France Macron continue son grand débat en Corse

ATS

4.4.2019 - 19:36

Emmanuel Macron s'est exprimé devant 160 maires de Corse, en l'absence notable des responsables nationalistes, qui boycottent la visite du président français.
Emmanuel Macron s'est exprimé devant 160 maires de Corse, en l'absence notable des responsables nationalistes, qui boycottent la visite du président français.
Source: KEYSTONE/EPA CRYSTAL PICTURES/OLIVIER SANCHEZ

«Les Corses méritent mieux que des guerres de tranchées», a affirmé jeudi Emmanuel Macron. Il a critiqué, lors de son ultime déplacement dans le cadre du grand débat, «les postures» des nationalistes qui ont boycotté ses échanges avec des élus insulaires.

Arrivé dans l'île dans un climat tendu, le président français y clôt le tour de France du grand débat qu'il a lancé le 15 janvier face à la crise des «gilets jaunes». Sa visite dans l'île a donné lieu à un mouvement de mécontentement «île morte» à l'appel de mouvements nationalistes et soutenu par des syndicats. Quelque 200 personnes ont manifesté à Ajaccio avant d'être dispersées par une forte pluie.

A Cozzano, un village de montagne à une heure d'Ajaccio, quelque 160 maires, sur les 360 de l'île, avaient répondu présent pour échanger avec Emmanuel Macron des sujets traditionnels du grand débat comme la place des services publics ou les retraites.

«La fierté des Corses»

Mais très vite le débat a porté sur la Corse, ses singularités et ses relations historiquement conflictuelles avec l'Etat. «La fierté des Corses me rend fier aussi. J'aime cette histoire», a déclaré le président, en reconnaissant qu'«à chaque fois qu'on a voulu nier sa singularité», la violence a repris.

Il est ensuite vite passé à l'offensive. «L'avenir de la Corse est dans l'ouverture, pas dans le repli», a-t-il affirmé. Et «les Corses méritent mieux que des guerres de tranchées ou de position», a-t-il ajouté dans une critique implicite de l'attitude des nationalistes.

Frustrés de ne pas obtenir d'avancées sur leur demande d'une autonomie plus large, les deux hommes forts de l'île, le président autonomiste du conseil exécutif Gilles Simeoni et celui, indépendantiste, de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni avaient refusé de venir à Cozzano.

A la place, ils avaient «invité» mercredi Emmanuel Macron à venir les rencontrer à l'Assemblée de Corse. «Je ne réponds pas en tant que président de la République à la convocation devant une assemblée territoriale ou alors c'est une perte de repères profonde», a répondu le chef de l'Etat.

Impatience

Une vague d'explosions a secoué l'île depuis trois semaines, la plus importante depuis 2012, sans revendication politique à ce stade, même si elle rappelle le mode opératoire de groupes clandestins nationalistes.

Présent à la manifestation devant la préfecture à Ajaccio, Jean-Guy Talamoni a pour sa part «regretté profondément» que «le dialogue ne s'ouvre pas» avec Emmanuel Macron. Mais «nous sommes persuadés que ce dialogue s'ouvrira parce qu'on ne peut pas imaginer régler le problème Corse autrement que par une discussion».

A l'approche de la fin du grand débat, l'opinion française s'impatiente, réclamant des réponses concrètes. La veille, devant 900 maires bretons, Emmanuel Macron a promis de répondre sans «reniement» ni «entêtement» aux souhaits des Français, un «en même temps» qui maintient le flou.

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