PakistanPakistan: Premier ministre critiqué pour avoir lié viol et manière de s'habiller
ATS
7.4.2021 - 16:37
Le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, a déclenché la polémique dans son pays. Il s'est vu taxer d'ignorance pour avoir établi un lien entre le viol et la manière dont les femmes s'habillent.
07.04.2021, 16:37
07.04.2021, 16:41
ATS
Dans une interview télévisée ce weekend, l'ancien champion de cricket a estimé que les cas de viols avaient «rapidement augmenté» dans le monde moderne, y voyant une conséquence normale «dans toute société où la vulgarité est en hausse».
Il a ensuite expliqué que la raison pour laquelle les femmes se voilent dans l'islam est de se soustraire à la tentation. «Le concept même de 'purdah' est d'éviter la tentation, tout le monde n'a pas la volonté pour s'en écarter», a-t-il déclaré.
Le terme de «purdah» renvoie à la stricte séparation des sexes et à l'obligation de pudeur faite aux femmes dans certaines communautés musulmanes ou hindouistes.
Violeur seul fautif
Des centaines de personnes ont signé une pétition en ligne circulant mercredi qui condamne des propos «factuellement incorrects, blessants et dangereux». «La faute repose uniquement sur le violeur et le système qui favorise le violeur, y compris la culture encouragée par des déclarations telles que celles (de M. Khan)», ajoute ce texte.
La Commission pakistanaise des droits humains, un organe indépendant, s'est dite mercredi «consternée» par les propos du Premier ministre. Elle y a vu une «ignorance déconcertante» des motivations du viol et estimé que cela avait pour effet «de faire porter la responsabilité sur les rescapés de viol».
Adulé dans son pays pour avoir permis au Pakistan de remporter son unique coupe du monde de cricket en 1992, Imran Khan entretenait pendant sa carrière une réputation de playboy aux nombreuses conquêtes féminines.
Mais après son entrée en politique en 1996, il a commencé à afficher un visage beaucoup plus conservateur et pieux, apparaissant souvent avec le «tasbih», le chapelet musulman, à la main.
Code patriarcal
Une grande partie du Pakistan vit sous un code patriarcal, basé sur la notion d'"honneur» qui systématise l'oppression des femmes. Les victimes d'abus sexuels sont souvent stigmatisées. Les viols sont rarement déclarés et les enquêtes régulièrement bâclées.
Selon les chiffres officiels, seulement 0,3% des cas de viols au Pakistan débouchent sur une condamnation. Certains signes montrent toutefois que le mécontentement gagne du terrain face à la manière dont les cas d'abus sexuels sont traités.
Le viol en septembre d'une mère par les membres d'un gang devant ses enfants à côté d'une autoroute avait provoqué un vif émoi, avec des manifestations dans tout le pays.