Gaza Sept jours de conflit d'une «intensité jamais vue»

ATS

16.5.2021 - 09:48

16.5.2021 - 09:48

Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad Al-Maliki, a accusé dimanche Israël de «crimes de guerre» devant le Conseil de sécurité de l'ONU. L'ambassadeur israélien aux Etats-Unis et auprès de l'ONU, Gilad Erdan, a lui accusé le Hamas d'avoir «prémédité» une guerre avec Israël

Des frappes israéliennes tombent sur Gaza ces derniers jours
Des frappes israéliennes tombent sur Gaza ces derniers jours
KEYSTONE

«Certains ne veulent pas utiliser ces mots, crimes de guerre et crimes contre l'humanité, mais ils savent que c'est la vérité», a dit Riyad Al-Maliki lors d'une réunion en urgence du Conseil de sécurité.

«Israël est impitoyable et implacable dans la poursuite de sa politique coloniale», a-t-il dit, en réclamant au Conseil de sécurité «d'agir pour mettre un terme à l'attaque» d'Israël contre les Palestiniens.

De son côté, M. Erdan, a accusé le mouvement palestinien Hamas d'avoir «prémédité» une guerre avec Israël et de vouloir «s'emparer du pouvoir en Cisjordanie».

Mise en garde contre le risque d'une crise «incontrôlable»

Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU consacrée aux violences au Proche-Orient s'est ouverte dimanche à New York. Les affrontements doivent «cesser immédiatement» car ils risquent «de déclencher une crise sécuritaire et humanitaire incontrôlable» dans la région, a averti le secrétaire général Antonio Guterres.

«Le carnage a continué aujourd'hui. Ce cycle insensé d'effusion de sang, de terreur et de destruction doit cesser immédiatement», a-t-il insisté lors de cette session en visioconférence à laquelle participent plusieurs ministres. Selon des diplomates, une déclaration du Conseil est négociée en parallèle mais l'appui à un texte des Etats-Unis, qui s'y sont refusés depuis une semaine, restait incertain dimanche matin.

«Les affrontements doivent cesser immédiatement. Les roquettes et les mortiers d'un côté et les bombardements aériens et d'artillerie de l'autre doivent cesser», a aussi affirmé Antonio Guterres. «Les affrontements risquent d'entraîner Israéliens et Palestiniens dans une spirale de violence aux conséquences dévastatrices pour les deux communautés et pour toute la région», a-t-il poursuivi.

La violence «a le potentiel de déclencher une crise sécuritaire et humanitaire incontrôlable et d'encourager davantage l'extrémisme, non seulement dans les territoires palestiniens occupés et en Israël, mais dans l'ensemble de la région», a-t-il mis en garde.

«L'intensité de ce conflit, c'est quelque chose que nous n'avons jamais vu auparavant, avec des raids aériens incessants sur Gaza, qui est densément peuplée, et des roquettes qui frappent des grandes villes en Israël», s'est alarmé Robert Mardini, directeur général du CICR. L'organisation a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU «à exercer le maximum d'influence pour mettre fin aux hostilités».

Rythme le plus élevé de roquettes jamais tirées sur Israël

Israël fait face au rythme le plus élevé de roquettes jamais tirées vers son territoire dans le nouveau conflit avec le Hamas au pouvoir dans l'enclave palestinienne de Gaza, a indiqué dimanche l'armée israélienne.

Depuis le 10 mai, les groupes armés de Gaza ont lancé environ 3000 roquettes vers Israël, battant ainsi le rythme des tirs lors d'une escalade en 2019 et de la guerre de 2006 contre le Hezbollah libanais, a indiqué le général Ori Gordin lors d'une rencontre en ligne avec des journalistes.

«Plus de 1000 roquettes qui devaient tomber sur des zones habitées ont été interceptées» depuis lundi, a dans le même temps affirmé le ministre de la Défense Benny Gantz sur Twitter.

L'armée avait indiqué en matinée avoir ciblé 90 positions du Hamas et du Djihad islamique, deuxième groupe armé dans l'enclave, ces dernières 24h à Gaza.

Au moins 42 morts à Gaza, plus lourd bilan quotidien depuis lundi

Au moins 42 Palestiniens dont huit enfants ont été tués dimanche dans des frappes israéliennes sur la bande de Gaza, a rapporté le ministère local de la Santé. Il s'agit du plus lourd bilan quotidien depuis le début du conflit lundi.

Ces décès portent à 188 le nombre de personnes ayant péri dans l'enclave palestinienne depuis lundi. D'après ce dernier bilan du ministère de la Santé à Gaza, 55 enfants figurent parmi les morts.

De même source, 1230 Palestiniens ont été blessés depuis le déclenchement de ce nouveau cycle de violences entre l'armée israélienne et les groupes palestiniens armés à Gaza, dont le Hamas, au pouvoir dans l'enclave de deux millions d'habitants sous blocus.

Ces dernières 24 heures, l'armée israélienne a ciblé à Gaza 90 positions du Hamas et du Jihad islamique, deuxième groupe armé dans l'enclave, a-t-elle indiqué, après des pluies de roquettes sur son sol.

Appel du CICR pour mettre fin aux hostilités

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a appelé dimanche les membres du Conseil de sécurité de l'ONU «à exercer le maximum d'influence pour mettre fin aux hostilités entre Gaza et Israël», un conflit d'une «intensité jamais vue».

«Les populations de Gaza et d'Israël font face au plus intense cycle d'hostilités depuis des années», écrit le CICR dans un communiqué, publié à quelques heures d'une réunion virtuelle du Conseil de sécurité consacré à ces violences.

