«Chair à canon» Quel sort le groupe Wagner réserve-t-il aux détenus russes?

toko

27.1.2023

L'impitoyable équipe de Wagner mise essentiellement sur les détenus des prisons russes surpeuplées pour enrichir ses rangs. Mais la nouvelle se répand que seule la mort les attend.

Une peinture murale barbouillée représentant des mercenaires du groupe russe Wagner à Belgrade avec l'inscription : «Groupe Wagner - Chevaliers russes».
Une peinture murale barbouillée représentant des mercenaires du groupe russe Wagner à Belgrade avec l'inscription : «Groupe Wagner - Chevaliers russes».
KEYSTONE

toko

Depuis le début de l'attaque russe contre l'Ukraine, la troupe de mercenaires Wagner et son chef Evguéni Prigojine prennent de plus en plus d'importance. Même si le «cuisinier de Poutine» a récemment dû essuyer un revers de la part de son chef, il tient fermement en main son armée privée.

Le groupe Wagner ne fait pas seulement parler de lui pour ses méthodes cruelles et sans scrupules. La notion de mercenaire y est également interprétée de manière extrêmement large. En effet, la troupe impitoyable mise avant tout sur des détenus qui veulent échapper à la triste réalité des prisons russes. 

Le front comme seule issue

Dans un reportage de l'émission «Echo der Zeit» de la radio SRF, Sergej Sawelew évoque les conditions déplorables dans les prisons surpeuplées de Russie - et comment le groupe de mercenaires Wagner en profite. Il a lui-même été incarcéré pendant huit ans pour des délits liés à la drogue.

Il peut donc comprendre pourquoi certains préfèrent risquer leur vie à la guerre plutôt que de rester en prison. «Là-bas, les gens vivent dans des conditions terribles, dans des cellules surpeuplées et sales, où ils sont battus et torturés», explique Savelew. Un avenir prétendument radieux au sein du groupe de mercenaires Wagner peut ainsi apparaître comme la seule issue possible.

Faire miroiter grâce et fortune

L'homme de 33 ans gère la hotline de l'organisation non gouvernementale russe Goulagu et parle quotidiennement avec des ex-détenus. C'est ainsi qu'il a appris que depuis l'été, des hommes «louches» se présentaient de plus en plus souvent dans les prisons pour vanter la vie de soldat. Les détenus se voient promettre une grâce au bout de six mois, une bonne solde et des indemnités élevées pour les familles en cas de décès au front.

Russie: le groupe Wagner présente des ex-détenus libérés pour avoir combattu en Ukraine

Russie: le groupe Wagner présente des ex-détenus libérés pour avoir combattu en Ukraine

Dans une vidéo non datée diffusée par l'agence de presse russe Ria Novosti, le chef du groupe paramilitaire Wagner présente un groupe d'ex-détenus recrutés en prison pour aller combattre en Ukraine et qui bénéficient d'une amnistie.

06.01.2023

C'est ainsi que la troupe Wagner a d'abord fait sortir des délinquants violents des centres de détention. Aujourd'hui, selon Savelew, tout le monde est pris, sans distinction. Certains détenus seraient également contraints de s'engager.

«En règle générale, ils sont de la chair à canon»

Savelew fait en outre état d'une cruauté à peine imaginable sur le front et se réfère non seulement à d'anciens soldats de Wagner et à leurs proches, mais aussi à des collaborateurs de la police et du système pénitentiaire russe.

Ses déclarations sont choquantes: «En règle générale, ils sont de la chair à canon». Il raconte comment les détenus sont envoyés dans des champs de mines et comment les tentatives de désertion sont généralement punies par une exécution immédiate.

«Pour les commandants, les détenus ne sont même pas de vrais êtres humains», dit-il. Seuls quelques-uns sont revenus de leur mission sur le front. Et le bruit se répand lentement dans les prisons que le service au front entraîne plutôt une condamnation à mort qu'une grâce.

80% de pertes

Toujours selon Savelew, la troupe Wagner trouve de moins en moins de recrues. C'est également ce qu'indiquent les estimations de l'organisation non gouvernementale russe indépendante Russia Behind Bars. Selon celle-ci, environ 80% des mercenaires engagés en Ukraine seraient soit morts, soit blessés, soit disparus.

Selon le gouvernement américain, environ 50 000 soldats combattent actuellement en Ukraine dans les rangs de l'armée privée, dont 10 000 mercenaires et 40 000 prisonniers. D'après les estimations de Russia Behind Bars, Wagner devrait désormais avoir recruté au total environ 50'000 détenus. Et selon sa directrice Olga Romanova, «le groupe Wagner a un gros problème avec les déserteurs». Certains d'entre eux retourneraient en Russie entièrement armés.

En décembre par exemple, l'un d'entre eux a ouvert le feu sur un poste de police à Rostov et a été arrêté. Olga Romanova pense qu'Evguéni Prigojine ne garde pas un œil sur les soldats disparus pour diverses raisons et les déclare morts au hasard. Cela pourrait également être la raison pour laquelle il a été surpris en train d'envoyer des cercueils en zinc vides aux familles des «morts de guerre» en Russie.

Les statistiques officielles russes sur les prisonniers montrent également l'importance des détenus en tant que ressource présumée pour la troupe de Wagner et l'armée de Poutine : le nombre de détenus a diminué de 8% entre août et novembre.