Plus de 800 personnes ont été interpellées samedi lors d'une nouvelle manifestation pour des élections libres à Moscou. Les autorités ont accentué leur pression sur l'opposition en lançant une enquête pour «blanchiment» contre l'organisation d'Alexeï Navalny.
Selon l'ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des arrestations, quelque 828 personnes, dont des journalistes, ont été interpellés par la police lors de cette manifestation non autorisée, qui réclamait l'ouverture des élections locales du 8 septembre aux candidats de l'opposition.
Ces arrestations font suite à une autre action de protestation réprimée le week-end dernier, qui s'est soldée par près de 1400 arrestations. Du jamais vu depuis le retour en 2012 au Kremlin du président Vladimir Poutine, qui ne commente qu'à de très rares occasions les actions de l'opposition.
Mobilisation sans leader
Selon la police, 1500 personnes ont participé au rassemblement. Selon des journalistes de l'AFP, qui ont assisté à des dizaines d'interpellations, le nombre des manifestants était plus élevé. La manifestation se déroulait sans leader puisque la quasi totalité des meneurs de la contestation ont été emprisonnés depuis les protestations du weekend dernier.
Dernière opposante d'envergure encore en liberté, Lioubov Sobol, une avocate de 31 ans, a été interpellée quelques minutes avant le début de la manifestation, avant d'être relâchée. Elle a été frappée d'une amende de 300'000 roubles (4500 francs) pour participation à un rassemblement le 15 juillet et était soumise à un interrogatoire dans la soirée, selon ses proches.
«Les autorités font tout ce qu'elles peuvent pour essayer d'intimider l'opposition, pour s'assurer que les gens ne sortent pas dans la rue pour protester pacifiquement», a-t-elle déclaré avant son arrestation. En grève de la faim depuis trois semaines, elle a jusqu'ici échappé à la prison du fait qu'elle a un enfant en bas âge.
Amnesty International a condamné un «usage non nécessaire et excessif de la force» ainsi que des tentatives «non fondées» de présenter des manifestations pacifiques comme une insurrection.
L'organisation de Navalny visée
Resserrant l'étau autour du principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, la justice russe a par ailleurs annoncé samedi l'ouverture d'une enquête pour «blanchiment» contre son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption, à l'origine de nombreuses enquêtes sur le train de vie et les combines des élites.
Dans sa dernière enquête diffusée jeudi, M. Navalny a accusé l'adjointe du maire de Moscou Natalia Sergounina d'avoir détourné des milliards de roubles d'argent public dans la gestion du parc immobilier de la mairie.
Absent des dernières manifestations, Alexeï Navalny purge actuellement une peine de 30 jours de prison. Hospitalisé le week-end dernier pour une «grave réaction allergique» avant d'être renvoyé en cellule, il a saisi la justice pour un possible «empoisonnement».
La plupart de ses alliés et des autres meneurs de la contestation ont eux aussi écopé de courtes peines de détention, comme plusieurs candidats de l'opposition refoulés des élections locales de septembre tels qu'Ilia Iachine, Ivan Jdanov et Dmitri Goudkov.
«Troubles massifs»
La justice a également inculpé plusieurs personnes dans le cadre d'une enquête pour «troubles massifs», une accusation lourde qui fait planer la menace de peines allant jusqu'à quinze ans de prison. Cinq d'entre elles, dont des avocats travaillant pour des ONG de défense des droits civiques, ont été placés en détention provisoire vendredi dans l'attente de leurs procès.
La contestation a démarré après le rejet des candidatures indépendantes aux élections locales du 8 septembre, qui s'annoncent difficiles pour les candidats soutenant le pouvoir dans un contexte de grogne sociale.
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