Le CICR appelle également toutes les parties à «mettre fin à l'escalade (des violences) et assurer un meilleur accès aux personnes touchées dans la bande de Gaza».

«L'intensité de ce conflit, c'est quelque chose que nous n'avons jamais vu auparavant avec des raids aériens incessants contre Gaza, qui est densément peuplé et des roquettes qui frappent des grandes villes en Israël avec pour conséquence des enfants qui meurent des deux côtés», affirme Robert Mardini, le directeur général du CICR.

Protéger les civils

Il souligne que l'accès des gens à Gaza à des hôpitaux ou autres infrastructures importantes est «très compliqué» et il exhorte les parties «à mettre fin à ce cycle de violences», parce que les règles «sont très claires: les civils doivent toujours être protégés et malheureusement cela n'est pas le cas actuellement».

Le communiqué souligne que les bombardements incessants empêchent son accès et celui d'autres organisations humanitaires à porter secours à Gaza et que le CICR communique avec les deux parties sur la nécessité d'adhérer aux règles du droit humanitaire international.

Le CICR indique avoir fait don de brancards, de lits d'hôpitaux et d'équipement médical pour soigner 150 blessés graves à Gaza et avoir visité des victimes de tirs de roquettes dans le centre d'Israël.

Frappes sur la maison d'un dirigeant du Hamas

L'armée israélienne a bombardé dimanche la maison d'un dirigeant du Hamas dans la bande de Gaza, où 17 Palestiniens ont été tués dans de nouvelles frappes alourdissant le bilan de ce nouveau conflit sanglant qui ne connaît aucun répit depuis près d'une semaine.

Les nouvelles violences entre Israël et le mouvement islamiste Hamas au pouvoir dans l'enclave palestinienne sous blocus israélien depuis plus de 10 ans, surviennent à quelques heures d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

Franchissant un nouveau palier dans ses attaques contre le Hamas, ennemi juré de l'Etat hébreu, l'armée israélienne a annoncé sur Twitter avoir «attaqué le domicile de Yahya Sinouar et de son frère, un militant terroriste», publiant une vidéo montrant une maison pulvérisée dans un nuage de poussière.

Mais on ignorait dans l'immédiat le sort de ce chef du bureau politique du Hamas à Gaza. Des témoins ont confirmé cette frappe à l'AFP.

Avant le Conseil de sécurité

Les nouvelles violences ont lieu au lendemain de bombardements à Gaza ayant fauché la vie d'enfants et pulvérisé les locaux de médias internationaux, et de tirs de salves de projectiles de Gaza vers Israël.

Alors que les protagonistes sont restés sourds jusque-là aux appels internationaux à la cessation des hostilités, les tractations diplomatiques s'intensifient avec une réunion virtuelle du Conseil de sécurité prévue à 16h00 (heure suisse).

De son côté, un émissaire américain, Hady Amr, doit rencontrer dans la journée des dirigeants israéliens à Jérusalem et des responsables palestiniens en Cisjordanie occupée.

Et les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne tiennent mardi une visioconférence d'urgence, après «le nombre inacceptable de victimes civiles» selon les termes de Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, sur Twitter.

Médias choqués

Samedi, dix Palestiniens, parmi lesquels huit enfants d'une même famille, ont péri dans une frappe israélienne sur un camp de réfugiés de Gaza.

Un Israélien a, dans la foulée de la frappe, été tué dans la banlieue de Tel-Aviv dans l'explosion de roquettes tirées par le Hamas.

Plus tard, un immeuble de 13 étages qui abritait notamment les équipes de la chaîne d'information qatarie Al-Jazeera et l'agence de presse américaine Associated Press (AP) a été pulvérisé par des frappes israéliennes.

Selon l'armée, qui avait demandé préalablement l'évacuation du bâtiment, l'immeuble abritait «des entités appartenant au renseignement militaire» du Hamas, accusé de se servir de civils comme «boucliers humains».

Soutien de Biden

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui s'est entretenu avec le président américain après ces frappes, a affirmé avoir le soutien «sans équivoque» de Joe Biden.

M. Biden, qui a également parlé au téléphone avec le président palestinien Mahmoud Abbas, a dit soutenir le droit d'Israël «à se défendre» tout en faisant part de sa préoccupation au sujet de «la sécurité des journalistes».

La direction d'AP s'est dite «choquée et horrifiée» par la frappe israélienne. Al-Jazeera a accusé Israël de vouloir «faire taire ceux qui montrent» «les destructions et les morts».

Violences en Cisjordanie

D'après l'armée, 120 roquettes ont été tirées ces dernières heures depuis Gaza vers des villes israéliennes comme Tel-Aviv, et plusieurs dizaines ont été interceptées par le système de défense anti-aérien.

Et l'armée a dit avoir ciblé 90 positions du Hamas et du Djihad islamique ces dernières 24h à Gaza.

Depuis lundi, les secours israéliens affirment avoir pris en charge 636 personnes au total, en comptant les personnes victimes d'attaques de panique.

Ce conflit a commencé en réponse à un barrage de roquettes du Hamas sur Israël, tirées en «solidarité» avec les manifestants palestiniens et les centaines de Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne à Jérusalem-Est. A l'origine des violences, la menace d'expulsion de familles palestiniennes au profit de colons israéliens dans ce secteur palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans.

Les hostilités se sont étendues à la Cisjordanie, autre territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où des heurts avec l'armée israélienne ont fait depuis le 10 mai 19 morts palestiniens dont deux ont succombé à leurs blessures dimanche, selon un bilan palestinien.

Sur son territoire, Israël est également confronté depuis plusieurs jours à des violences inédites et des menaces de lynchages dans ses villes «mixtes», où vivent Juifs et Arabes israéliens.

ATS