Etats-UnisL'accès au vote, une bataille politique acharnée aux Etats-Unis
ATS
21.10.2021 - 07:41
La présidentielle américaine de 2020 fut celle à la plus forte participation de l'histoire du pays, malgré la pandémie de Covid-19 et les efforts de Donald Trump et ses alliés pour saper la confiance du public dans le système électoral. En dépit de cela, l'élection est largement considérée comme la plus sûre de l'histoire électorale des Etats-Unis.
Keystone-SDA
21.10.2021, 07:41
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Pourtant, plusieurs Etats à travers le pays se sont attelés ces derniers mois à utiliser les allégations infondées de fraudes pour faire passer des lois, qui visent, selon leurs détracteurs, à restreindre les droits de vote des minorités. Ces dernières penchent historiquement du côté démocrate.
«Le Sénat des Etats-Unis doit agir pour protéger le droit constitutionnel sacré de voter, qui fait l'objet d'attaques incessantes par des partisans du 'Big Lie' [le grand mensonge, en français, ndlr], a déclaré le président américain Joe Biden, en référence aux efforts de son prédécesseur à la Maison-Blanche Donald Trump pour décrédibiliser l'élection de 2020. «C'est urgent. La démocratie, l'âme même de l'Amérique, est en jeu», a-t-il affirmé.
33 nouvelles lois
En Géorgie, dans le sud des Etats-Unis, les personnes distribuant des boissons et des encas aux électeurs qui attendent de voter peuvent désormais être poursuivies. Au Texas, la promotion du vote par correspondance par les responsables électoraux est à présent bannie. Des lois similaires dans une dizaine d'autres Etats rendent l'accès au vote plus difficile, selon des associations.
«Ces lois à l'échelle des Etats ciblent souvent les électeurs historiquement sous-représentés, notamment ceux issus de minorités, de même que les plus pauvres et ceux en situation de handicap», soutient le Center for American Progress. Au début octobre, au moins 19 Etats avaient ratifié 33 lois restreignant l'accès au vote, selon le Brennon Center for Justice, classé à gauche.
Au niveau fédéral, le Sénat n'a pu se mettre d'accord mercredi pour débattre d'un projet de loi porté par les démocrates, intitulé «Freedom to Vote» ("Liberté de voter"), portant un ensemble de mesures sur le droit de vote, le redécoupage électoral et le financement des campagnes.
«Mainmise des démocrates»
Les démocrates n'ont pas pu obtenir les 60 votes nécessaires à l'ouverture du débat, le responsable républicain Mitch McConnell appelant ses pairs à rejeter «la dernière tentative de mainmise des démocrates sur la manière dont vote chaque Américain à travers le pays».
«Que l'on ne s'y trompe pas: le refus des sénateurs républicains d'ouvrir les débats aujourd'hui constitue une approbation implicite des horribles lois» restreignant l'accès au vote, a lancé après le vote le responsable des démocrates au Sénat Chuck Schumer.
Pour les responsables républicains au congrès, si la dernière élection n'a pas été volée, de nouvelles lois imposant, par exemple l'obligation de présenter une pièce d'identité avec photographie pour voter – une disposition normale dans beaucoup de pays -, relèvent du bon sens.
Parmi les mesures proposées par les démocrates figurent l'enregistrement automatique sur les listes électorales et possible le jour du vote, ou la mise en place d'un jour férié pour les jours de vote, qui ont toujours lieu un jour de semaine aux Etats-Unis.
«Coup d'Etat au ralenti»
Mais plus fondamentalement, le projet cherchait à réduire l'influence de l'argent dans la politique, à mettre fin au redécoupage partisan des circonscriptions et à renforcer les élections face aux ingérences étrangères.
Les élections américaines sont gérées au niveau local et les républicains considèrent souvent les directives venant de Washington sur le processus électoral des Etats comme une ingérence fédérale malvenue.
Pour autant, c'est ce que s'efforce de faire Donald Trump depuis plus d'un an. Avant même sa défaite, et sans une once de preuve, le milliardaire s'est lancé dans une croisade pour convaincre des millions d'Américains que l'élection présidentielle de 2020 était frauduleuse.
Faisant pression sur les responsables électoraux de plusieurs Etats afin qu'ils invalident les résultats après le vote, le républicain a fait la promotion de théories du complot afin d'attiser une colère parmi ses électeurs, qui a culminé avec l'assaut sur le Capitole à Washington le 6 janvier.
Joe Biden a été investi comme président, mais le «Big Lie» de Donald Trump continue son travail de sape. Pour Fiona Hill, une ancienne conseillère de Donald Trump, tout cela relève d'un «coup d'Etat au ralenti».
En août, un sondage de l'institut YouGov affirmait que deux tiers des républicains pensaient que l'élection avait été volée à Donald Trump.