AllemagneLe gouvernement s'accorde sur le budget et évite la crise
ATS
5.7.2024 - 10:50
Le gouvernement allemand d'Olaf Scholz a sauvé sa peau en arrachant un accord sur les contours du budget fédéral pour l'an prochain. Ce après des semaines de tractations entre partisans de la rigueur et des dépenses, qui ont fait vaciller la coalition.
Keystone-SDA
05.07.2024, 10:50
ATS
«Un accord a été trouvé» au bout de la nuit entre le chancelier, son vice-chancelier et ministre écologiste de l'Economie Robert Habeck et le ministre libéral des Finances Christian Lindner, a indiqué vendredi matin une source proche de la coalition. Les leaders de la coalition négociaient depuis plusieurs semaines, avec une dernière session qui avait débuté jeudi après-midi.
Aucun détail n'a immédiatement filtré de ce compromis, qui répond aux exigences constitutionnelles du frein à l'endettement et comprend également un plan de soutien à la croissance. L'ensemble doit être présenté par M. Scholz dans la matinée aux groupes parlementaires qui composent la coalition tripartite au pouvoir.
«Compte tenu de la situation mondiale, il aurait été totalement irresponsable que le gouvernement s'effondre maintenant», a réagi le député écologiste Anton Hofreiter. L'Allemagne a «une grande responsabilité» quant à la cohésion de l'Europe et à sa capacité à se défendre, a-t-il ajouté.
30 milliards d'économies
Des semaines d'âpres négociations ont été nécessaires entre les partenaires de la très impopulaire coalition en place depuis fin 2021.
Les trois partis qui la composent étaient sous pression après avoir enregistré de piètres résultats au récent scrutin européen. Et ils n'obtiendraient ensemble qu'à peine plus de 30% des voix en cas de nouvelle élection législative, selon un sondage dévoilé vendredi par la chaîne publique ARD.
L'opposition conservatrice CDU-CSU, créditée de près de 30% des voix, pourrait de son côté envisager de revenir au pouvoir. Les prochaines élections sont prévues à l'automne 2025. La crise au sein de l'actuel gouvernement s'est cristallisée autour de la demande du ministre des Finances à ses homologues d'économiser quelque 30 milliards d'euros pour l'an prochain.
Les écologistes et de nombreux responsables du parti social-démocrate du chancelier ont de leur côté plaidé pour laisser filer les déficits pour relancer l'économie et financer le réarmement du pays face à la menace russe, via une nouvelle suspension du «frein à l'endettement». Ce plafond, inscrit dans la Constitution, impose de limiter le recours à l'emprunt.
Il a été levé lors des années de crise liées au Covid-19 puis à la guerre russe en Ukraine. Mais les Libéraux, très stricts sur les questions budgétaires, ne veulent plus en entendre parler désormais et réclament le retour à la rigueur, avec des coupes dans les dépenses sociales.
Le ministre des Finances a obtenu gain de cause sur ce point, a indiqué la source proche de la coalition. Ce frein ne permet pour l'an prochain qu'un déficit budgétaire fédéral de l'ordre de 24 milliards d'euros.
Déception pour la défense
A l'inverse les Verts et plusieurs dirigeants sociaux-démocrates ont jugé en l'état qu'une politique de rigueur s'accordait mal avec une conjoncture morose, marquée par une croissance à la traîne des grandes nations industrielles, et les besoins de moderniser l'armée.
Selon la presse allemande, le ministère de la Défense n'obtient au final qu'une faible hausse de son budget, très inférieure à ce qu'il réclamait. Le gouvernement avait prévu d'adopter le projet de budget pour 2025 lors du conseil des ministres du 3 juillet. La date du 17 juillet est désormais avancée, avant un examen par le Parlement à l'automne.
L'adoption du budget 2024 avait déjà donné lieu à une crise entre les partenaires de coalition, contribuant à l'impopularité du gouvernement. En novembre, la cour constitutionnelle de Karlsruhe avait rejeté, toujours au nom du frein à l'endettement, l'utilisation dans le budget fédéral de 60 milliards d'euros de crédits d'investissement non utilisés et provenant d'un fond spécial.
Ce revers judiciaire avait contraint le gouvernement à geler les dépenses pour le reste de l'année 2023 et à appliquer un budget provisoire pour 2024 jusqu'en février et l'adoption du texte définitif.