Cameroun Manifestations interdites à Yaoundé

ATS

31.1.2019 - 15:59

Paul Biya a été réélu pour un septième mandat consécutif avec 71,2% des voix (archives).
Paul Biya a été réélu pour un septième mandat consécutif avec 71,2% des voix (archives).
Source: KEYSTONE/AP/SUNDAY ALAMBA

Les autorités camerounaises ont interdit jeudi des manifestations prévues à Yaoundé. Une vague de marches non autorisées contre la réélection de Paul Biya avait amené à l'arrestation du principal opposant, Maurice Kamto.

«Les marches de revendication, de protestation et de désapprobation projetées (à) Yaoundé les 1er, 2, 8 et 9 février (...) sont interdites pour des nécessités de préservation de l'ordre public», a écrit dans un communiqué le préfet du département du Mfoundi (dont fait partie Yaoundé), Jean-Claude Tsila.

«Le préfet demande par conséquent à tous les organisateurs de ces marches de bien vouloir renoncer à leurs projets», selon le communiqué, lu à la radio d'Etat.

Le 1er était prévue une marche «en réplique aux manifestations illégales organisées par un parti d'opposition (MRC)», organisée par un collectif peu connu. Le 2 et le 9, des marches du MRC étaient prévues.

Opposant arrêté

Le leader du parti et principal opposant depuis la présidentielle où il est arrivé deuxième, Maurice Kamto, a été arrêté lundi, deux jours après une vague de manifestations du MRC non autorisées dans plusieurs villes du Cameroun.

Détenu au Groupement spécial d'opérations (GSO, unité d'élite de la police), il va faire l'objet d'une enquête pour huit infractions qui lui sont imputées, dont la «rébellion» et l'"incitation à l'insurrection», ont indiqué ses avocats dans la nuit de mercredi à jeudi. Parmi les autres infractions imputées à Maurice Kamto figurent «l'attroupement», «l'hostilité à la patrie», «le trouble à l'ordre public, l'association de malfaiteurs».

Depuis samedi et les manifestations du MRC, le Conseil national de la Communication (CNC) a noté une montée des «appels à la sédition ou d'incitations à la haine tribale» dans les médias et sur les réseaux sociaux, selon un communiqué du président du CNC Peter Essoka jeudi.

Le CNC «appelle l'ensemble des acteurs du secteur médiatique à faire preuve de professionnalisme et de responsabilité dans la collecte, le traitement et la diffusion des informations destinées à l'opinion publique».

«Confiance» dans la justice

Lors du point de presse, le parti de Maurice Kamto, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a démenti avoir organisé samedi des manifestations à l'étranger durant lesquelles plusieurs ambassades en Europe ont été saccagées par des manifestants.

«Kamto dénonce ce vandalisme des représentations diplomatiques, il n'a jamais envoyé qui que ce soit casser quoi que ce soit», a affirmé Me Souop. M. Kamto, ancien ministre de la Justice de Paul Biya, «fait confiance à la justice du Cameroun», a conclu son avocat.

Maurice Kamto et plusieurs cadres de son parti avaient été arrêtés lundi soir à Douala et Yaoundé, deux jours après qu'une centaine de militants du parti, selon les autorités, eurent été interpellés samedi lors de marches non autorisées.

Deux journalistes camerounais ont aussi été interpellés lundi soir. Un troisième a été agressé à coups de couteau jeudi alors qu'il sortait de sa maison.

Depuis l'annonce des résultats de la présidentielle, fin octobre, plusieurs manifestations non autorisées ont été organisées par le MRC contre ce qu'il qualifie de «hold-up électoral». Selon les résultats du Conseil constitutionnel, l'ex-candidat du MRC est arrivé deuxième (14,23% des suffrages) derrière Paul Biya, réélu pour un septième mandat consécutif avec 71,2% des voix.

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