusqu'à ce que la transition pacifique du pouvoir soit terminée».
Le contexte a changé
Facebook, Twitter et Youtube choisissaient en général, jusqu'à présent, de masquer ou d'épingler les messages trompeurs ou inflammatoires du président avec des avertissements.
«Nous pensons que le public a le droit d'avoir un accès le plus large possible aux discours politiques, même controversés», a rappelé Mark Zuckerberg, critiqué ces derniers mois pour son approche souvent jugée laxiste.
«Mais le contexte actuel est maintenant fondamentalement différent, avec l'utilisation de notre plateforme pour encourager une insurrection violente contre un gouvernement démocratiquement élu».
La certification de la victoire de Joe Biden au Congrès mercredi a été interrompue par des manifestants pro-Trump qui ont envahi le Capitole pendant plusieurs heures dans un climat insurrectionnel.
Le président sortant s'était peu auparavant adressé à la foule, encourageant ses partisans à avancer vers le Congrès, avant de publier une vidéo où il répétait sans preuve que l'élection leur avait été «volée».
«Je vous aime», a-t-il même lancé.
Comportement «monstrueux»
Un nombre croissant d'élus et d'associations appellent les plateformes à bannir complètement Donald Trump des réseaux, comme l'ancienne première dame Michelle Obama.
«Il est temps pour les entreprises de la Silicon Valley d'arrêter de permettre ce comportement monstrueux», a-t-elle déclaré dans un communiqué jeudi.
L'application Snapchat a aussi bloqué le profil du président sortant. La plateforme de diffusion en direct Twitch a désactivé son compte et le réseau TikTok a retiré les vidéos où il s'adressait à ses supporters, d'après les médias américains.
Donald Trump est en revanche de retour sur Twitter, sa plateforme de prédilection – il a 88 millions d'abonnés – avec une vidéo au ton nettement différent, où il se dit «scandalisé par la violence».
Mercredi le réseau des gazouillis a pour la première fois retiré des tweets du président pour des raisons autres que les droits d'auteur. Il a aussi bloqué son compte pour douze heures, et menacé de le suspendre indéfiniment.
Mais pour beaucoup d'observateurs, les plateformes ont mis trop de temps à réagir, et ont laissé ce genre de manifestations potentiellement dangereuses s'organiser grâce à leurs services.
«Pendant quatre ans, vous avez rationalisé cette violence. Encourager une insurrection violente contre le gouvernement ne relève pas de la liberté d'expression. Si vous travaillez pour ces entreprises, c'est de votre faute aussi», s'est par exemple emporté Chris Sacca, un des premiers investisseurs de Facebook, devenu l'un de ses plus farouches critiques.
«Sang sur les mains»
«Vous avez du sang sur les mains, Jack et Zuck» a-t-il tweeté à l'intention de Jack Dorsey, patron de Twitter, et Mark Zuckerberg.
«Ces mesures isolées arrivent trop tard et ne sont pas du tout suffisantes», a de son côté réagi le sénateur démocrate Mark Warner. «Ces plateformes sont au coeur de l'infrastructure des groupes et milices d'extrême droite violentes depuis des années».
L'organisation militante anti-Facebook baptisée «Real Facebook Oversight Board» ("Véritable Conseil de surveillance de Facebook") fait le même reproche. Elle a été créée dans la foulée des émeutes de Kenosha (Wisconsin), fin août, quand un jeune homme de 17 ans lié à des milices d'autodéfense a tiré au fusil semi-automatique sur trois manifestants, faisant deux morts.
«Après Kenosha, nous avions demandé à Zuckerberg combien de personnes devaient mourir avant qu'il agisse? La réponse: une suprémaciste blanche, radicalisée sur les réseaux sociaux», a réagi l'association jeudi, évoquant une ardente partisane de Donald Trump, blessée par balle dans le Capitole mercredi et décédée ensuite.
YouTube est de son côté accusé d'avoir profité de la diffusion en direct des émeutes, via la publicité adossée à ces vidéos.
La plateforme de vidéos de Google a rappelé qu'elle avait retiré des milliers de vidéos mensongères (affirmant que l'élection avait été truquée), y compris plusieurs vidéos mises en ligne par Donald Trump mercredi.
Elle a aussi durci sa politique sur ce type de désinformation: «les chaînes qui reçoivent trois avertissements en 90 jours seront retirées de façon permanente de YouTube».
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