Algérie L'après-Bouteflika s'ouvre en Algérie

ATS

3.4.2019 - 21:29

Cible depuis le 22 février d'une contestation inédite, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans dont 20 années à la tête de l'Algérie, a remis mardi soir sa lettre de démission.
Cible depuis le 22 février d'une contestation inédite, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans dont 20 années à la tête de l'Algérie, a remis mardi soir sa lettre de démission.
Source: KEYSTONE/AP entv

Après plus d'un mois de contestation, les Algériens, qui se disent déterminés à venir à bout du «système» tout entier, voient s'ouvrir mercredi une nouvelle ère, au lendemain de la démission d'Abdelaziz Bouteflika. Il a été président durant deux décennies.

Dans le sillage de ce séisme politique, le Conseil constitutionnel a «fait le constat de la vacance définitive de la présidence de la République» et en a informé le Parlement, conformément à la Constitution, selon la télévision nationale. Aucune date n'a été annoncée pour la réunion des deux chambres du Parlement, l'Assemblée populaire nationale (APN, chambre basse) et le Conseil de la Nation, prochaine étape prévue par la Constitution.

Toujours selon la Constitution, c'est le président du Conseil de la Nation (chambre haute), Abdelkader Bensalah, 77 ans, qui est chargé d'assurer l'intérim pendant 90 jours maximum. Il devra dans ce délai organiser une élection présidentielle à deux tours et remettre le pouvoir au nouveau chef de l'Etat élu lors de ce scrutin auquel, en tant que président par intérim, il ne peut se présenter.

Avant l'annonce choc de mardi soir, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, aura tenté de s'accrocher coûte que coûte au pouvoir. Autrefois président tout puissant, il a finalement lâché prise quelques heures après avoir été ouvertement défié par l'armée et au bout de près d'un mois et demi de contestation populaire.

Très affaibli depuis un AVC en 2013 mais longtemps décidé à briguer un 5e mandat, le président Bouteflika a remis mardi sa lettre de démission au chef du Conseil constitutionnel Tayeb Belaïz, selon des images diffusées par la télévision nationale. Cette décision «est destinée à contribuer à l'apaisement des coeurs et des esprits de mes compatriotes, pour leur permettre de projeter ensemble l'Algérie vers l'avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement», explique le chef de l'Etat dans sa lettre.

Mercredi, le président démissionnaire «demande pardon» aux Algériens dans une lettre «d'adieux» publiée par l'agence officielle APS, tout en assurant avoir gouverné avec «sincérité et loyauté».

«Sortie affligeante»

Avant de se projeter sur l'«après», la presse algérienne a acté mercredi la fin d'une époque.

Abdelaziz Bouteflika «n'aurait jamais imaginé une sortie de scène aussi affligeante, lui qui avait juré de 'mourir au pouvoir'«, a commenté le quotidien indépendant francophone El Watan, selon qui l'armée «n'avait pas trop le choix» face au jusqu'au boutisme du président. «Le 'Tsunami' du mouvement populaire restitue le pouvoir au peuple», a de son côté estimé le quotidien indépendant arabophone El Khabar.

Ali Benflis, ancien Premier ministre d'Abdelaziz Bouteflika devenu un de ses principaux opposants, a estimé pour sa part que la démission du président constituait «l'épilogue affligeant de deux décennies d'un immense gâchis», tout en saluant le rôle de l'armée.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a espéré mercredi que l'Algérie connaisse «une transition pacifique et démocratique».

Appel à manifester

A Alger, mardi soir, un concert de klaxons a accueilli la fin d'une époque, et des Algérois, munis du drapeau national, ont défilé dans le centre ville.

Depuis le 22 février, des millions de manifestants à travers l'Algérie ont réclamé dans le calme le départ d'Abdelaziz Bouteflika puis, rapidement, celui de son entourage et du «système». «La démission de Bouteflika (...) est une première victoire (...) mais celle-ci ne suffit pas», ont indiqué mercredi une vingtaine d'associations de la société civile. Elles ont dit refuser une «transition au sein même du pouvoir» et appelé à manifester à nouveau vendredi pour le «changement démocratique».

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