Comme le pape François dimanche dernier, le patriarche Kirill a célébré une messe à huis clos pour la Pâque orthodoxe.
Prêtres et fidèles participent à une procession au Bélarus.
Pâque orthodoxe bouleversée par le Covid-19
Comme le pape François dimanche dernier, le patriarche Kirill a célébré une messe à huis clos pour la Pâque orthodoxe.
Prêtres et fidèles participent à une procession au Bélarus.
Plus de 260 millions de chrétiens orthodoxes ont célébré dimanche Pâques dans des conditions exceptionnelles. Les autorités les avaient globalement invités à rester chez eux pour limiter la propagation du coronavirus, même si des rassemblements ont été maintenus.
Il y a une semaine, les célébrations pascales chez les catholiques et les protestants avaient donné lieu à des scènes ahurissantes de lieux de culte quasi-déserts. Ce dimanche, les orthodoxes ont eux aussi vécu dans l'ensemble une Pâque confinée, même si dans certains pays les traditions sont passées avant les règles de distanciation.
Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, qui conteste activement la gravité de l'épidémie, s'est ainsi rendu dans une chapelle à la campagne. «Je n'approuve pas ceux qui ont fermé aux gens la voie vers l'église», a-t-il déclaré, cité par l'agence étatique Belta.
«Une vraie sérénité»
En Géorgie, plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées lors d'une messe de minuit dans une cathédrale de Tbilissi. «J'aurais pu rester à la maison et regarder la messe à la télé, mais dans cette église je trouve une vraie sérénité», a confié à l'AFP une fidèle de 58 ans.
En Ukraine, l'Eglise orthodoxe rattachée au Patriarcat de Moscou avait encouragé les fidèles à se réunir même si très peu d'entre eux l'ont fait à Kiev, a constaté un journaliste de l'AFP. Cette Eglise est pleinement touchée par l'épidémie, l'un de ses monastères dans la capitale ukrainienne étant devenu un foyer de la maladie avec près de 140 contaminations et la mort de trois moines.
Messe à huis clos
En Russie, Kirill, le chef du Patriarcat de Moscou, qui revendique 150 millions de fidèles, a assuré une messe à huis clos dans la principale cathédrale de la capitale. «Cette terrible maladie a touché nos gens», a-t-il affirmé lors d'un prêche télévisé, mais «nous sommes ensemble: une grande famille de fidèles orthodoxes».
Pour l'exemple, le président russe Vladimir Poutine a fêté Pâques dans une petite chapelle de sa résidence officielle. «Cette année, les célébrations ont lieu avec des restrictions forcées», a-t-il regretté dans une vidéo, assis à une table décorée de gâteaux. De nombreux lieux de culte sont toutefois restés ouverts dans des dizaines de régions de Russie, qui compte 42'853 cas de coronavirus, dont 361 mortels.
Le Patriarcat œcuménique de Constantinople, en Turquie, avait ordonné que les offices soient fermés au public et retransmis sur internet. Même situation à Chypre, en Grèce, en Serbie, en Macédoine du Nord ou encore en Egypte pour les plus de dix millions de coptes orthodoxes.
La Vieille Ville de Jérusalem, généralement bondée pour les célébrations de Pâques, était quasiment déserte ce week-end, en raison des mesures de confinement.
Rappel des heures sombres
Au Liban, où vivent plusieurs communautés orthodoxes, les églises étaient fermées et les rues désertes. «C'est la première fois de ma vie que je vis un dimanche pascal pareil. Ni cérémonie religieuse, ni déjeuner en famille», a déploré Afaf, 76 ans, vivant au nord de Beyrouth.
Pour certains, ces célébrations ont rappelé des heures sombres. «Ces Pâques ressemblent à celles de la dictature quand on s'enfermait chez nous. On fermait les portes et fenêtres pour allumer une cierge de peur de finir en prison», a expliqué une femme de 72 ans vivant en Albanie, où la religion était interdite pendant la période communiste.
En Roumanie, les églises étaient elles aussi inaccessibles mais des volontaires et des prêtres ont fait du porte-à-porte pour distribuer du pain bénit et le feu sacré, symboles de la Pâque orthodoxe.
En Bulgarie, les lieux de culte étaient ouverts mais quasiment vides. Les fidèles s'y hasardant devaient porter un masque et conserver les distances de sécurité. Comme Dimitri Goldman, 46 ans, rencontré lors de la messe de minuit à la cathédrale Alexandre Nevski de Sofia. Lui priait «pour que l'on surmonte cette crise».
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