France250'000 personnes défilent contre l'extrême droite
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15.6.2024 - 19:43
Au moins 250'000 personnes ont défilé samedi en France contre l'extrême droite, en position de force à l'approche des législatives convoquées par le président Emmanuel Macron, alors que la nouvelle coalition de gauche connaît déjà de premières fissures.
Keystone-SDA, cc
15.06.2024, 19:43
ATS
Syndicats, associations et partis de gauche avaient appelé à un «raz-de-marée populaire» pour conjurer une nouvelle victoire du Rassemblement national (RN, extrême droite) les 30 juin et 7 juillet, après son triomphe dimanche aux européennes qui a conduit le chef de l'Etat à dissoudre l'Assemblée nationale.
Selon les autorités, les manifestations ont rassemblé 250'000 personnes dans le pays, dont 75'000 dans la capitale. Le syndicat contestataire CGT en a, lui, dénombré 640'000, dont 250'000 dans la capitale.
Au total, environ 200 manifestations sont prévues dans le pays pendant le week-end, à deux semaines de législatives qui provoquent une recomposition chaotique de la vie politique en France.
«On est potentiellement dans un moment de bascule de la démocratie», a estimé Marylise Léon, la cheffe de la CFDT, l'un des cinq syndicats qui appelaient à la mobilisation.
Pour barrer l'extrême droite, les principaux partis de gauche, de La France Insoumise (LFI, gauche radicale) aux socialistes en passant par les Ecologistes, ont réussi à s'allier à la hâte en mettant de côté leurs divergences sur l'Ukraine ou la guerre à Gaza.
Mais leur coalition baptisée Nouveau Front populaire a connu ses premières tensions samedi après la décision de LFI de ne pas réinvestir des opposants au chef de file du parti, Jean-Luc Mélenchon.
Les élus mis à l'écart ont dénoncé «une purge» et accusé M. Mélenchon, candidat malheureux trois fois à la présidentielle et figure clivante, de «régler ses comptes».
D'autres ont déploré qu'Adrien Quatennens, proche de ce leader de la gauche radicale, ait lui été réinvesti alors qu'il a été condamné en 2022 pour violences conjugales.
«Purge»
«Extrêmement choquée» par cette «purge», la patronne des Ecologistes Marine Tondelier a convoqué les instances de son parti. Le patron des socialistes Olivier Faure a de son côté jugé sur X «scandaleuse» l'"éviction» des députés LFI.
Défenseur de l'union de la gauche malgré son animosité vis-à-vis de LFI, l'ancien président socialiste de la République François Hollande (2012-2017) a parallèlement crée la surprise en annonçant sa candidature aux législatives en Corrèze (centre). «Si j'ai pris cette décision, c'est parce que j'ai estimé que la situation était grave, plus qu'elle ne l'a jamais été», a-t-il justifié.
Le président Macron, qui participe ce week-end à un G7 en Italie et à un sommet sur l'Ukraine en Suisse, a qualifié les divergences à gauche de «spectacle de grande incohérence»: «On est chez les fous, ce n'est pas sérieux».
Le président du Rassemblement national Jordan Bardella, qui vise le poste de premier ministre à 28 ans, a estimé que seules «deux formations politiques» pourront «composer un gouvernement»: la sienne et cette nouvelle union de la gauche.
Son parti fait pour le moment la course en tête dans les enquêtes d'opinion. Un sondage Opinionway publié samedi le crédite de 33% des intentions de vote, devant le Nouveau Front populaire (25%) et la majorité présidentielle (20%).
A la traîne, la droite républicaine se déchire depuis l'appel du président des Républicains Eric Ciotti à s'allier avec le RN. Vendredi, le tribunal de Paris a provoqué un énième rebondissement en invalidant son exclusion.
Sans se référer spécifiquement à la France, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, dont le pays accueillait le G7, a dit espérer que l'Europe prenne en compte le «message» envoyé aux élections européennes, marquées par une poussée de l'extrême droite.