FranceDes candidats de gauche pour le poste de Premier ministre
ATS
9.7.2024 - 20:56
L'alliance de gauche, arrivée en tête des législatives en France sans majorité absolue, a affirmé mardi vouloir appliquer son programme de rupture, quitte à nouer des alliances au coup par coup. Des candidats émergent à gauche pour diriger le gouvernement.
09.07.2024, 20:56
ATS
Des négociations serrées se poursuivent à gauche, mais aussi dans la majorité présidentielle, qui n'exclut pas de composer une alliance avec la droite républicaine. De son côté, le président Emmanuel Macron, qui s'envole mercredi pour le sommet de l'Otan à Washington, se mure dans le silence.
Dimanche, la France s'attendait à une déferlante de l'extrême droite. Mais c'est le Nouveau Front populaire (NFP) que les électeurs ont placé en tête contre toute attente.
A la recherche d'une figure consensuelle
Une hétéroclite alliance de la gauche radicale, des communistes, des socialistes et des écologistes qui se querellaient quotidiennement hier et doivent maintenant s'entendre, à commencer par la désignation d'une figure consensuelle pour incarner leur projet.
Un nom pourrait sortir du chapeau en fin de semaine ou la semaine prochaine. Olivier Faure, patron du Parti socialiste, s'est dit prêt mardi «à assumer cette fonction». Il est décrit par un haut responsable du parti comme «le seul profil qui peut rassurer».
L'autre grande force de gauche, La France insoumise (LFI, radicale) pousse la députée Clémence Guetté, 33 ans, populaire chez les militants et beaucoup moins clivante que son chef Jean-Luc Mélenchon, considéré comme un repoussoir jusque dans son propre camp.
La LFI dissidente Clémentine Autain et l'écologiste Marine Tondelier sont aussi parfois citées.
Mardi, en faisant leur entrée à l'Assemblée nationale, les élus de gauche semblaient exclure d'élargir leur base politique au centre droit, alors même qu'ils ne disposent que de 190 députés, loin de la majorité absolue (289).
Détricoter des mesures phares
La coalition veut abroger sur plusieurs mesures phares du gouvernement sortant, dont la réforme des retraites, très impopulaire, la loi immigration et l'énième réforme de l'assurance chômage. Elle a promis aussi d'augmenter le salaire minimum.
L'agence de notation Moody's a prévenu mardi que l'enterrement de la réforme des retraites et l'absence d'économies budgétaires pourraient peser sur la notation de la France. Sans majorité claire, «voter des lois sera certainement difficile».
Lundi, Emmanuel Macron a demandé à son chef de gouvernement Gabriel Attal de ne pas démissionner pour «assurer la stabilité du pays», alors que Paris accueille les Jeux olympiques dans moins de trois semaines.
Sa marge de manoeuvre est cependant limitée. Le NFP a «solennellement» mis en garde le président contre «toute tentative de détournement des institutions» en cas de maintien prolongé de l'actuel cabinet.
Rester au centre du jeu
Décidé à se battre après une campagne qui a évité la déroute du camp présidentiel, Gabriel Attal réunissait mardi les députés de son camp. Mais le silence présidentiel est pesant. «Quand il faut qu'il ferme sa gueule, il parle. Et quand il faut qu'il parle, il se tait», a lancé un député mardi lors de la réunion, selon une participante.
Les partis de gauche «ne peuvent pas prétendre gouverner à eux tous seuls», a insisté une macroniste, appelant à «une feuille de route commune» des Républicains jusqu'à la gauche sociale-démocrate.
L'hémicycle est désormais un organe tripartite avec, face au NFP, un solide camp macroniste (autour de 160 sièges), et l'extrême droite du Rassemblement national (RN, plus de 140).
En marge, le groupe Les Républicains (LR, droite) compte 66 sièges et pourrait jouer un rôle pivot. Mais entre 30 et 40 de ses députés se réuniront mercredi pour désigner leur président et changer de nom, après l'alliance sans concertation de leur président avec le RN avant le premier tour.
Quant à l'extrême droite, elle accuse le coup après avoir espéré que son président Jordan Bardella devienne Premier ministre. Un échec expliqué en particulier par les dérapages racistes et autres manifestations d'incompétence de nombreux candidats.
Le parti, dont la cheffe de file Marine Le Pen vise la présidentielle de 2027 après avoir été battue aux trois précédentes depuis 2012, entend d'ici là marquer l'Assemblée de son empreinte. Mais elle a enregistré une nouvelle déconvenue, avec l'annonce mardi que sa campagne en 2022 était visée par une enquête pour des soupçons de financement illégal.