France Hommage dans les écoles à l'enseignant tué Samuel Paty

ATS

15.10.2021 - 14:21

À la veille de la date anniversaire de l'assassinat de Samuel Paty, tous les établissements scolaires de France rendaient hommage vendredi au professeur d'histoire, devenu martyr de la liberté d'expression face à l'obscurantisme. Il avait été décapité par un jeune islamiste tchétchène pour avoir montré en classe des caricatures de Mahomet.

Les élèves du lycée René Cassin high school observent une minute de silence en ce 15 octobre pour l'enseignant décapité il y a un an.
Les élèves du lycée René Cassin high school observent une minute de silence en ce 15 octobre pour l'enseignant décapité il y a un an.
KEYSTONE

Minute de silence, débats en classe, projection de documentaires autour de la laïcité... Charge aux équipes pédagogiques de décider du contenu de cet hommage.

«Les établissements ont la liberté de s'organiser. Cela pourra prendre la forme d'échange, de discussion. C'est l'occasion de parler de la place du professeur, du savoir», a expliqué jeudi le ministre français de l'Education Jean-Michel Blanquer.

Samuel Paty, 47 ans, a été poignardé puis décapité le 16 octobre 2020 dans une rue voisine de son collège du Bois d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, ville tranquille en région parisienne, alors qu'il rentrait chez lui. Son assassin, un réfugié tchétchène radicalisé de 18 ans, tué peu après par la police, lui reprochait d'avoir montré des caricatures de Mahomet en classe, et avait donné de l'argent à des jeunes collégiens pour qu'ils lui montrent qui était M. Paty.

Liberté pédagogique

À Villeneuve-d'Ascq (nord), des élèves de Première générale du lycée Raymond-Queneau âgés de 15 ans ont échangé pendant une heure vendredi matin autour de la liberté d'expression, lors d'un cours d'éducation morale et civique.

«Qu'est-ce pour vous la liberté d'expression? Est-ce que vous vous sentez libres de vous exprimer dans la vie de tous les jours sans blesser les autres? A-t-on le droit de blasphémer?», demande Anne-Sophie Branque, professeure d'histoire-géographie.

«Samuel Paty avait fait un cours en parlant du prophète», avance Chaymae, une élève de la classe. «Non, il a fait un cours sur la liberté d'expression en utilisant des caricatures de Charlie Hebdo en tant qu'exemple», reprend la professeure. «Attention à ce que vous avez comme information. Il ne faut surtout pas faire d'amalgame. On a dans nos cours la liberté pédagogique. Samuel Paty a fait son cours sans offenser l'autre.»

Liberté d'expression

«Certains ne peuvent pas avoir ces débats à la maison et du coup c'est pas leur opinion, c'est celle de leurs parents qui parle. C'est important d'échanger pour se forger une opinion», salue Corentin, élève de 4e dans le collège des Battières à Lyon (sud-ouest), où Samuel Paty fit ses débuts comme enseignant-stagiaire au début des années 90.

«La liberté d'expression c'est un droit capital de l'homme, on n'a pas à se faire tuer pour s'être exprimé», rebondit Elias au premier rang de la classe. «Un prof c'est indispensable, ce prof était indispensable. Et pourtant il n'est plus prof, il n'est même plus du tout.»

«Emotion qui remonte»

Il est «extrêmement difficile» d'expliquer aux enfants ce qui s'est passé le 16 octobre 2020 mais «c'est important de dire la vérité aux enfants», a déclaré la ministre française de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal, sur la radio Franceinfo.

En revanche, Jean-Michel Blanquer a prévenu : si ces hommages venaient à être «perturbés», les élèves concernés seront «sanctionnés», a-t-il insisté.

Mercredi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait appelé les préfets à une «vigilance totale» lors de cet hommage, particulièrement «dans et aux abords des établissements scolaires».

La grande mosquée de Paris a indiqué que son recteur et ses imams se recueilleraient vendredi matin devant le collège où enseignait Samuel Paty.

Du côté des enseignants, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire (collèges et lycées), explique qu'on «sent beaucoup d'émotion qui remonte chez les profs à la veille de cet hommage, face aux souvenirs et au choc que cela a représenté».