L'un est pro-européen et s'appuie sur l'expérience d'un quinquennat, l'autre veut restaurer la Nation et serait novice. En politique étrangère, tout oppose Emmanuel Macron et Marine Le Pen qui s'affronteront au second tour de la présidentielle.
La guerre en Ukraine, mais aussi la gestion de la pandémie de Covid-19, ont mis en exergue cette opposition frontale de conceptions entre le président sortant et la candidate d'extrême droite qui, si elle était élue le 24 avril, opèrerait un profond changement dans la diplomatie de la France, unique puissance nucléaire de l'Union européenne et membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU.
Depuis l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février, le chef de l'Etat s'est dépensé sans compter pour tenter de ramener la paix dans ce conflit qui a déjà fait des centaines de morts et jeté sur les routes des millions de réfugiés. Il a maintenu, par exemple, un canal de communication ouvert avec son homologue russe Vladimir Poutine avec qui il s'est entretenu à de multiples reprises, sans succès, sous le regard sceptique des Etats-Unis.
Pour sa part, Marine Le Pen est accusée par ses adversaires de complaisance avec la Russie de Poutine même si elle a condamné l'invasion sans équivoque. Elle soutient l'idée d'«arrimer la Russie à l'Europe» afin que ce pays «ne parte pas dans les bras de la Chine», comme elle le rappelait vendredi dernier sur franceinfo.
Le Pen contre tout embargo
Elle a noué des liens personnels avec la Russie et s'y était rendue lors de l'élection de 2017. La candidate a aussi cultivé des relations étroites avec les dirigeants dits populistes d'Europe centrale, dont Viktor Orban en Hongrie.
Si elle a respecté l'"effet drapeau», elle n'en a pas moins affiché de profondes divergences avec le président sortant notamment sur le rôle de l'Otan, dont elle veut, si elle est élue, sortir du commandement militaire intégré. Mme Le Pen a cependant indiqué qu'avec le conflit actuel cela ne pourrait se faire à court terme.
Le président Macron a pu déclarer l'an passé que l'Otan était en «mort cérébrale», mais il soutient l'Alliance atlantique. Mme Le Pen, en revanche, a dénoncé l'élargissement de l'Otan à l'Est.
Elle est contre tout embargo sur le gaz et le pétrole russe, afin de ne pas pénaliser le pouvoir d'achat des Français, et s'oppose à un armement offensif de l'Ukraine, ce qui est en ligne avec la position officielle de la France.
Europe, pilier central
Ni atlantiste ni multilatérale, Marine Le Pen axe toute sa diplomatie sur l'idée qu'il faut restaurer la suprématie de la France qui ne serait plus «respectée» dans le monde. Elle voit dans l'Europe un frein et souhaite, par exemple, renégocier les accords de Schengen afin de réinstaurer les contrôles aux frontières.
Le président sortant a, au contraire, fait de l'Europe le pilier central de sa diplomatie depuis cinq ans. Il plaide notamment pour le renforcement de l'Europe de la défense.
Pour cet adepte du multilatéralisme, l'Europe a joué un rôle crucial dans la gestion de la pandémie de Covid, notamment à travers un plan de relance de 750 milliards d'euros (près de 765 milliards de francs). Emmanuel Macron s'est aussi opposé au Brexit que Mme Le Pen a applaudi.
Par rapport à 2017, Mme Le Pen a abandonné l'idée d'une sortie de l'euro mais elle défend une Europe des nations plutôt que l'intégration. Sur d'autres dossiers, comme le Mali, les deux candidats sont également opposés. Mme Le Pen a dénoncé l'annonce mi-février du retrait des troupes françaises de ce pays parlant d'«humiliation» et d'"échec» de la politique française.