"10'000 morts" Kiev s'inquiète de l'aggravation de la situation à Marioupol

ATS

28.3.2022 - 21:31

Les autorités ukrainiennes s'inquiétaient lundi d'une aggravation de la situation dans le port assiégé de Marioupol, où au moins 5000 personnes auraient déjà péri. De nouveaux pourparlers entre négociateurs russes et ukrainiens devaient se dérouler mardi à Istanbul.

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KEYSTONE/AP Photo/Felipe Dana

28.3.2022 - 21:31

Selon une conseillère de la présidence ukrainienne, Tetyana Lomakina, «environ 5000 personnes ont été enterrées, mais les gens ne sont plus enterrés depuis dix jours à cause des bombardements continus». Elle a estimé qu'"au vu du nombre de personnes encore sous les décombres (...) il pourrait y avoir autour de 10'000 morts».

Plus d'un mois après le début de l'invasion russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait dénoncé dimanche un blocus total de ce port stratégique sur la mer d'Azov, dont l'armée russe tente de s'emparer depuis fin février. Environ 160'000 personnes sont toujours coincées, selon son maire Vadim Boïtchenko.

Et avec l'annonce vendredi par Moscou d'"une concentration de ses efforts sur la libération» du Donbass, un conseiller de la présidence ukrainienne a indiqué redouter une «aggravation» de la situation. Le président français a indiqué dimanche qu'il parlerait à son homologue russe Vladimir Poutine lundi ou mardi pour organiser une opération d'évacuation de la ville.

Combats acharnés

De nouveaux combats se déroulaient par ailleurs dans plusieurs localités autour de Kiev. A Stoyanka, à la lisière ouest de Kiev, village devenu fantôme après des semaines de bombardements, des habitants faisaient leur retour, après avoir entendu que les forces ukrainiennes avaient chassé les troupes russes. Mais à un combattant ukrainien les mettait en garde contre les snipers russes.

Des combats acharnés se déroulaient aussi dans l'est du pays. A la périphérie nord-est de Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine proche de la frontière russe, Saltivka, quartier de hautes barres d'immeubles pilonné par l'armée russe, n'est plus qu'une cité fantôme balayée où ne survivent, terrés dans les caves, qu'une poignée de vieillards, selon des journalistes de l'AFP.

Dans le sud du pays, l'étau russe semblait aussi se desserrer autour de certaines villes, comme Mykolaïv, ville-verrou sur la route d'Odessa. Les habitants semblaient retrouver un peu d'espoir, après des semaines pendant lesquelles l'armée russe a tenté en vain de prendre la ville. Le front a même sensiblement reculé, avec une contre-offensive ukrainienne sur Kherson, à quelque 80 km au sud-est.

Neutralité de l'Ukraine sur la table

Sur le front diplomatique, les négociateurs russes sont arrivés lundi à Istanbul pour une nouvelle session de pourparlers avec les Ukrainiens qui devrait débuter mardi. Une précédente séance de négociations avait déjà eu lieu le 10 mars en Turquie, à Antalya, au niveau des ministres des Affaires étrangères. Elle n'avait débouché sur aucune avancée concrète.

Un des points importants des négociations porte sur «les garanties de sécurité et la neutralité, le statut dénucléarisé de notre Etat», a déclaré dimanche le président Zelensky à des médias russes. Ce point «est étudié en profondeur», mais il nécessitera un référendum et des garanties de sécurité, a-t-il prévenu.

4 millions d'Ukrainiens en fuite

Les discussions s'étaient poursuivies depuis le 10 mars en visioconférence pour tenter d'arrêter ce conflit qui a déjà contraint près de 3,9 millions d'Ukrainiens à fuir leur pays selon l'ONU, et causé plus de 500 milliards d'euros de pertes économiques à l'Ukraine selon une estimation de la ministre ukrainienne de l'Economie.

La commissaire européenne Ylva Johansson a estimé qu'il fallait «encourager» les réfugiés d'Ukraine actuellement en Pologne à aller vers des pays de l'UE qui sont moins sous pression, à l'occasion d'une réunion extraordinaire des ministres de l'Intérieur des 27 à Bruxelles.

Des quotas de répartition des réfugiés, tels que décidés lors de la crise de 2015-2016, ne sont pas à l'ordre du jour. Les discussions entre Etats membres pour soulager les pays frontaliers de l'Ukraine se font sur la base du volontariat.

De son côté, l'ONU va chercher à mettre en place un «cessez-le-feu humanitaire» entre la Russie et l'Ukraine, a annoncé le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Elle compte dépêcher à Moscou et à Kiev son secrétaire général adjoint chargé de l'humanitaire.

Nouvelles restrictions

Le journal indépendant russe Novaïa Gazeta, dont le rédacteur en chef Dmitri Mouratov a reçu en 2021 le Nobel de la Paix, est le dernier en date à avoir annoncé, lundi, suspendre ses publications en ligne et au format papier jusqu'à la fin de l'opération militaire en Ukraine.

M. Lavrov a de son côté indiqué qu'un décret était en préparation pour limiter l'accès au territoire russe aux ressortissants de pays auteurs d'actes «inamicaux» à l'égard de la Russie, visée par une multitude de sanctions depuis son offensive.

ATS