Manifestations en Suisse Manifestations en Suisse: la pression monte sur le Conseil fédéral

zc, ats

26.2.2022 - 18:58

La Suisse doit prendre de nouvelles mesures punitives à l'encontre de la Russie: l'appel à un durcissement des sanctions s'est fait entendre samedi lors de manifestations à Berne, Bâle, Bellinzone et Genève. Le Conseil fédéral entend prendre une décision.

Quelques centaines de personnes ont manifesté leur soutien à l'Ukraine samedi sur la place des Nations à Genève.
Quelques centaines de personnes ont manifesté leur soutien à l'Ukraine samedi sur la place des Nations à Genève.
KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

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A Berne, où 20'000 personnes se sont rassemblées selon les organisateurs, le Conseil fédéral a été sifflé parce qu'il ne voulait pas soutenir pleinement les sanctions de l'UE.

«Il est irresponsable que le Conseil fédéral ne gèle pas immédiatement les milliards en possession de la Russie», s'est exclamé le coprésident du Parti socialiste Cédric Wermuth. Des sanctions sévères telles que l'arrêt des importations de gaz et de pétrole russes et l'exclusion de la Russie du système de paiement Swift ont été réclamées par le chef des Verts Balthasar Glättli.

La Suisse, pas une base de repli

Lors d'une manifestation réunissant plusieurs centaines de personnes à Genève, des orateurs ont demandé que la Suisse ne serve pas de «base de repli» au président russe Vladimir Poutine et à ses soutiens. Quelque 2000 personnes ont aussi notamment manifesté à Bâle.

Au niveau politique, la pression sur Berne avait déjà augmenté vendredi. Un porte-parole de Bruxelles a déclaré que l'UE attendait des autres Etats qu'ils suivent les sanctions de l'UE contre la Russie ou adaptent leurs sanctions. Il a également cité explicitement la Suisse.

La majorité de la Commission des institutions politiques du Conseil national a également demandé des sanctions plus sévères. En tant que place financière importante pour les entreprises russes, la Suisse doit prendre ses responsabilités. Tous les partis, à l'exception de l'UDC, ont également soutenu des mesures drastiques contre Moscou.

Situation «analysée en permanence»

Entre-temps, le Conseil fédéral envisage des mesures contre le locataire du Kremlin et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Selon le Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR), il veut prendre une décision «le plus rapidement possible».

Selon le DEFR, on ne savait pas encore samedi s'il y aurait d'autres adaptations aux sanctions déjà existantes: «La situation est analysée en permanence», a-t-on indiqué.

Vendredi, la Suisse avait repris en partie directement les premières sanctions contre la Russie décrétées par l'UE. 363 personnes et 4 entreprises sont concernées.

L'UE a mis en place de nouvelles sanctions dans la nuit de vendredi à samedi. Celles-ci visent à causer des dommages importants à la Russie et à son économie. Elle a en outre ajouté MM. Poutine et Lavrov à sa liste de sanctions.

La Suisse, solidaire avec l'Ukraine

La Suisse officielle a de nouveau condamné samedi l'intervention militaire russe en Ukraine, et ce «avec la plus grande fermeté», selon le président de la Confédération Ignazio Cassis.

Le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) s'est entretenu samedi au téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui l'a remercié sur Twitter pour l'assurance d'une aide concrète après plusieurs «appels de soutien».

«J'ai exprimé notre solidarité avec l'Ukraine et la population ukrainienne en ces heures sombres», a déclaré M. Cassis sur Twitter. Le DFAE n'a pas donné d'autres informations sur le contenu ou la durée de l'entretien.

Accueillir au moins 10'000 personnes

Pour les manifestants qui ont défilé samedi à Berne, le Conseil fédéral doit prendre dès maintenant des dispositions pour accueillir au moins 10'000 personnes en quête de protection en provenance d'Ukraine.

«Accueillons à bras ouverts toutes les personnes en quête de protection», a déclaré Julia Küng, coprésidente des Jeunes Verts. «Il est important de ne pas parler de géopolitique et de blocs de pouvoir, mais de parler des gens», a souligné la journaliste Anna Jikhareva. «Nous devons mettre leur perspective au centre et faire tout notre possible pour les aider».