Chute d'Assad: les réactions internationalesLa fin de la «dictature» saluée et appels à éviter le «chaos»
bu
8.12.2024 - 21:29
La fin d'un «régime dictatorial», une «opportunité pour les Syriens» et des appels à éviter le «chaos» et à protéger les civils: la communauté internationale a les yeux rivés dimanche sur la Syrie avec la chute de Bachar al-Assad.
Keystone-SDA, bu
08.12.2024, 21:29
08.12.2024, 21:45
ATS
«Enfin, le régime d'al-Assad est tombé», a lancé Joe Biden, estimant que le dirigeant déchu devrait «rendre des comptes» pour les «centaines de milliers de Syriens innocents» qui ont été «maltraités, torturés et tués». Saluant une «opportunité historique» pour les Syriens de «construire un meilleur avenir», le président américain a aussi mis en garde contre «les risques et l'incertitude» qui découlent de la situation.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a également estimé qu'«après 14 ans de guerre brutale et la chute du régime dictatorial, le peuple syrien peut aujourd'hui saisir une occasion historique de construire un avenir stable et pacifique». Mais il a tenu à appeler à «éviter la violence en cette période sensible, tout en protégeant les droits de tous les Syriens, sans distinction».
Conséquences «pas encore mesurées»
La Russie, un des principaux soutiens au régime syrien, a offert l'asile à Bachar al-Assad et sa famille sur la «base de considérations humanitaires», selon les agences TASS et Ria Novosti. Moscou a demandé pour lundi une réunion d'urgence à huis clos du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation en Syrie.
Le représentant adjoint de la Russie auprès de l'ONU, Dmitri Polianski, a estimé que «la profondeur et les conséquences (des événements en Syrie) pour ce pays et l'ensemble de la région n'ont pas encore été mesurées».
L'Iran, soutien indéfectible de Bachar al-Assad et dont l'ambassade à Damas a été saccagée par des manifestants après la chute de la capitale aux mains des rebelles, a dit souhaiter la poursuite de «relations amicales» avec la Syrie.
La Chine «suit de près l'évolution de la situation en Syrie et espère que la Syrie retrouvera la stabilité dès que possible», a écrit le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué. Si la Russie et l'Iran ont été les plus proches soutiens de la Syrie ces dernières années, les liens de Damas avec la Chine se sont renforcés.
«Faiblesse» des alliés d'Assad
Israël a salué la chute d'un «maillon central» de «l'axe du mal» dirigé par l'Iran. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu y voit «une conséquence directe» des coups portés à l'Iran et au Hezbollah.
Sa chute est «positive» et était «attendue depuis longtemps» tout en montrant «également la faiblesse des soutiens d'Assad, la Russie et l'Iran», a dit la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.
Le président polonais Donald Tusk a lui aussi estimé que «les évènements en Syrie ont fait prendre conscience au monde une fois de plus, ou du moins il devrait le faire, que même le régime le plus cruel peut tomber et que la Russie et ses alliés peuvent être vaincus».
L'Ukraine, en guerre et envahie par la Russie en 2022, a elle affirmé que «les dictateurs qui ont parié sur Poutine» étaient voués à la chute.
«Barbarie»
L'UE est prête à aider à reconstruire une Syrie qui protège les minorités après la chute de «la cruelle dictature» d'Assad, a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
«L'Etat de barbarie est tombé», s'est félicité le président français Emmanuel Macron tout en soulignant que la France restait «engagée pour la sécurité de tous au Moyen-Orient» dans la région.
Londres a également salué la chute d'un «régime barbare», le Premier ministre Keir Starmer soulignant que «la priorité est désormais de garantir qu'une solution politique prévale».
Appel de la Suisse
En Suisse, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a appelé toutes les parties impliquées dans le conflit à respecter le droit international humanitaire. Les civils doivent être protégés. Les parties à la guerre civile devraient oeuvrer à la paix et à la réconciliation.
«L'Espagne va pousser, avec tous les pays les plus impliqués dans la région (...), pour que quelle que soit la solution pour l'avenir de la Syrie, elle soit pacifique», a affirmé le chef de la diplomatie José Manuel Albares.
Eviter le «chaos»
De son côté, la Turquie, qui a soutenu certains groupes rebelles, a affirmé qu'elle allait intensifier sont travail «avec les pays de la région et les acteurs internationaux dans les prochains jours» pour assurer une «transition en douceur». Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a affirmé que la Turquie voulait aider la Syrie à «garantir son unité» et «sa sécurité».
Les talibans afghans ont eux «félicité» les rebelles syriens.
L'Arabie saoudite, qui avait soutenu les groupes rebelles syriens au début du conflit mais avait repris les relations bilatérales avec Damas après sa réintégration dans la Ligue arabe en 2023, a appelé à des efforts concertés pour protéger la Syrie du «chaos et de la division».
Anwar Gargash, conseiller du président des Emirats arabes unis, a exhorté les Syriens à «travailler ensemble» pour éviter «le chaos».
Le Qatar a également appelé à tout faire pour empêcher la Syrie de «sombrer dans le chaos», tandis que la Jordanie a appelé ses citoyens à quitter le territoire syrien «le plus tôt possible».
Pour le chancelier allemand Olaf Scholz, «il est désormais essentiel que la loi et l'ordre soient rapidement rétablis en Syrie» et que cessent les «ingérences» étrangères dans le pays, une allusion notamment à la Russie, à l'Iran et la Turquie.
Le président Assad renversé par l'offensive rebelle en Syrie
Le pouvoir de Bachar al-Assad s'est effondré dimanche en Syrie face à l'offensive fulgurante de groupes rebelles menés par des islamistes radicaux, qui a mis fin à cinq décennies de règne sans partage de la famille Assad.