Espagne L'Espagne va retourner aux urnes en novembre

ATS

17.9.2019 - 23:53

Le roi d'Espagne Felipe VI a annoncé mardi qu'il n'allait proposer aucun candidat au poste de chef de gouvernement. Le Parlement va être dissous et l'Espagne va retourner aux urnes le 10 novembre pour la quatrième fois en quatre ans.

«Aucun candidat ne compte les appuis nécessaires pour que la chambre des députés lui octroie sa confiance», indique un communiqué du palais royal. Le socialiste Pedro Sanchez, vainqueur des élections législatives de la fin avril, mais sans majorité absolue à la chambre, n'est pas parvenu à obtenir les soutiens nécessaires à sa reconduction au pouvoir.

«Le pays est voué à [organiser, ndlr] de nouvelles élections le 10 novembre», a reconnu mardi M. Sanchez après avoir été reçu par le roi d'Espagne Felipe VI qui menait depuis lundi des discussions de la dernière chance.

«Le résultat est clair: il n'y a aucune majorité à la chambre des députés pouvant garantir la formation d'un gouvernement», a ajouté le socialiste. «J'ai essayé par tous les moyens, mais ils m'ont rendu la tâche impossible», a-t-il encore dit en référence à ses adversaires, qui l'ont eux accusé d'avoir voulu dès le départ de nouvelles élections.

Instabilité depuis 2015

Cette annonce est intervenue après deux jours de consultations de la dernière chance menées par le souverain au palais de la Zarzuela avec les chefs des partis représentés au Parlement.

L'Espagne souffre d'instabilité politique depuis que le bipartisme a volé en éclats en 2015 avec l'entrée en force au Parlement de la gauche radicale de Podemos et des libéraux de Ciudadanos. Le Parlement est encore plus fragmenté depuis l'émergence de l'extrême droite de Vox au dernier scrutin.

Dans un contexte délicat pour l'Espagne sur fond de ralentissement économique et à quelques semaines de la sentence judiciaire sensible contre douze indépendantistes catalans, cette nouvelle impasse va entraîner la dissolution automatique du Parlement le 23 septembre et la convocation d'un quatrième scrutin en quatre ans.

En juillet, M. Sanchez avait échoué à obtenir la confiance des députés, faute d'accord avec la gauche radicale de Podemos sur un gouvernement de coalition. Les discussions avec Podemos avaient repris depuis lors, mais sans sortir de l'impasse. La gauche radicale exigeait toujours de rentrer au gouvernement alors que les socialistes proposaient eux un simple programme commun.

Offre surprise des libéraux

Le parti libéral Ciudadanos a bien fait une offre surprise de dernière minute, mais elle semblait vouée à l'échec. Albert Rivera, le chef de Ciudadanos, avait proposé l'abstention sous conditions de sa formation et celle des conservateurs du parti populaire, pour faciliter l'investiture de M. Sanchez, dont il ignorait jusque-là les appels du pied.

Mais il exigeait en échange que M. Sanchez s'engage à ne pas gracier les indépendantistes catalans s'ils sont condamnés prochainement par la cour suprême pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017. Il réclamait aussi que les socialistes défassent le gouvernement régional qu'ils ont formé en Navarre et s'allient à la droite afin que leur majorité ne dépende pas du parti séparatiste basque Bildu.

Dans tous les cas, le PP, dont les voix étaient indispensables pour que cette offre prospère, a rejeté cette proposition.

Socialistes en tête dans les sondages

Net vainqueur des législatives du 28 avril et des européennes de mai, le parti socialiste de M. Sanchez reste favori des sondages. Il pourrait gagner des sièges à la chambre des députés, où il en compte 123 sur 350.

Mais selon les dernières enquêtes d'opinion, il ne semble pas en mesure d'obtenir à lui seul la majorité absolue, ce qui laisserait entier le problème de la formation d'un futur gouvernement.

«Le nouveau parlement pourrait ressembler à l'actuel [...] la formation du gouvernement serait donc loin d'être facile» et «il est donc peu probable que le pays ait un nouveau gouvernement en fonction d'ici à la fin de l'année», estime Antonio Barroso, analyste chez Teneo.

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