Le président ukrainien a plaidé mercredi avec force par vidéo devant l'assemblée générale de l'ONU pour un «juste châtiment» contre la Russie. Il a aussi réclamé la mise en place d'un tribunal spécial et d'un fonds de compensation pour les victimes.
La décision de lancer l'opération militaire spéciale, comme le qualifie Moscou, était "inévitable", a affirmé Sergeï Lavrov.
Personnes marchant dans une rue de Lugansk devant une affiche proclamant "Notre choix - la Russie".
Moscou prépare une annexion, des Russes fuient la mobilisation - Gallery
La décision de lancer l'opération militaire spéciale, comme le qualifie Moscou, était "inévitable", a affirmé Sergeï Lavrov.
Personnes marchant dans une rue de Lugansk devant une affiche proclamant "Notre choix - la Russie".
«Un crime a été commis contre l'Ukraine et nous réclamons un juste châtiment», a martelé Volodymyr Zelensky. «Châtiment pour avoir essayé de voler notre territoire, châtiment pour les meurtres de milliers de personnes, châtiment pour la torture et l'humiliation des femmes et des hommes», a-t-il ajouté, répétant encore et encore ce mot de «châtiment».
Vêtu de son habituel T-shirt kaki, le président ukrainien a aussi appelé l'ONU à priver la Russie de son droit de veto au Conseil de sécurité.
«Nous sommes prêts pour la paix. Mais une paix honnête et juste», a-t-il poursuivi, listant les ingrédients de sa «recette» pour la paix, du «châtiment» à la restauration de l'intégrité territoriale en passant par des «garanties de sécurité».
Applaudissements
«Le monde est de notre côté», a-t-il affirmé lors de ce discours de plus de 20 minutes, accueilli par les applaudissements de nombreux délégués, pour certains debout dans la salle à New York.
Quelques heures plus tôt à la tribune de l'ONU, le président américain Joe Biden a lui aussi attaqué frontalement la Russie qui a annoncé la mobilisation de centaines de milliers de réservistes et brandi la menace d'un recours à l'arme nucléaire. «Cette guerre anéantit le droit de l'Ukraine à exister, tout simplement», a lâché M. Biden.
La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, «a violé de manière éhontée les principes de la charte des Nations unies» en s'emparant de parties du territoire de son voisin, a-t-il fustigé.
L'UE, qui a également dénoncé «avec force l'escalade de la Russie», examine de son côté de nouvelles sanctions contre Moscou, a indiqué le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell à l'issue d'une réunion d'urgence des ministres des affaires étrangères à New York mercredi soir.
Déclaration sur le nucléaire
Un peu plus tôt, une rencontre consacrée à la sûreté et à la sécurité des installations civiles nucléaires en temps de conflit armés a débouché par la dénonciation de la «militarisation» par la Russie de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia.
Une déclaration a été signée par les ministres des affaires étrangères d'Allemagne, du Canada, de France, d'Italie, du Royaume-Uni et d'Ukraine ainsi que les représentants de Corée du sud, des Etats-Unis et de la Suisse.
La situation dans cette centrale «se dégrade encore», a averti mercredi le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi. «On ne peut pas se permettre le luxe d'attendre que quelque chose de catastrophique se produise», a-t-il ajouté. Les autorités ukrainiennes ont accusé Moscou d'avoir à nouveau bombardé mercredi le site de la centrale de Zaporijjia.
Ouvrant une nouvelle journée encore une fois dominée par l'Ukraine, le Conseil de sécurité doit se réunir jeudi au niveau des ministres des affaires étrangères pour évoquer l'"impunité des crimes» qui y sont commis, a expliqué la Française Catherine Colonna qui présidera la réunion. Le procureur de la Cour pénale internationale doit également s'exprimer.
Echanges de prisonniers
Mercredi, l'Ukraine et la Russie ont procédé à un échange de prisonniers militaires, le plus important depuis le début de l'offensive russe à la fin février. «Nous avons réussi à libérer 215 personnes», a déclaré à la télévision le chef de l'administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak.
Kiev a notamment récupéré 188 «héros» ayant défendu l'aciérie Azovstal à Marioupol, dont 108 membres du régiment Azov. Cinq commandants militaires, dont des chefs de la défense d'Azovstal, ont été transférés en Turquie, a souligné le président ukrainien.
Ils resteront dans ce pays «en sécurité absolue et dans des conditions confortables» jusqu'«à la fin de la guerre» au terme d'un accord avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, selon le chef de l'Etat ukrainien.
La Russie a, elle, récupéré 55 prisonniers dont l'ex-député Viktor Medvedtchouk, un proche du président russe Vladimir Poutine, accusé de haute trahison en Ukraine, a précisé M. Zelensky dans son adresse quotidienne.
Dix prisonniers de guerre, y compris cinq Britanniques et deux Américains, transférés en Arabie saoudite, font partie de cet échange, a-t-il relevé.
Cette annonce intervient quelques heures après l'ordre de mobilisation partielle de réservistes donnée par Vladimir Poutine, qui a provoqué des manifestations improvisées dans au moins 38 villes de Russie et l'arrestation d'au moins 1332 personnes. Selon le ministre russe de la défense Sergueï Choïgou, 300'000 réservistes sont concernés dans un premier temps par la mesure.