Tensions au Moyen-Orient Les Américains visés en Irak

ATS

4.1.2020 - 22:15

Des dizaines de milliers d'Irakiens ont participé aux obsèques du puissant général iranien Qassem Soleimani.
Des dizaines de milliers d'Irakiens ont participé aux obsèques du puissant général iranien Qassem Soleimani.
Source: KEYSTONE/AP/EN

Les factions pro-Iran en Irak font monter la pression samedi sur les bases abritant des soldats américains au Moyen-Orient. La journée a été marquée par des défilés monstres pour les funérailles du général iranien Qassem Soleimani tué à Bagdad par les Américains.

En soirée a débuté ce qui pourrait être le début de l'escalade tant redoutée depuis le raid qui a pulvérisé vendredi le convoi de Soleimani et d'Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de combattants pro-Iran désormais intégrés aux forces de sécurité irakiennes.

Des roquettes et obus de mortier se sont abattus quasi-simultanément dans la Zone verte de Bagdad, où se trouve l'ambassade américaine, et sur une base militaire plus au nord, où sont déployés des soldats américains. Ces attaques n'ont pas fait de victimes.

Nouveau raid américain

«Guerre directe»

«Les Etats-Unis attaquent directement un général iranien et des groupes combattent désormais ouvertement au service de l'Iran pour venger ce général: ce n'est plus une guerre par procuration, c'est une guerre directe», affirme Erica Gaston, chercheuse à la New America Foundation.

Après les attaques de samedi soir, les brigades du Hezbollah, la faction la plus radicale du Hachd, ont appelé les forces de sécurité irakiennes à s'éloigner «d'au moins 1000 mètres» des bases irakiennes où sont présents les soldats américains, à partir de dimanche à 17h00 (15h00 en Suisse).

Plus tôt dans la journée, le Parlement doit tenir une séance extraordinaire. Il pourrait voter l'expulsion des 5200 militaires américains déployés en Irak.

L'Otan a déjà suspendu ses opérations en Irak et la coalition antidjihadistes emmenée par les Etats-Unis les a réduites tout en renforçant la sécurité des bases où sont les Américains. Washington a déjà annoncé le déploiement de 3000 à 3500 soldats supplémentaires dans la région. En soirée, des drones survolaient la base K1 de Kirkouk où sont postés des Américains, de même que celle de Balad, également au nord de Bagdad, selon des sources sur place.

Appels à la «vengeance»

Samedi, les appels à la «vengeance» ont fusé au milieu des drapeaux américains en feu et des cris de «Mort à l'Amérique» dans des défilés de dizaines de milliers d'Iraniens en pleurs à Téhéran, ou d'Irakiens en noir et se frappant la poitrine en signe de deuil à Bagdad, Kerbala et Najaf, deux villes saintes au sud de la capitale.

En présence du Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi et de hauts commandants du Hachd, ils ont accompagné dans la Zone verte ultrasécurisée les cercueils des dix hommes tués vendredi par un drone américain près de l'aéroport de Bagdad. Devant celui de Mouhandis, Hadi al-Ameri, patron des députés pro-Iran au Parlement, a lancé: «Sois-en sûr, le prix de ton sang sera le départ des troupes américaines d'Irak».

L'assassinat de Soleimani a créé un consensus rare contre les Etats-Unis dans un Irak secoué depuis des mois par une révolte contre le pouvoir et la mainmise de l'Iran. Parce que Washington a «violé la souveraineté de l'Irak», selon les mots des plus hauts dirigeants, le Hachd a appelé ses combattants à se «tenir prêts» et le leader chiite irakien Moqtada Sadr a réactivé sa milice dissoute après avoir harcelé l'occupant américain en Irak (2003-2011).

Les Etats-Unis tuent un général iranien

Message transmis par la Suisse

Depuis l'assassinat de Soleimani il y a près de 48 heures, la communauté internationale redoute la déflagration. Moscou et Paris ont appelé à ne pas «aggraver sérieusement la situation» au Moyen-Orient.

Justifiant l'ordre de tuer Soleimani, le président américain Donald Trump a assuré qu'il préparait des attaques «imminentes» contre diplomates et militaires américains. L'ambassadeur iranien à l'ONU Majid Takht Ravanchi a lui dénoncé un «acte de guerre» appelant une réponse «militaire».

L'Iran a aussi annoncé avoir retoqué un appel américain «ridicule». Dans un message transmis par la Suisse qui représente les intérêts des Etats-Unis en Iran en l'absence de relations diplomatiques entre les deux pays, Washington a dit à Téhéran: «'si vous voulez vous venger, vengez-vous proportionnellement à ce que nous avons fait'«, a rapporté un haut dirigeant iranien. Malgré l'escalade verbale, le travail diplomatique en coulisses semble s'intensifier.

La Suisse appelle au calme

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