«Pas une option»Les derniers combattants refusent de se rendre
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8.5.2022 - 20:18
Les derniers combattants retranchés à Marioupol refusaient dimanche de se rendre malgré les frappes russes sur l'est de l'Ukraine, où une soixantaine de personnes sont portées disparues. Les pays du G7 se sont eux entendus pour ne plus importer de pétrole russe.
Keystone-SDA, bas
08.05.2022, 20:18
ATS
Le même jour, la Première dame des Etats-Unis Jill Biden a rencontré son homologue ukrainienne Olena Zelenska dans une école en Ukraine à proximité de la frontière avec la Slovaquie, où elle se trouvait cette semaine. «Je voulais venir pour la fête des mères. Je pensais qu'il était important de montrer au peuple ukrainien que cette guerre doit s'arrêter», a-t-elle lancé devant des journalistes.
Autres visites surprises, celle du Premier ministre canadien Justin Trudeau, qui est allé à Irpin, une localité de la banlieue de Kiev dévastée par les combats, et de la présidente du Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, Bärbel Bas, qui a également été près de la capitale ukrainienne, à Boutcha, théâtre d'atrocités sur des civils.
«Le G7 tout entier s'est engagé aujourd'hui à interdire ou supprimer progressivement les importations de pétrole russe», a pour sa part annoncé la Maison Blanche dans un communiqué.
Cette décision «va porter un coup dur à la principale artère irriguant l'économie de (Vladimir) Poutine et le priver des revenus dont il a besoin pour financer sa guerre», ont estimé les Etats-Unis, qui ont d'ores et déjà interdit l'achat d'hydrocarbures russes.
Au niveau de l'Union européenne, des négociations se poursuivront «en début de semaine» entre Etats membres pour lever les obstacles au projet d'embargo européen sur le pétrole russe, freiné par la Hongrie.
Sur un plan plus symbolique, le chanteur irlandais Bono a donné un concert dans le métro de Kiev, estimant que les Ukrainiens se battaient «pour nous tous qui aimons la liberté».
Une école abritant des réfugiés détruite
À la veille de la commémoration à Moscou de la victoire contre l'Allemagne nazie, les militaires ukrainiens qui résistent toujours dans l'immense aciérie Azovstal ont annoncé qu'ils excluaient de «capituler». Car «notre vie n'intéresse pas la Russie. Nous laisser en vie ne lui importe pas», a déclaré Ilya Samoïlenko, un officier du renseignement.
Dans la région de Lougansk, environ 60 personnes sont portées disparues après qu'une frappe aérienne a «complètement» soufflé l'école du village de Bilogorivka, où elles s'étaient réfugiées, a déclaré dimanche son gouverneur Serguiï Gaïdaï.
«L'ennemi ne cesse pas ses opérations offensives (...) afin d'établir un contrôle total sur les régions de Donetsk, de Lougansk et de Kherson et de maintenir le couloir terrestre entre ces territoires et la Crimée occupée» depuis 2014, a averti l'état-major de l'armée ukrainienne.
Il a précisé que dans la région de Donetsk, les troupes russes avaient poursuivi leurs attaques autour de Lyman, Popasniansky, Severodonetsk et Avdiivka. «Rien qu'à Severodonetsk, il y a eu des dizaines de frappes et un hôpital a aussi été touché», a souligné le gouverneur de la région de Lougansk.
La ville de Popasna est désormais en ruines et les militaires ukrainiens s'en sont retirés pour occuper de «meilleures positions», a ajouté Serguiï Gaïdaï.
Côté russe, le ministère de la Défense a revendiqué dimanche la destruction du «poste de commandement d'une brigade mécanisée», dans la région de Kharkiv (nord-est), de même que du «centre de communication de l'aérodrome militaire de Chervonoglinskoye», dans le sud-ouest.
Les autorités ukrainiennes mettent en garde depuis plusieurs jours contre une intensification possible des actions offensives russes à l'approche des célébrations du 9 mai.
«Le mal est de retour»
Le «mal est de retour» en Europe, «dans un uniforme différent, sous des slogans différents, mais avec le même objectif», s'est exclamé dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky, comparant l'invasion de son pays par la Russie à l'agression des Etats européens par l'Allemagne nazie, dans un discours de commémoration de la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe.
«Des décennies après (...), les ténèbres sont retombées sur l'Ukraine», a-t-il dit dans un enregistrement vidéo où il est filmé devant des immeubles d'habitation détruits.
À Marioupol, après moult appels et vaines tentatives ces dernières semaines, «nous avons évacué les civils d'Azovstal», avait lancé la veille au soir M. Zelensky, citant le nombre de 300 personnes exfiltrées. «Nous préparons désormais la seconde phase (...): les blessés et le personnel médical».
Selon Ievguenia Tytarenko, une infirmière militaire dont le mari, membre du régiment Azov, est toujours l'usine Azovstal, «de nombreux soldats sont dans un état grave. Ils sont blessés et n'ont pas de médicaments». «La nourriture et l'eau manquent aussi».
«Nos unités dans la zone de l'usine d'Azovstal continuent d'être bloquées», a relevé dimanche l'état-major ukrainien, évoquant des «opérations d'assaut russes» avec «le soutien de l'artillerie et des tirs de chars».
«La victoire sera à nous»
Le président Poutine a assuré dimanche que «comme en 1945, la victoire sera à nous», multipliant les comparaisons entre la Deuxième Guerre mondiale et le conflit en Ukraine dans ses voeux du 8 mai.
La Russie n'a toutefois jusqu'à présent pu revendiquer le contrôle complet que d'une ville d'importance, Kherson. Ses habitants pourront d'ailleurs obtenir des passeports russes dès cette année, a révélé Kirill Stremoussov, le «vice-président de l'administration militaro-civile de la région».
Dans le port de commerce de Marioupol, «les travaux battent leur plein», mais «il reste encore beaucoup à faire», a de son côté dit Denis Pouchiline, le chef de la «République de Donetsk» autoproclamée par les séparatistes prorusses. «Nous prévoyons une reconstruction à grande échelle en très peu de temps», a-t-il ajouté.
Les actions de Vladimir Poutine en Ukraine «couvrent la Russie et les sacrifices historiques de son peuple (pendant la Deuxième Guerre mondiale) de honte», se sont pour leur part indignés dimanche les pays du G7.
Au cours d'une réunion virtuelle à laquelle a participé le président Zelensky, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Allemagne, du Canada, des Etats-Unis, de la France, de l'Italie, du Japon et du Royaume-Uni lui ont «répété (leur) engagement à prendre de nouvelles mesures pour aider l'Ukraine à s'assurer un avenir libre et démocratique», ainsi qu'à «se défendre et repousser de futurs actes d'agression».