«Interrogations»Gabriel Attal croqué par les crocodiles du camp présidentiel ?
AFP
10.1.2024
Ils ont essayé de mordre Elisabeth Borne. Vont-ils croquer Gabriel Attal ? Les crocodiles du camp présidentiel n'ont pas manqué de montrer les dents avant même la nomination du jeune Premier ministre, qui devra aussi composer avec la marge de manoeuvre que lui laissera le chef de l'Etat.
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10.01.2024, 15:25
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Un délai entre la démission de l'une et la nomination de l'autre a suffi à alimenter des spéculations sur d'éventuelles résistances internes face à l'ambitieux promu, notamment des ministres de l'Intérieur et des Finances Gérald Darmanin et Bruno Le Maire, qui les ont vigoureusement démenties.
Car Gabriel Attal, devenu à 34 ans le plus jeune Premier ministre français, pourrait leur faire de l'ombre ainsi qu'à d'autres prétendants à la succession d'Emmanuel Macron.
«On peut comprendre que Bruno Le Maire n’ait pas envie d'être sous l’autorité de son ancien ministre délégué au Budget, qu'Edouard Philippe et François Bayrou (patrons d'Horizons et du MoDem, ndlr) voient un concurrent arriver avec un bâton de maréchal», note un cadre de la majorité.
Le chemin s'annonce d'autant plus ardu pour le chef du gouvernement qu'il a été adoubé par le président la République lui-même comme un des «talents» qui seront amenés à «continuer le combat». En clair à reprendre son héritage.
Emmanuel Macron, qui ne peut pas constitutionnellement se représenter en 2027, «assume la responsabilité de la promotion et de la formation de cette génération Macron», insiste son entourage.
«Interrogations»
Bruno Le Maire a tardivement félicité le nouveau chef du gouvernement mardi dans un message sur X assorti d'une photo où il met une main presque paternaliste sur son épaule. Gérald Darmanin lui a adressé de très laconiques «félicitations».
Mais le ministre de l'Intérieur et Gabriel Attal ont programmé un déplacement ensemble mercredi après-midi dans un commissariat du Val d'Oise.
Le locataire de la place Beauvau avait semblé lancer la course à la succession d'Emmanuel Macron l'été dernier. Mais son initiative avait été fraîchement accueillie par le chef de l'Etat, et Gérald Darmanin joue depuis profil bas.
Il a fait savoir par son entourage qu'il avait obtenu des assurances de rester au ministère de l'Intérieur. Quand à Bruno Le Maire, il plaide pour la «stabilité» à Bercy.
De son côté, le patron du MoDem François Bayrou a exprimé publiquement ses «interrogations» mercredi dans Le Parisien sur le choix de Gabriel Attal, notamment s'agissant de «l'expérience nécessaire» pour occuper Matignon alors que le pays «traverse de si profondes difficultés».
Le jeune promu retrouvera à Matignon la «culture de Bercy» où lui même a piloté le Budget, avec comme directeur de cabinet Emmanuel Moulin, actuel directeur du Trésor, un «ami» de Bruno Le Maire dont il a été le directeur de cabinet mais surtout un proche du secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler.
«Attal sera quand même très encadré. Emmanuel Moulin est proche d'Alexis, il ne va pas venir challenger (ce dernier)», témoigne un haut fonctionnaire passé par Matignon.
«Enfermement»
En dépit de cette mainmise de l'Elysée, ce responsable pense que la complicité entre les deux têtes de l'exécutif, qui n'existait pas avec Elisabeth Borne, pourrait permettre au chef de gouvernement de «faire passer des convictions».
Gabriel Attal est en outre «éminemment sympathique», ce qui peut l'aider dans l'animation de l'équipe gouvernementale, selon lui.
Le jeune chef du gouvernement peut sortir de «l'enfer» de Matignon «s'il n'en fait pas un enfermement», a jugé sur RTL Mayada Boulos, qui a travaillé cinq ans avec lui au ministère des Affaires sociales sous l'autorité de la socialiste Marisol Touraine et a dirigé la communication de l'ex-Premier ministre Jean Castex.
A peine la passation de pouvoir terminée, Gabriel Attal s'est d'ailleurs rendu mardi dans le Pas-de-Calais auprès des victimes des inondations.
Outre la guerre de succession, les alliés «font sûrement monter les enchères pour peser sur la composition du gouvernement», d'autant plus que l'équipe pourrait être resserrée, estime un cacique du camp présidentiel. Chaque composante de la majorité tient à conserver le maximum d'influence au sein de la nouvelle équipe.